Astéroïde Psyche : la mission de la NASA est-elle une ruée vers l’or ?

ESPACE - Comment faire pour que tout le monde devienne milliardaire ? La réponse se trouve peut-être dans l’espace puisque l’astéroïde appelé « Psyche » est estimé à près de 10 000 quadrillons d’euros. Et pour que cela vous semble plus réel, si sa valeur était partagée dans le monde, ça signifierait que chaque personne vivant sur Terre toucherait... 1,4 milliard d’euros.

Cet astéroïde de 280 km de diamètre vaut si cher parce qu’il fait partie des astéroïdes de « type M », c’est-à-dire qu’il est principalement composé de métaux. En ce qui concerne Psyche, il est constitué de nickel, de fer et d’or. Ce genre d’astéroïde est assez rare dans notre système solaire et pourrait nous permettre de répondre à bien des questions sur l’origine de planètes comme la Terre, c’est pour cette raison que la Nasa envoie une sonde spatiale vers Psyche, ce vendredi 13 octobre, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article.

Étudier le coeur de notre planète

L’intérêt principal de cette mission est de récolter un maximum d’informations sur cet objet stellaire, qui a des caractéristiques similaires à notre noyau terrestre. Toutes les planètes rocheuses que nous connaissons ont un noyau métallique, y compris la Terre, mais nous connaissons de lui assez peu de choses. La raison est simple : il est impossible de creuser aussi profondément à cause de la chaleur extrême et de la très haute pression. Le roman de Jules Verne « Voyage au centre de la Terre » reste malheureusement de la pure fiction.

Illustration de l’intérieur de la Terre avec ses diéfférentes couches et son noyau métallique
Edward Garnero/ASU Illustration de l’intérieur de la Terre avec ses diéfférentes couches et son noyau métallique

Ainsi, il est plus facile pour les scientifiques d’aller observer Psyche et son coeur à nu. « L’une des théories existantes est qu’il était dans les entrailles d’une planète en formation », explique David Oh, Ingénieur et chef de projet au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa. « Psyche a pu être le noyau métallique qui se formait à l’intérieur d’une bébé planète, qui est ensuite entré en collision avec une autre planète, qui a arraché ce manteau rocheux, ne laissant qu’un morceau de ce noyau dans l’espace ».

Ainsi, en étudiant Psyche, les scientifiques pourraient étudier en détail le noyau terrestre de planètes comme la nôtre pour la première fois. Plus encore, étant donné que les scientifiques supposent qu’il s’agit des restes d’une planète au commencement de notre système solaire, les informations collectées pourraient nous éclairer sur la manière dont les planètes se sont formées.

Surtout, ce sera la première fois que la Nasa explorera non seulement un astéroïde de ce type, mais tout un nouveau monde. « Nous avons déjà visité des mondes faits de glaces, de roches, de gaz, mais nous n’avons jamais visité un monde fait de métal. », s’extasie David Oh.

Un astéroïde bientôt exploité ?

Illustration d’artiste de l’astéroïde Psyche
Peter Rubin/NASA/JPL-Caltech/ASU Illustration d’artiste de l’astéroïde Psyche

Si la mission de la Nasa n’a qu’une portée scientifique, la valeur de l’astéroïde pourrait faire des envieux et précipiter une ruée vers l’or. Mais est-ce seulement possible de s’approprier un astéroïde ? Là-dessus, Armel Kerrest, professeur en droit de l’espace et vice-président du centre européen de droit spatial de l’ESA est catégorique : « Sur le plan juridique il y a des règles qui ont été fixées dans le traité de 1967, qui prévoit que les corps célestes ne peuvent pas faire l’objet d’appropriation ».

En effet, le traité stipule que « l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, ne peut faire l’objet d’appropriation nationale par proclamation de souveraineté, ni par voie d’utilisation ou d’occupation, ni par aucun autre moyen. »

À cela s’ajoute l’aspect technique : « Pour l’instant, on a réussi à prendre 250g en dépensant des milliards pour enlever un petit morceau sur un astéroïde », rappelle Armel Kerrest. Il fait ici référence à la mission Osiris-Rex, revenue sur Terre le 24 septembre, avec des échantillons de l’astéroïde Bennu, près avoir passé sept ans dans l’espace.

En plus de la contrainte juridique et technique, il ne faut pas non plus oublier l’enjeu financier. « C’est extrêmement couteux. Je raconte souvent à mes étudiants que si on trouvait de l’or en barre propre sur une table sur la Lune, ça coûterait beaucoup moins cher d’aller au magasin du coin et d’acheter l’or au tarif actuel auquel il est. »

Ce n’est donc pas demain la veille que l’on verra un Elon Musk s’approprier un astéroïde et exploiter ses ressources pour s’enrichir. Mais rien n’empêcher de rêver.

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