Au Brésil, la décriminalisation de l’avortement sur la table du Tribunal suprême

“Qui a le pouvoir sur la vie ?” s’interroge l’hebdomadaire Istoé en une de son édition du vendredi 29 septembre. Voilà une semaine que le Tribunal suprême fédéral a commencé à analyser un recours du Parti socialisme et liberté (PSOL, gauche) réclamant la fin de la criminalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) jusqu’à la douzième semaine.

Avant son départ à la retraite, le 30 septembre, la désormais ex-présidente du Tribunal, Rosa Weber, s’est prononcée en faveur de cette dépénalisation. Les dix autres juges de la plus haute juridiction du pays doivent voter lors d’une prochaine séance plénière, dont la date n’a pas encore été fixée.

La législation en vigueur depuis 1940 considère l’IVG comme un “crime contre la vie humaine” passible de prison. Les femmes ne sont autorisées à avorter qu’en cas de viol, de risque pour leur vie et de problèmes congénitaux graves du fœtus. Pour le PSOL, cette disposition du Code pénal porte atteinte aux droits fondamentaux des femmes inscrits dans la Constitution de 1988, tels que la dignité, la liberté et l’égalité.

En cas de dépénalisation, les femmes avortant sous douze semaines de grossesse et les professionnels de santé impliqués ne pourraient plus faire l’objet de poursuites judiciaires.

Une Brésilienne de moins de 40 ans sur sept a déjà avorté

“La dépénalisation de l’avortement fait l’objet de près de 200 propositions au Congrès, mais [la question] a atterri à la Cour suprême car les parlementaires craignent de s’affaiblir politiquement”, tant le sujet “divise le pays”, affirme Istoé. Pour appuyer son propos, le magazine cite un récent sondage Ipsos selon lequel 39 % de la population se prononce en faveur d’une légalisation de l’IVG, quand 43 % s’y oppose – une égalité technique, avec la marge d’erreur.

Dans son dossier sur le sujet, l’hebdomadaire aborde les arguments des deux camps, qui relèvent aussi bien de questions morales et religieuses que juridiques et de santé publique.

Selon une recherche menée en 2021, une Brésilienne sur sept de moins de 40 ans a eu recours à une IVG, la plupart du temps illégale. “Le risque est grand quand elles entreprennent cette procédure car, lorsque la tentative d’avortement échoue, une hospitalisation sur vingt-huit se termine par un décès”, souligne Istoé.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :