Argentine : à Buenos Aires, une manifestation contre Javier Milei fait plusieurs blessés dont des députés

Les Argentins sont descendus dans la rue pour manifester contre les réformes dérégulatrices voulues par leur président ultralibéral Javier Milei.

INTERNATIONAL - Gaz lacrymogène, canons à eau et voitures en feu. Des affrontements impressionnants ont éclaté ce mercredi 12 juin à Buenos Aires entre forces de l’ordre et manifestants anti-Milei. À l’origine de la manifestation, une réforme controversée du président argentin ultralibéral Javier Milei, approuvée par le Sénat ce jeudi matin.

La présidence s’est félicitée de l’« approbation historique » de cette loi phare sur la dérégulation de l’économie, dite « loi omnibus », la qualifiant de « réforme législative la plus ambitieuse des 40 dernières années ». C’est la première fois depuis six mois au pouvoir que Javier Milei obtient un soutien du Parlement, son parti y étant minoritaire.

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Comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessus, c’est en marge des discussions au Sénat ce mercredi que les émeutes ont commencé, faisant une dizaine de blessés. Des manifestants ont tenté de déborder le cordon de sécurité mis en place autour de la Chambre des députés, des voitures ont été incendiées, et la police a riposté à des jets de projectiles par des tirs tendus de balles en caoutchouc et des lances à eau.

Sept personnes, dont cinq députés d’opposition, ont été soignées à l’hôpital, selon le ministère de la Santé, après avoir été aspergées de gaz lacrymogène. Des dizaines de personnes ont également été prises en charge sur place après avoir inhalé les fumées. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos ont montré des manifestants scander des slogans anti-Milei et taper sur des casseroles.

Au moins dix personnes ont été arrêtées et neuf policiers ont été blessés, a indiqué à l’AFP un porte-parole du ministère de la Sécurité. À la tombée de la nuit, les forces de l’ordre finissaient de reprendre le contrôle des rues. La présidence argentine a de son côté dénoncé « les groupes terroristes qui, à l’aide de bâtons, de pierres et même de grenades, ont tenté de perpétrer un coup d’État ».

« Nous ne pouvons pas croire qu’en Argentine, nous discutons d’une loi qui nous ramènera 100 ans en arrière », a résumé, parmi les manifestants, Fabio Nunez, un avocat de 55 ans. Le texte, approuvé définitivement par la chambre haute après quelques modifications à la marge, va retourner entre les mains de la Chambre des députés qui se prononcera sur son adoption définitive.

Parmi les concessions de l’exécutif, le nombre des privatisations, passées d’une quarantaine dans la version initiale à moins de 10, dont celle toujours sur la table de la compagnie aérienne publique Aerolineas Argentinas. Le projet de flexibilisation du marché du travail a aussi été débattu au Sénat. Le sénateur d’opposition Mariano Recalde a estimé que ce projet de loi, les réformes du travail en particulier, « nous ramène au siècle dernier lorsque l’employé n’avait aucun droit ».

La loi est « un accélérateur, un catalyseur du redressement de la situation économique », a pour sa part plaidé le ministre de l’Économie Luis Caputo mercredi, exhortant le Parlement à l’approuver. Mais, se prémunissant contre un éventuel rejet, il a affirmé que le vote ou non de la loi « ne changera rien au fait que ce pays va se redresser quand même, car ce gouvernement ne changera pas de cap. L’ordre macroéconomique se poursuivra ».

Car au-delà des tribulations législatives, la « thérapie choc » d’austérité promise – le « plus grand ajustement budgétaire de l’histoire de l’humanité » comme Javier Milei aime à le répéter – produit déjà des effets depuis décembre : dévaluation brutale du peso (54 %), prix et loyers libérés, fin des subventions aux transports, à l’énergie, gel des chantiers publics, coupes budgétaires tous azimuts, etc.

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