Arte : Le Bateau, un chef-d'œuvre que les Américains voulaient torpiller

Radiant Film
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Automne 1941. Deuxième Guerre Mondiale. Base de la Rochelle. À la veille de s’embarquer pour une mission de routine dans l’Atlantique Nord, l’équipage d’un sous-marin allemand fait la fête. Ils dansent, boivent, comme si demain n’existait pas. Pour eux, ce sera le cas… Car ce qu’ils ne peuvent savoir, c’est que sur 40 000 sous-mariniers allemands, seuls 10 000 retourneront chez eux…

Il y a évidemment déjà eu des films de sous-marins avant Das Boot, notamment du côté d'Hollywood; un sous-genre du film de guerre très apprécié des cinéphiles. Mais autant le dire sans détour : aucun n'est encore arrivé à la cheville du chef-d'oeuvre de Wolfgang Petersen, qui livrait, voilà 41 ans (déjà...) le mètre-étalon absolu du genre, mais aussi son meilleur film.

Gorgé de séquences tendues à craquer, l'odyssée et le calvaire de ces 42 sous-mariniers commandés par le formidable Jürgen Prochnow et rendu d'autant plus passionnant que le cinéaste fait un brillant usage de la Steadycam qui se faufile partout dans le sous-marin, donnant le sentiment au spectateur de vivre littéralement confiné jusqu'à la claustrophobie.

Un réalisme extrême, et d'ailleurs largement expérimenté par le casting, dévoué corps et âme au cours d'un tournage de 170 jours; "prisonnier" d'un cercueil d'acier de 70m de long, entre chaleur extrême, vraie moisissure. Et même contraint d'écoper la reproduction d'une voie d'eau avec des seaux durant 13h, dans une séquence où le sous-marin craque de partout, après avoir reçu de nombreuses grenades sous-marines par les destroyers Alliés tournant autour, en surface.

Moins d'un an après le décès de Petersen, la chaîne Arte a la bonne idée de diffuser un double programme ce 24 avril. D'abord la version director's Cut du film (3h17 au compteur), à 20h50; suivie d'un excellent documentaire de 52' sur le film, Le Bateau : l'histoire d'une superproduction sous-marine, à 00h10.

"je ne fais pas un film sur mon bateau avec ces enfoirés !"

Sorti en 1973 en France sous le titre Le Styx, le roman était écrit par Lothar G. Buchheim. Lieutenant et travaillant au service de la Propagande dans l'Allemagne Nazie, il fut affecté en 1941 au sous-marin U-96, en qualité de correspondant de guerre. De cette expérience, aussi riche que douloureuse, naîtra son roman qui fut un triomphe en librairie.

Le studios allemand Bavaria acheta les droits pour en faire un film. Sans même attendre d'avoir un script final et un casting, il entama la construction de deux répliques d'acier de l'U-Boot, d'une longueur de 70m, qui accueillerait le futur tournage. Une construction dont l'ardoise s'élevait déjà à près de 2,5 millions de deutsche mark, soit environ 1,3 millions €. Une très grosse somme pour l'époque.

Günter Rohrbach, arrivé à la tête des studios Bavaria, comprend que l'entreprise va coûter très cher, et tente alors de faire de Das Boot une coproduction avec les Etats-Unis, en approchant la Columbia. Réceptive, la Major envoie alors deux cinéastes chevronnés, et pas des moindres, pour superviser le projet. John Sturges, le réalisateur des 7 mercenaires, et Don Siegel, le réalisateur de l'inspecteur Harry.

L'auteur du roman, pour qui ce film raconte une tranche de sa vie, s'oppose avec force à cette tentative de prise de contrôle du studio américain : "je ne fais pas un film sur mon bateau avec ces enfoirés !" aurait-il lâché. "En fait, c'étaient les Américains qui voulaient faire le film, avec un script où les Allemands étaient très manichéens" commente l'acteur Herbert Grönemeyer dans le documentaire, qui incarne dans Das Boot le lieutenant Werner, correspondant de guerre embarqué à bord du sous-marin, et véritable double cinématographique de l'auteur du roman.

Devant cette fronde, la Columbia rétropédale et se retire du projet. Günter Rohrbach prend alors le très gros risque d'en faire une production 100% allemande. Un risque qui se révèlera payant. Das Boot fut l'un des plus gros succès du cinéma allemand à l'international, et fut même cité à l'Oscar dans six catégories majeures, dont Meilleur réalisateur, Meilleure photographie (extraordinaire travail du chef op' réputé Jost Vacano) et Meilleur scénario adapté. 41 ans après sa sortie, et toujours pas une ride. Comme la marque intemporelle des chefs-d'oeuvre.

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