Menace terroriste: 84% des Français se disent inquiets après les attentats d'Arras et de Bruxelles
Les attentats de ces derniers jours laissent une forte marque dans l'opinion publique. Selon un nouveau sondage "L'Opinion en direct", mené par l'institut Elabe pour BFMTV et dévoilé ce mercredi 18 octobre, 84% des Français se disent inquiets face à la menace terroriste, dont 33% très inquiets.
La France a été placée vendredi en situation d'"urgence attentat", le niveau le plus élevé du dispositif de vigilance et de protection Vigipirate, après l'attaque terroriste survenue dans un lycée d'Arras. Un homme, qui avait prêté allégeance à Daesh, y a poignardé à mort l'enseignant Dominique Bernard et blessé trois autres personnes. Lundi soir, c'est à Bruxelles qu'un homme a tué deux Suédois avant d'être abattu par la police, un attentat revendiqué par Daesh.
Les parents inquiets pour les établissements scolaires
Trois ans après la mort de Samuel Paty et quelques jours après celle de Dominique Bernard, les établissements scolaires sont particulièrement source d'inquiétude pour les parents. 61% parents d'enfants scolarisés interrogés par Elabe disent craindre que l'établissement scolaire de leur enfant puisse être la cible d'une attaque terroriste.
Si, après les événements des derniers jours, la majorité (56%) des Français ne compte pas modifier son quotidien, quatre sur 10 déclarent avoir l’intention de changer leurs comportements s’agissant de leur vie quotidienne et des sorties (éviter d'assister à de grands événements ou d'aller dans des lieux touristiques par exemple).
Peu de confiance en l'exécutif...
L'Élysée a annoncé samedi le déploiement de "jusqu'à 7.000 soldats de la force Sentinelle" sur le territoire pour surveiller les lieux publics notamment. L'opération Sentinelle a été déployée pour la première fois en 2015 par François Hollande, après les attentats visant Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher. Elle permet de déployer jusqu’à 10.000 militaires pendant un mois sur le territoire national. Le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, a aussi lancé une enquête sur la sécurisation des établissements scolaires.
Mais pour 59% des Français, l'exécutif ne met pas en œuvre tous les moyens nécessaires à la lutte contre la menace terroriste en France (37% non, pas vraiment et 22% non, pas du tout). À l’inverse, pour 40% des Français, l’exécutif met en œuvre tous les moyens nécessaires, dont 32% plutôt et 8% tout à fait.
Les Français se montrent globalement peu confiants face aux capacités de l'exécutif dans ce dossier (63% ne font pas confiance à Gérald Darmanin pour lutter contre la menace terroriste et 55% ne font pas confiance à Gabriel Attal pour que l’école soit protégée).
... Et envers l'ensemble de la classe politique
Mais ce manque de confiance s'applique à l'ensemble de la classe politique: pour une majorité de Français, aucun parti d’opposition ne ferait mieux que l’exécutif. Seul le Rassemblement national tire un peu son épingle du jeu, avec 38% des Français qui déclarent que ce parti ferait mieux que le gouvernement d'Élisabeth Borne en matière de lutte contre le terrorisme.
La France insoumise est le parti qui recueille le plus d'opinions négatives, avec 49% des Français qui pensent que LFI ferait moins bien que le gouvernement.
Expulsion des étrangers radicalisés: une mesure jugée efficace
Emmanuel Macron a demandé que les préfets passent au peigne fin le fichier des personnes radicalisées susceptibles d'être expulsées de France, a annoncé lundi l'Élysée. Né en Russie et originaire de la république fédérale d'Ingouchie, l'assaillant d'Arras, fiché S, était suivi depuis peu par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). En 2014, sa famille avait été visée par une procédure d’expulsion, finalement annulée.
Il s'agit de "s'assurer que toutes les personnes radicalisées qui sont expulsables l'ont bien été ou d'accélérer les procédures", et de "revérifier qu'il n'y a aucun oubli et qu'on est bien allés au maximum de la procédure", a précisé l'Élysée.
Pour 75% des personnes interrogées par Elabe, l’expulsion de tous les étrangers considérés comme dangereux par les services de renseignement est une mesure efficace pour lutter contre le terrorisme en France (33% très efficace, 42% plutôt efficace). 19% jugent cette mesure pas vraiment efficace et 6% pas du tout efficace.
Peu de Français y croient
Les électeurs Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Valérie Pécresse à la présidentielle de 2022 y sont particulièrement favorables, contrairement à ceux de Jean-Luc Mélenchon qui sont plus partagés (54% jugent la mesure efficace, 46% pas efficace).
Mais l'ensemble de la population se montre très sceptique quant à sa mise en place: 77% pensent qu'elle ne va pas être appliquée. Un doute présent dans tous les électorats, y compris celui d'Emmanuel Macron (60%)