Attaquer la liberté d’expression, c’est s’en prendre aux autistes

Mark Zuckerberg et Elon Musk , « aspies » et milliardaires.  - Credit:AP/SIPA / AP / AP/SIPA
Mark Zuckerberg et Elon Musk , « aspies » et milliardaires. - Credit:AP/SIPA / AP / AP/SIPA

Imaginez qu'Isaac Newton, jeune, embarque depuis l'Angleterre de 1670 à bord d'une machine à voyager dans le temps pour se retrouver, de nos jours, à enseigner aux étudiants de Harvard. Malgré le décalage horaire, Newton a toujours sa personnalité obsessionnelle et paranoïaque, son syndrome d'Asperger, un vilain bégaiement, une humeur instable, des accès de manie psychotique et des épisodes dépressifs. Sauf qu'il est désormais soumis aux codes de conduite de Harvard, interdisant l'expression de tout « manque de respect pour la dignité d'autrui » – en cas de violation, gare à l'inquisition de l'université (son « Bureau pour l'équité, la diversité et l'inclusion »). Par ailleurs, Newton cherche à faire publier ses Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica, où il explique les lois du mouvement régissant l'Univers. De son agent littéraire, il va s'entendre dire qu'il ne peut espérer de contrat d'édition digne de ce nom tant qu'il ne se calme pas avec ses opinions excentriques sur l'alchimie de la Grèce antique, la cryptographie biblique, la monnaie fiduciaire, le mysticisme juif ou encore la meilleure technique pour prédire la date exacte de l'Apocalypse.

Comme « intellectuel public », on peut donc gager que Newton ferait long feu dans notre environnement culturel contemporain. Tôt ou tard, il finirait par dire des choses « offensantes », qui seraient ensuite rapportées à Harvard et reprises par tout un écosystème médiatique. Son excentricité et sa gaucherie [...] Lire la suite