Arras, Benzema, immigration... Ce qu'il faut retenir de l'interview de Gérald Darmanin sur BFMTV

Arras, Benzema, immigration... Ce qu'il faut retenir de l'interview de Gérald Darmanin sur BFMTV

Conflit entre Israël et le Hamas, recrudescence d'actes antisémites, assassinat de Dominique Bernard à Arras... Gérald Darmanin était l'invité spécial de BFMTV ce jeudi 19 octobre 2023 dans un contexte aussi tendu sur la scène nationale qu'internationale.

Moins d'une semaine après l'assassinat terroriste d'un professeur et alors que les alertes à la bombe se multiplient dans les lieux publics, le ministre de l'Intérieur s'est montré "ferme" et a une nouvelle fois défendu son projet de loi immigration qui arrive dans les prochains jours au Parlement.

• Pas de menace terroriste "caractérisée"

Alors que 84% des Français se disent inquiets face à la menace terroriste, dont 33% très inquiets, Gérald Darmanin a tenu à rassurer ses compatriotes: il n'y a "aucune menace caractérisée ni sur un site ni sur un lieu".

Il a toutefois ajouté: "Il y a, à l’intérieur des pays européens, des personnes qui se radicalisent souvent en ligne ou dans l’atmosphère d’associations salafistes, qui individuellement peuvent répondre à un appel et passer à l’acte dans ce que Gilles Kepel appelle le jihadisme d’atmosphère."

D'après le ministre, les autorités déjouent "un attentat tous les mois et demi, tous les deux mois" en France.

• Proche Orient: une "possibilité supplémentaire de menace terroriste"

En pleine crise au Proche-Orient après l'attaque de l'organisation terroriste du Hamas en Israël, et la riposte sanglante de l'État hébreu à Gaza, Gérald Darmanin a alerté sur une "excitation" qui pourrait accroître la menace terroriste en Europe.

"Comme on attend toujours un moment de passer à l’acte, il y a une excitation de ce qui s’est passé lors de l’attentat terroriste du Hamas en Israël", a-t-il affirmé.

Avant d'ajouter: "Cette ambiance extrêmement terrible au Proche-Orient fait qu’il y a partout en Europe une possibilité supplémentaire de menace terroriste."

• 450 expulsions de fichés S depuis l'assassinat de Samuel Paty

Moins d'une semaine après l'assassinat de Dominique Bernard dans un lycée à Arras par un homme radicalisé en situation irrégulière et trois ans après la mort de Samuel Paty, Gérald Darmanin a annoncé que 450 fichés S ont été expulsés depuis le drame d'octobre 2020.

"Je m'étais engagé à expulser 230 fichés S, a-t-il assuré, on a expulsé les fichés S irréguliers et retirer des titres de séjour pour pouvoir les expulser."

De plus, le ministre a révélé que "plus de 1.000 mineurs" ont des "fiches actives pour islamisme".

Le meurtre de Dominique Bernard le 13 octobre, survenu presque trois ans jour pour jour après l'assassinat du professeur d'histoire-géographie Samuel Paty en région parisienne par un jeune homme radicalisé, a suscité une onde de choc, en particulier chez les enseignants. Il a également été à l'origine d'une indignation de la classe politique, fustigeant le laxisme de la France.

Selon les informations de BFMTV, l'assaillant d'Arras, Mohammed Mogouchkov, était inscrit au fichier des personnes radicalisées depuis février 2021.

• 18 interpellations pour les alertes à la bombe

Au moins 11 aéroports français ont procédé jeudi à des évacuations, parfois brèves, après des alertes à la bombe, provoquant une deuxième journée consécutive de perturbations dans les opérations aériennes. Idem dans les écoles ou certains lieux publics comme le château de Versailles. Selon le ministre de l'Intérieur, 18 personnes ont été interpellées "depuis les 48 dernières heures", "essentiellement des mineurs".

"Nous avons mis énormément de moyens pour identifier les lignes téléphoniques (...) On retrouve tout le monde", a-t-il lancé.

