Attaque au couteau à Paris : le point sur l’enquête deux jours après les faits

Attaque à Paris : le point sur l’enquête deux jours après les faits (Photo des forces de l’ordre sur les lieux de l’attaque à Paris le 2 décembre 2023)
DIMITAR DILKOFF / AFP Attaque à Paris : le point sur l’enquête deux jours après les faits (Photo des forces de l’ordre sur les lieux de l’attaque à Paris le 2 décembre 2023)

FAIT DIVERS - Deux jours après l’attaque au couteau et au marteau qui a fait un mort et deux blessés dans le 15e arrondissement de Paris samedi 2 décembre, le profil de l’assaillant, qui avait fait allégeance au groupe État islamique avant son passage à l’acte, se précise alors que celui-ci était toujours en gare à vue dimanche 3 décembre au soir.

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Le procureur anti-terroriste, Jean-François Ricard et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin se sont tous deux exprimés à ce sujet dans la soirée, le second réclamant que les autorités puissent « demander une injonction de soins » pour une personne radicalisée suivie pour troubles psychiatriques afin de prévenir des passages à l’acte comme celui de l’assaillant du pont Bir Hakeim.

On fait ici le point sur cette affaire :

Ce qu’il s’est passé

Les faits se sont déroulés samedi vers 21h30 près de la tour Eiffel, à proximité du pont de Bir Hakeim. L’assaillant a attaqué au couteau et au marteau des passants, tuant une personne et en blessant deux autres. L’homme tué a reçu « deux coups de marteau et quatre coups de couteau », a indiqué Jean-François Ricard. L’assaillant a crié à plusieurs reprises « Allah akbar » et déclaré être « muni d’une ceinture d’explosifs », selon le procureur anti-terroriste.

Il a été maîtrisé par les forces de l’ordre à l’aide d’un pistolet à impulsion électrique peu après l’attaque et placé en garde à vue. L’enquête de flagrance est ouverte pour « assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation de crimes d’atteinte aux personnes ».

Un touriste, un autre blessé ainsi qu’un Français

L’homme tué au couteau s’appelait Collin B. et était un touriste de nationalité allemande et philippine, né en 1999. L’assaillant s’en est pris à un « couple de touristes allemands dont la femme n’a pas été attaquée physiquement, mais est extrêmement choquée », a déclaré le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin lors d’un point presse dans la nuit de samedi à dimanche.

L’assaillant s’en est aussi pris, avec un marteau, à un touriste anglais de 66 ans qui était avec sa femme et son enfant lorsqu’il a été attaqué par-derrière, selon Le Parisien. Il a été blessé à l’œil à coups de marteau. Enfin, une troisième personne a été blessée au cours de la courte cavale de l’assaillant. Il s’agit d’un Français de 60 ans, particulièrement « choqué », selon Gérald Darmanin, qui n’a pas donné plus de précisions.

Ce dimanche, « les deux personnes blessées (...) sont en bonne santé », a indiqué le ministre de la Santé Aurélien Rousseau sur France 3. « Elles ont eu des traumatismes superficiels mais évidemment des traumatismes psychologiques qui vont être immenses, comme les personnes qui accompagnaient la victime qui est malheureusement décédée d’un coup de couteau », a-t-il précisé.

Le suspect a prêté allégeance à l’EI avant l’attaque

Toujours en garde à vue dimanche, l’assaillant avait fait allégeance au groupe État islamique avant son passage à l’acte, a annoncé le procureur. S’exprimant en langue arabe dans une vidéo, Armand Rajabpour-Miyandoab, un Franco-Iranien de 26 ans, y a apporté « son soutien aux jihadistes agissant dans différentes zones », a déclaré le procureur lors d’une conférence de presse dimanche soir.

« Cette vidéo était notamment mise en ligne sur son compte X », ouvert début octobre et qui comportait « de nombreuses publications sur le Hamas, Gaza et plus généralement la Palestine », selon le magistrat.

En garde à vue, l’assaillant n’a pas choisi de garder le silence et « s’exprime », selon une source proche du dossier. Trois autres personnes, membres de sa famille ou de son entourage, sont en garde à vue.

Sa mère avait alerté les forces de l’ordre

Sa mère avait signalé fin octobre son inquiétude sur le comportement de son fils, par ailleurs fiché pour radicalisation islamiste (FSPRT) selon une source proche de l’enquête. Fin octobre, la mère de l’assaillant, voyant que son fils « se repliait sur lui-même », avait fait un signalement auprès de la police.

Les services de police avaient tenté en vain qu’il soit examiné par un médecin et de le faire hospitaliser d’office, ce qui n’a pas été possible en l’absence de troubles, selon une source proche du dossier. Sa mère, en outre, ne voulait pas demander l’hospitalisation forcée de son fils. Quelques jours après son signalement, elle avait assuré qu’il « allait mieux », toujours selon la même source.

L’homme avait déjà été condamné en 2016

« Issu d’une famille sans aucun engagement religieux », Armand Rajabpour-Miyandoab s’est converti à l’islam à l’âge de 18 ans, en 2015, et a « très rapidement » versé dans « l’idéologie jihadiste ».

Fiché pour radicalisation islamiste (FSPRT), selon une source proche de l’enquête, il avait été condamné à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte de terrorisme, après un projet d’action violente à la Défense, en 2016. Il était sorti en mars 2020 de prison après quatre ans de détention.

Il avait « noué des liens avec des individus ancrés dans l’idéologie jihadiste », tels que « l’un des futurs auteurs de Saint-Etienne-du-Rouvray », a noté Jean-François Ricard, mais sans que ces contacts ne soient opérationnels dans la préparation d’attentats.

Le suivi psychologique de l’assaillant au cœur des questions

L’enquête va désormais tenter de faire la lumière sur la manière dont a été effectué le suivi médical de l’auteur, un homme au « profil très instable, très influençable », selon une source sécuritaire interrogée par l’AFP. « L’évolution de certains troubles psychiatriques déjà relevés lors de sa détention » avait conduit le Pnat « à requérir la réalisation d’une nouvelle expertise psychiatrique », a notamment rappelé Jean-François Ricard.

« À la suite de cette dernière, l’auteur était soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré et contrôlé par un médecin coordinateur. Ce suivi était effectif jusqu’à la fin de la mise à l’épreuve le 26 avril 2023 », a-t-il ajouté.

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