Attaque à Moscou : accusations contre l’Ukraine, arrestations, revendication… Le point sur l’enquête

Un mémorial en l’honneur des victimes de l’attentat au Crocus City Hall, près de Moscou, à Rostov-sur-le-Don, Russie, le 23 mars.
Sergey Pivovarov / REUTERS Un mémorial en l’honneur des victimes de l’attentat au Crocus City Hall, près de Moscou, à Rostov-sur-le-Don, Russie, le 23 mars.

INTERNATIONAL - Le groupe État islamique revendique, Moscou campe sur sa version des faits. Au lendemain de la fusillade commise vendredi dans une salle de concert de Krasnogorsk, en périphérie de Moscou, onze personnes ont été arrêtées ce samedi 23 mars, dont les quatre assaillants, selon le Kremlin. Samedi soir, les autorités russes ont identifié 29 personnes sur les 133 personnes tuées.

Le HuffPost fait le point sur l’avancée de l’enquête sur cette attaque, la plus meurtrière en Europe revendiquée par Daech depuis les attentats de Paris en 2015.

• Comment l’attaque s’est-elle déroulée ?

Des hommes armés, au nombre de quatre selon les autorités, ont ouvert le feu vendredi soir puis incendié le Crocus City Hall, une salle de concert de Krasnogorsk, une banlieue située à la sortie nord-ouest de la capitale russe.

Selon un journaliste de l’agence de presse publique Ria Novosti, des individus en tenue de camouflage ont fait irruption sur le parterre de la salle de concert avant d’ouvrir le feu et de lancer « une grenade ou une bombe incendiaire, ce qui a provoqué un incendie ».

Les flammes se sont propagées à près de 13 000 m2 du bâtiment avant que l’incendie soit contenu, selon les services de secours.

La branche afghane de l’EI, première suspecte

Le groupe État islamique (EI) a revendiqué dès vendredi soir l’attentat dans un communiqué. Il a précisé samedi que quatre de ses combattants étaient derrière cette attaque. Les assaillants étaient « armés de mitrailleuses, d’un pistolet, de couteaux et de bombes incendiaires », a affirmé l’EI sur l’un de ses comptes Telegram. Ajoutant que l’attaque s’inscrivait « dans le contexte (...) de la guerre faisant rage » entre le groupe et « les pays combattant l’islam ».

La branche afghane de l’EI, le groupe État islamique au Khorasan (EI-K), est la première suspecte de cette fusillade pour les experts du terrorisme mondial. En septembre 2022, des militants de l’EI-K avaient déjà revendiqué un attentat suicide meurtrier contre l’ambassade de Russie à Kaboul, rappelle Reuters.

L’expert Michael Kugelman, du think tank américain Wilson Center, explique à Reuters que cette filiale de l’EI « considère la Russie comme complice d’activités qui oppriment régulièrement les musulmans ».

• Des arrestations près de la frontière ukrainienne

Sans s’exprimer sur la revendication de l’EI, les services de sécurité russes (FSB) ont affirmé samedi matin que les suspects avaient des « contacts » en Ukraine et comptaient y fuir. Le Kremlin a également annoncé l’arrestation de 11 personnes, dont les « quatre » assaillants, alors qu’une enquête pour « acte terroriste » a été ouverte. Elles ont été arrêtées dans la région de Briansk, frontalière de l’Ukraine et du Bélarus, a précisé le Comité d’enquête.

Dans une première allocution télévisée adressée aux Russes, le président russe Vladimir Poutine a repris la version des faits présentée par le FSB. Citant les « données préliminaires » des enquêteurs, le chef du Kremlin a assuré qu’une « fenêtre avait été préparée pour qu’ils franchissent la frontière [avec l’Ukraine] ». Il a aussi menacé : « ceux qui sont derrière ces terroristes seront punis », ajoutant qu’ils « n’auront pas un destin enviable ».

Zelensky accuse Poutine de « rejeter la faute » sur l’Ukraine

L’Ukraine a, pour sa part, fermement nié tout lien avec cet attentat et affirmé que la Russie, dont elle combat l’offensive depuis deux ans, cherchait à lui faire porter le blâme.

Samedi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé son homologue russe Vladimir Poutine de chercher à « rejeter la faute » sur l’Ukraine. « Ce qui s’est passé hier à Moscou est évident : Poutine et les autres salauds essaient juste de rejeter la faute sur quelqu’un d’autre », a taclé Zelensky.

Malgré la revendication de l’EI et ces arrestations, de nombreuses questions restent en suspens. Des médias russes affirment, par exemple, que certains des suspects sont originaires du Tadjikistan. Mais les autorités de ce pays d’Asie centrale ont affirmé n’avoir « pas reçu de confirmation des autorités russes » à ce sujet.

Les interrogatoires diffusés par la télé russe

La télévision russe a diffusé samedi après-midi des images de l’arrestation et des interrogatoires des suspects. La chaîne publique Pervy Kanal a notamment montré des images sur lesquelles on peut voir les accusés en train d’être emmenées par des membres des forces de l’ordre armés, trois d’entre eux avec du sang sur le visage.

Sur les images de leurs interrogatoires, l’un des suspects a un grand bandage blanc autour de la tête, et du sang au niveau de l’oreille droite. Deux des suspects admettent leur culpabilité, l’un disant avoir agi pour de l’argent.

Pervy Kanal a diffusé en outre un extrait vidéo d’un interrogatoire de l’homme au bandage ensanglanté au niveau de l’oreille droite. Dans une autre séquence de cet interrogatoire, diffusée sur les réseaux sociaux, dont l’authenticité n’a pas pu être vérifiée par l’AFP, un homme aux cheveux noirs et au t-shirt marron clair est maintenu au sol et un morceau de l’oreille droite est coupé. Une personne se trouvant hors cadre tente ensuite de le mettre dans sa bouche de force et lui assène un coup de poing sur la joue.

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