Arnaud Lagardère mis en examen pour « abus de biens sociaux »

Arnaud Lagardère a été mis en examen le 29 avril 2024.
ERIC PIERMONT / AFP Arnaud Lagardère a été mis en examen le 29 avril 2024.

JUSTICE - Le PDG Arnaud Lagardère, soupçonné d’avoir puisé dans les comptes de ses sociétés pour financer son train de vie et ses dépenses personnelles pendant plusieurs années, a été mis en examen à l’issue d’une journée d’interrogatoire par des juges d’instruction financiers, ce lundi 29 avril.

Arnaud Lagardère : qu’est-ce que cette affaire d’abus de biens sociaux qui vise le PDG

L’homme d’affaires, 63 ans, a été mis en examen pour « diffusion d’informations fausses ou trompeuses, achat de vote, abus de biens sociaux et abus de pouvoir et non-dépôt de comptes », a indiqué à l’AFP une source judiciaire. « Il a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de gérer et l’obligation de fournir un cautionnement de 200 000 euros », a-t-elle ajouté.

Suite à cette mise en examen, Arnaud Lagardère a abandonné ce mardi 30 avril ses mandats exécutifs, dont celui de PDG. « Dans le cadre de sa mise en examen, une mesure provisoire d’interdiction de gérer a été prononcée à l’encontre de M. Arnaud Lagardère, mesure qu’il conteste et contre laquelle il va faire appel, mais qui le contraint néanmoins à se démettre de ses mandats exécutifs au sein du groupe », a ainsi indiqué le groupe Lagardère dans un communiqué.

Financer son train de vie

Ce lundi, l’homme d’affaires était arrivé peu après 09 h 00 au tribunal de Paris. Il en est ressorti vers 19 h 30 avec ses avocats Sébastien Schapira et Dimitri Grémont, a constaté l’AFP. Sa défense n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP.

Il a été interrogé dans une information judiciaire ouverte par le parquet national financier (PNF) en avril 2021 sur la base d’une plainte du fonds Amber Capital, d’un signalement de l’Autorité des marchés financiers (AMF) ainsi que d’un signalement du Haut Conseil du commissariat aux comptes (H3C, devenu la Haute autorité de l’audit, H2A), selon la même source. Les faits ont été commis entre avril 2009 et décembre 2022.

Arnaud Lagardère, qui a hérité de l’empire bâti par son père, Jean-Luc Lagardère, à son décès en 2003, est soupçonné d’avoir « fait financer son train de vie et ses dépenses personnelles en puisant dans les fonds des sociétés Lagardère SAS et Lagardère » (LCM), a détaillé la source judiciaire.

Selon une source proche du dossier, l’affaire repose sur des irrégularités comptables qui sont restées dans le périmètre des sociétés personnelles d’Arnaud Lagardère et qui n’ont pas entraîné de préjudice financier pour le groupe Lagardère (médias, édition, distribution dans les gares et aéroports).

L’empire familial démantelé

Dans la décennie suivant la mort de Jean-Luc Lagardère, son héritier s’est endetté, a cédé la branche aérospatiale EADS et vendu plusieurs médias. Il a renoncé en 2021 à la commandite par actions, statut créé par son père qui leur a permis à tous les deux successivement de diriger le groupe Lagardère avec moins de 10 % du capital, précipitant ainsi le démantèlement de l’empire familial.

En novembre 2023, la famille Bolloré et son géant des médias et de l’édition, Vivendi, ont pris le contrôle du groupe Lagardère.

Un autre volet de cette affaire concerne une assemblée générale du groupe Lagardère en mai 2018, lors de laquelle le Qatar, actionnaire de référence, avait fait volte-face au dernier moment en modifiant son vote, initialement en faveur d’Amber Capital, pour finalement soutenir la gouvernance.

Ce vote était intervenu dans le cadre de la lutte d’influence entre Vincent Bolloré, allié d’Amber Capital, et Bernard Arnault, PDG de LVMH, qui soutenait Arnaud Lagardère.

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