Attentat à Bruxelles : pourquoi la Suède est particulièrement menacée par les terroristes islamistes

Des manifestants protestant après un autodafé du Coran en Suède, à Londres en Angleterre, le 28 janvier 2023.
SOPA Images / SOPA Images/LightRocket via Gett Des manifestants protestant après un autodafé du Coran en Suède, à Londres en Angleterre, le 28 janvier 2023.

TERRORISME - « Jamais, dans l’Histoire récente, la Suède et les intérêts suédois n’ont été aussi menacés qu’aujourd’hui ». Ce mardi 17 octobre, la réaction du Premier ministre suédois Ulf Kristersson, après l’attaque qui s’est déroulée en Belgique lundi soir, était sans ambages : il s’agissait « d’un attentat terroriste ciblant des Suédois ».

L’homme, soupçonné d’avoir tué deux Suédois en marge du match de football Belgique-Suède, a finalement été interpellé ce mardi matin dans la capitale belge, avant de décéder, blessé par des tirs policiers lors de son interpellation.

Dans un message vidéo de revendication, posté sur les réseaux sociaux par un homme se présentant comme l’assaillant et se disant inspiré par l’État islamique, « la nationalité suédoise des victimes est évoquée comme motivation probable de l’acte », a expliqué un porte-parole du parquet fédéral.

Plusieurs profanations du Coran

Si la Suède est aujourd’hui particulièrement menacée par les terroristes islamistes, c’est car son image s’est fortement dégradée dans le monde musulman - notamment cet été - après plusieurs profanations marquantes du Coran, autorisées sur son sol.

Déjà, en septembre 2020, un homme de 27 ans avait enregistré une vidéo dans laquelle il montrait un Coran et du bacon en train d’être brûlés sur un barbecue devant la cathédrale de Linköping, une ville du centre du pays. Une pancarte avec une remarque péjorative sur le prophète Mahomet figurait sous le barbecue. L’homme avait ensuite publié la vidéo sur les réseaux sociaux et placé le livre, accompagné de la viande, devant la mosquée de la ville.

Le 12 octobre dernier, cet homme a été condamné à une peine de prison avec sursis par un tribunal pour incitation à la haine, le premier jugement en Suède pour ce type d’acte.

En avril 2022, c’est Rasmus Paludan, un avocat possédant la double nationalité danoise et suédoise et dirigeant un parti baptisé Stram Kurs (« Ligne Dure » en français), qui avait mis le feu aux poudres en brûlant un exemplaire du Coran en public dans la ville de Malmö. Il s’agit de la marque de fabrique de ce militant d’extrême droite : brûler des exemplaires du Coran en public, généralement dans des quartiers à forte population immigrée.

Celui-ci s’était encore illustré le 21 janvier 2023 en brûlant un Coran devant l’ambassade de Turquie à Stockholm, sous importante protection policière et à l’abri de barrières métalliques. Son acte, qui avait entraîné d’importantes manifestations dans plusieurs pays musulmans et des appels au boycott de produits suédois, visait à dénoncer des négociations suédoises avec Ankara sur l’Otan. Le Premier ministre suédois avait déploré le lendemain un « acte profondément irrespectueux ».

Un été mouvementé

Un autre autodafé du Coran, autorisé par les autorités, avait marqué le pays le 28 juin dernier. Il avait été l’œuvre, devant la grande mosquée de Stockholm au premier jour de l’Aïd, d’un Irakien de 37 ans réfugié en Suède. Salwan Momika souhaitait simplement vouloir « exprimer son opinion sur le Coran », réclamant l’interdiction du livre saint de l’islam dans son pays d’accueil.

Salwan Momika, ici avant un autodafé devant la grande mosquée de Stockholm, en Suède, le 28 juin 2023.
JONATHAN NACKSTRAND / AFP Salwan Momika, ici avant un autodafé devant la grande mosquée de Stockholm, en Suède, le 28 juin 2023.

Le 20 juillet, le même homme avait piétiné à plusieurs reprises un Coran devant l’ambassade d’Irak à Stockholm, sans toutefois y mettre le feu comme il l’avait annoncé. Protégé par la police, il avait aussi harangué la foule avec un comparse, avant de repartir.

Salwan Momika, ici brandisant un exemplaire du Coran et une feuille de papier avec le drapeau irakien lors d’une manifestation devant l’ambassade irakienne à Stockholm, en Suède, le 20 juillet 2023.
OSCAR OLSSON / AFP Salwan Momika, ici brandisant un exemplaire du Coran et une feuille de papier avec le drapeau irakien lors d’une manifestation devant l’ambassade irakienne à Stockholm, en Suède, le 20 juillet 2023.

Nouvel épisode le 31 juillet, quand une manifestation devant le Parlement à Stockholm avait été autorisée par la police, et pendant laquelle les organisateurs avaient mis le feu à plusieurs pages d’un Coran.

Après cette série d’actes, le gouvernement suédois avait décidé le 17 août de relever son niveau d’alerte terroriste à 4 sur une échelle de 5, estimant que la menace d’attentats « persistera pendant longtemps ». Une communication d’Al-Qaïda avait appelé à s’en prendre à des ressortissants suédois.

Le 3 septembre, Salwan Momika, toujours lui, a de nouveau brûlé un exemplaire du Coran à Malmö, sur une place où vit une importante population immigrée. Des émeutes violentes ont éclaté après cet autodafé.

Régulièrement, le gouvernement suédois a condamné ces profanations, tout en soulignant que la Constitution suédoise protégeait le droit de réunion et la liberté d’expression. Malgré tout, Stockholm réfléchit aux moyens légaux de les interdire, alors que le Danemark - où elles sont aussi autorisées - veut lui aussi prendre cette voie.

Rappelons enfin qu’un artiste suédois, Lars Vilks, est longtemps resté la cible d’Al-Qaïda pour avoir dessiné une caricature du prophète Mahomet. Il avait survécu à un attentat en 2015, avant de décéder en 2021 dans un accident de la route où tout risque malveillant avait été écarté par la police suédoise.

À voir également sur Le HuffPost :

Attentat de Bruxelles : Macron et la classe politique française affichent leur solidarité avec la Belgique

Après l’attentat de Bruxelles, France-Écosse sous très haute sécurité à Lille, Darmanin détaille le dispositif