Assassinat de Sophie Le Tan : Jean-Marc Reiser à nouveau jugé aux assises

Croquis d’audience représentant Jean-Marc Reiser, meurtrier de Sophie Le Tan, en procès le 27 juin 2022.
Croquis d’audience représentant Jean-Marc Reiser, meurtrier de Sophie Le Tan, en procès le 27 juin 2022.

JUSTICE - Près de cinq ans après la disparition de Sophie Le Tan, Jean-Marc Reiser est de retour dans le box des accusés. Le forestier alsacien, habitué des prétoires et condamné à la perpétuité l’été dernier pour l’assassinat de la jeune étudiante de 20 ans, est jugé en appel par la cour d’assises du Haut-Rhin où il comparaît ce mardi 20 juin à partir de 9 heures.

Tout l’enjeu du procès se situe autour de la qualification qui sera retenue par le tribunal : y a-t-il eu préméditation, comme le soutiennent les parties civiles et l’accusation, ou la mort de la jeune femme n’est-elle que le résultat d’une « entreprise de séduction » qui a « mal tourné » et amené l’accusé dans un « état de fureur », comme il se défend ?

En juillet 2022, la cour d’assises du Bas-Rhin avait écarté les explications de cet homme froid et imposant de 62 ans et l’avait condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté, jugeant qu’il avait effectivement prémédité le meurtre de Sophie Le Tan, le 7 septembre 2018.

Ce jour-là, l’étudiante d’origine vietnamienne était venue visiter un appartement à louer à Schiltigheim, au nord de Strasbourg, repéré via une annonce postée sur le site Leboncoin. Attendue plus tard pour fêter son anniversaire avec sa famille, elle n’avait plus donné signe de vie.

Reiser dément toute préméditation

Après sa disparition, les enquêteurs avaient retrouvé, malgré ses pseudos et multiples lignes téléphoniques, l’auteur de la petite annonce : Jean-Marc Reiser, qui a longtemps démenti toute responsabilité. Le corps de la victime n’a été retrouvé qu’un an plus tard, en octobre 2019, par des cueilleurs de champignons, tombés par hasard sur des restes humains dans une forêt à une quarantaine de kilomètres de Strasbourg.

Malgré les preuves accablantes, les traces de sang retrouvées dans son appartement, sa cave, et jusque sur une scie à métaux, Jean-Marc Reiser a continué à nier pendant toute l’enquête. C’est seulement après la clôture des investigations qu’il a formulé des aveux, contestant toute volonté de tuer, mais reconnaissant être entré dans « une phase de frustration, de colère et de rage » lors du rendez-vous avec l’étudiante, et lui avoir porté des coups violents quand celle-ci a repoussé ses avances.

C’est cette version que Jean-Marc Reiser veut faire entendre aux jurés, avec les nouveaux avocats qu’il a sollicités pour ce procès, Emmanuel Spano et Thomas Steinmetz. « Il n’y a pas ce schéma que présente l’accusation d’un homme qui aurait tout prévu depuis des mois au millimètre, par des stratagèmes très élaborés, pour ôter la vie, de manière préparée et consciente, à Sophie Le Tan », soutient Me Spano. « Cette version-là nous paraît caricaturale. »

L’avocat souligne par exemple que l’annonce immobilière avait donné lieu à d’autres rendez-vous. S’agissant de Sophie Le Tan, il met en avant la « désorganisation » de l’accusé, qui, s’il a pris soin de nettoyer la scène, n’a pas fui ni pris la précaution de se débarrasser de la scie utilisée pour démembrer le corps. Sur les faits de violence, les avocats contestent que les coups aient été portés avec l’intention de donner la mort et rappellent que la cause exacte du décès n’a pas pu être établie.

« Toutes les preuves sont là »

« Jean-Marc Reiser dit qu’il n’a pas compris comment les choses en sont arrivées là, puisqu’il avait déjà porté des coups sur d’ex-compagnes sans que ça se termine de cette manière », pointe Emmanuel Spano. Me Steinmetz rappelle que l’accusé a grandi dans un environnement familial où la violence était « banalisée ».

« Toutes les preuves sont là », estime au contraire Me Gérard Welzer, avocat de la famille Le Tan qui « ne comprendrait pas qu’une autre peine (que la perpétuité) soit prononcée ». Il évoque les « charges accablantes », les mensonges répétés de Reiser et son passé judiciaire : acquitté au bénéfice du doute en 2001 pour la disparition d’une autre jeune femme, il avait cependant été condamné pour viol dans une autre affaire, en 2003.

Après le tirage au sort des jurés, la cour doit entendre mardi les premiers témoins, dont la sœur de Jean-Marc Reiser. Si les jurés retiennent la préméditation, celui-ci encourt la perpétuité. Si seuls des coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner étaient retenus, Jean-Marc Reiser encourrait 30 ans de réclusion.

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