Association des maires de France: 34.000 maires appelés aux urnes pour désigner le successeur de Baroin

François Baroin en 2018, au 101e congrès des Maires de France - LIONEL BONAVENTURE / AFP
François Baroin en 2018, au 101e congrès des Maires de France - LIONEL BONAVENTURE / AFP

Après sept années et deux mandats, qui pour prendre la relève de François Baroin? Plus de 34.000 maires sont appelés aux urnes (électroniques) pour élire le nouveau président de l'Association des maires de France (AMF) ces mardi et mercredi, lors du 103e congrès de la structure.

Une association inscrite jusqu'en 2016 parmi la liste des représentants d'intérêts à l'Assemblée nationale, reconnue d'utilité publique depuis 1933, qui se présente "comme interlocuteur privilégié des pouvoirs publics".

Deux listes concurrentes s'affrontent: celle du maire Les Républicains (LR) de Cannes (Alpes-Maritimes) David Lisnard, vice-président de l'association qui a émergé médiatiquement à la faveur de la crise du Covid-19, et le maire UDI de Sceaux (Hauts-de-Seine) Philippe Laurent, actuel secrétaire général de l'AMF.

Le premier peut se targuer du soutien de l'influent sortant, François Baroin, maire de Troyes (Aube), le second est soutenu par le patron de la région Paca Renaud Muselier, qui a exhorté tous les édiles de sa région à apporter leur suffrage au centriste, en dépit de son étiquette LR similaire au premier magistrat cannois. Une bataille rangée inhabituelle dans les travées de l'AMF, habituée aux passages de flambeaux consensuels avec une liste unique, pour laquelle droite et gauche se mettent d'accord pour la répartition des postes.

Ancien et nouveau mondes

La première liste, portée par le LR David Lisnard et le maire socialiste d'Issoudun (Indre) André Laignel, qui porte une candidature plus politique, est donnée comme favorite. La liste "Macron compatible" de Philippe Laurent, sur laquelle figure le maire ex-LR de Poissy Karl Olive ou encore son homologue niçois Christian Estrosi, est perçue comme celle de la majorité là où sa concurrente apparaît comme celle de l'opposition, de "l'ancien monde" politique, où droite et gauche sont alliées comme dans le passé pour ce scrutin.

Un temps pressenti pour se lancer dans la course à l'Élysée, François Baroin avait annoncé fin août qu'il ne briguerait pas de troisième mandat et passerait la main. L'ancien ministre de Nicolas Sarkozy restera toutefois à la tête de l'association départementale des maires de l'Aube.

L'institution centenaire, qui a plaidé pour "une nouvelle étape de la décentralisation" par la voix de François Baroin, se prévaut d'agir en "défense des libertés locales", d'apporter un "appui concret et permanent aux élus dans la gestion au quotidien" et de former un "partenariat loyal mais exigeant avec l'État pour toujours mieux préserver les intérêts des collectivités et de leurs groupements".

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Crispations avec l'exécutif

Un lieu de pouvoir qui agrège des élus de la France entière, niché sur la rive gauche de la Seine en bordure de l'esplanade des Invalides, devenu caillou dans la chaussure d'Emmanuel Macron au début de son mandat. L'actuel président de la République s'était fait élire en annonçant notamment son projet de supprimer la taxe d'habitation, privant les communes d'une importante manne financière. Une mesure qui avait suscité la bronca des maires, qui avaient hué et sifflé le chef de l'État en 2017 lorsqu'il s'était rendu à leur congrès.

Un coup de gel sur les relations atténué à la faveur de la crise des gilets jaunes et celle de la crise sanitaire, qui avaient remis l'élu préféré des Français au centre du jeu. La nomination de Jean Castex, maire de Prades (Pyrénées-Orientales), à Matignon, avait aussi donné des gages.

"L'idée du couple maire/préfet vient de l'AMF", a argué François Baroin sur Public Sénat en octobre, au sujet de la crise liée au Covid-19.

Un mandat cher au coeur des Français, puisqu'environ 70% des administrés déclarent avoir confiance en leur maire, selon une récente étude du Cevipof, mais de plus en plus exposé: en 2020, 1276 agressions physiques d'élus ont été relevées. Ce qui constitue une hausse de 200% en un an.

Le vote pour la succession à la tête de l'AMF s'ouvre ce mardi à 17 heures, et sera clos mercredi à 15 heures avant proclamation des résultats. Emmanuel Macron recevra ce mercredi une délégation de maires à l'Élysée, et s'exprimera en clôture du congrès jeudi, comme en 2017 et 2019. Une allocution aux accents d'autant plus politiques, à quelques mois de la présidentielle.

Article original publié sur BFMTV.com