• Darmanin déplore "l'indignation sélective" de Benzema

Alors que le ministre de l'Intérieur a accusé l'ex international français d'être "en lien notoire avec les Frères musulmans", une confrérie islamiste née en Égypte, Gérald Darmanin a réitéré ses propos sur notre antenne.

"Je n'ai pas été excessif", a déclaré le ministre de l'Intérieur.

"Il n'a toujours pas fait un tweet pour l’assassinat du professeur à Arras, ni pour les bébés décapités, pour les femmes violées, pour les 1.300 tués par l'islamisme en Israël", a-t-il également déploré. "Quand on a une parole aussi forte, alors qu'il est connu pour un islam extrêmement rigoriste, je souhaite qu’il puisse montrer qu’on n'a pas une indignation sélective."

• Un appel au vote de la loi immigration

Grand chantier du Parlement des prochains mois, le projet de loi immigration du gouvernement peine à convaincre les oppositions. De son côté, Gérald Darmanin "espère que les parlementaires" voteront sa loi qui arrive le 6 novembre au Sénat.

"Si quelqu'un n’est pas en conformité avec les valeurs de la République, on doit pouvoir l’expulser", a-t-il par exemple vanté. "La loi empêche le ministre de l'Intérieur de faire son travail."

Il a aussi demandé à ce que les services de police aient accès aux messageries cryptées comme Whatsapp ou Telegram des personnes radicalisées afin de mieux suivre et anticiper un possible passage à l'acte.

• Une "trentaine de mosquées sur 100" suivies

Dans son combat contre l'islamisme, Gérald Darmanin a rappelé que des mosquées en France étaient encore dans le viseur des autorités. "Une centaine de mosquées sur les 2.200 était soupçonnées ou radicalisées. On en a fermées beaucoup, temporairement et définitivement. Il y en a une trentaine sur 100 que nous suivons. Je n'aurai pas la main qui tremble pour les fermer."

D'après lui, une "dizaine d’imams que nous suivons sont en cours d’expulsion". Mais, le ministre a tenu a rappeler qu'il ne "confondait" pas "l’immense majorité des musulmans de France" avec les "radicalisés".

• "Pas de problème" de manifester pour un "État palestinien"

Le tribunal administratif de Paris a suspendu jeudi l'interdiction préfectorale d'une manifestation propalestinienne, déjà en cours sur la place de la République à Paris et qui rassemblait plusieurs milliers de personnes.

Le Conseil d'État avait rappelé mercredi au gouvernement que les manifestations propalestiniennes ne pouvaient être interdites systématiquement et qu'il revenait aux seuls préfets d'apprécier s'il y avait localement un risque de troubles à l'ordre public.

"Je suis pour un État palestinien. S'il faut avoir une pensée pour les civils, pas de problème", a lancé Gérald Darmanin.

Toutefois, il a justifié les interdictions: "Je pense avec les préfets que le temps trop proche du drame des attaques terroristes en Israël faisait que les choses pouvaient être difficiles dans l’ordre public."

• Darmanin "comprend la peur" des juifs

Alors que la sécurité autour des synagogues a été renforcée, le ministre de l'Intérieur a assuré que "la République protège" les juifs, comme tout autre citoyen.

"Je comprends leur peur, je partage leur peine", a-t-il confié sur notre antenne.

Le ministre de l'Intérieur a annoncé mardi soir que "183 interpellations" - dont celles de "55 personnes d'origine étrangère" - avaient eu lieu en France pour "actes antisémites", depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre.

• Mélenchon "fait de la politique pour avoir des voix"

Attaqué par Jean-Luc Mélenchon pour avoir effectué mardi soir le parallèle entre "la haine du juif" et "la haine du flic", Gérald Darmanin a affirmé que le leader insoumis "n’a pas de conviction sur le conflit israélo-palestinien".

"Il fait de la politique pour avoir des voix. Il a fait un choix électoral. (...) Il parle propalestinien et anti-flics car il pense que les quartiers sont propalestiniens et anti-flics."

Il a conclu: "Les musulmans détestent d’être considérés comme des Arabes qu’on exploite. Il fait une faute très grave contre l’esprit."

Article original publié sur BFMTV.com