« Athena » : quand Romain Gavras se brûle au film politique

« Athena », de Romain Gavras, disponible depuis le 23 novembre sur Netflix.  - Credit:Netflix
« Athena », de Romain Gavras, disponible depuis le 23 novembre sur Netflix. - Credit:Netflix

« À chaque gars tué, on tue ! On va leur montrer c'est quoi la sécurité. On a un plan : on attrape un condé, et là, ils vont commencer à nous écouter. » Extraits des cris de guerre de Karim (Sami Slimane), l'un des trois frères du film choc de Romain Gavras, Athena, qui nous plonge au cœur d'une cité parisienne en feu après la mort d'un enfant dans laquelle la police est mise en cause – sans preuve.

Coécrit par Ladj Ly, réalisateur d'un autre film choc, Les Misérables, et par Elias Belkeddar, Athena (la déesse de la guerre), qui sort ce 23 septembre sur Netflix, se déroule comme une tragédie implacable où les dieux sont absents, mais pas le destin et son cortège de malheurs. Romain Gavras aurait pu intituler ce brûlot politique État de siège, en référence au célèbre film de son père Costa, réalisé il y a 50 ans avec Yves Montand et Jacques Weber. Il rappelle les émeutes de 2005 à Clichy-sous-Bois et s'inscrit dans la lignée des films sur la violence dans les cités comme Bac Nord, Ma 6-T va crack-er ou, plus loin, à La Haine. Pour le reste, il a beau voir son film comme une tragédie grecque, on est tout de même bien loin d'Eschyle et d'Euripide.

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