Après la rébellion de Wagner et Evguéni Prigojine, vent de panique à Moscou et en Russie
RUSSIE - Comment ne pas céder à la panique ? Alors que les troupes du groupe paramilitaire russe Wagner avancent vers Moscou, de nombreux Russes tentent de fuir, apeurés par les affrontements entre les soldats de la milice d’Evguéni Prigojine et l’armée régulière, comme l’ont constaté des journalistes présents dans le pays ce samedi 24 juin.
À Rostov-sur-le-Don, ville du sud-ouest de la Russie où Wagner a pris le contrôle du quartier général de l’armée russe, les habitants se sont par exemple rués vers la gare. Comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous, des centaines d’entre eux se sont amassées sur les quais pour fuir les combats qui risquent d’éclater, notamment à l’arrivée des régiments tchétchènes de Rhamzan Khadyrov, dépêchés pour réprimer la mutinerie « dans les zones de tension ».
#Russie La gare de Rostov assaillie par une foule de Russes cherchant à fuir. pic.twitter.com/cqS8Nl9QRr
— Cedric Mas (@CedricMas) June 24, 2023
Les habitants n’auront toutefois pas tous l’opportunité de partir. Comme l’a indiqué la correspondante de RFI à Moscou sur Twitter, une partie des ventes de billets a été bloquée car « certaines directions ne sont plus desservies ».
le correspondant de Kommersant à Rostov rapporte que la gare est bondée et une partie des ventes de billets bloquées car "certaines directions ne sont plus desservies"
— Anissa El Jabri (@anissaeljabri) June 24, 2023
Si certains tentent de fuir par les voies ferrées, d’autres privilégient les airs. D’après le New York Times, qui s’appuie sur les remontées de médias locaux, le prix des billets pour les destinations où les Russes peuvent voyager sans visa (Turquie, Kazakhstan, Géorgie, Arménie…) a fortement augmenté ces dernières heures.
Dans la même veine, le journal allemand Der Spiegel relaie les propos de l’un de ses correspondants sur place expliquant qu’il n’y a plus de billets pour les vols directs au départ de Moscou à destination de Tbilissi, d’Astana et d’Istanbul.
Des départs de l’élite vers Saint-Pétersbourg ?
Comme l’ont fait remarquer plusieurs médias et observateurs du conflit, des hauts dignitaires russes pourraient aussi avoir quitté Moscou. Fermement démentie par le Kremlin, la rumeur d’un départ de Vladimir Poutine circule d’ailleurs largement. Comme l’a noté l’ancien officier de l’armée suisse Christophe Timoursky, qui se base sur le site de traçage aérien FlightRadar, un avion de la flotte présidentielle a pourtant décollé de Moscou dans l’après-midi en direction de Saint-Pétersbourg.
Des avions officiels du gouvernement russe quittent Moscou en direction de Saint-Pétersbourg. pic.twitter.com/HqPfsWPMul
— Christophe Tymowski (@Christophe_Tymo) June 24, 2023
L’agence de presse Nexta, qui s’appuie aussi sur FlightRadar, indique quant à elle que le chef du gouvernement, Mikaïl Mishutin, s’est envolé vers la deuxième ville de Russie, et que Denis Manturov, le ministre russe de l’Industrie et du Commerce, a quitté le pays. Des départs là encore niés par le Kremlin, qui a assuré par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov que Vladimir Poutine et son gouvernement se trouvaient toujours à Moscou.
Are the elites fleeing?
It is reported that Prime Minister Mishustin's plane has left for St. Petersburg.
Several other business jets are also on their way to Russia's northern capital.
In addition, the richest member of the government, Deputy Prime Minister Denis Manturov,… pic.twitter.com/zRh0d1Llxe— NEXTA (@nexta_tv) June 24, 2023
Depuis ce samedi 24 juin, les soldats russes et les paramilitaires de la milice Wagner s’affrontent. Une conséquence directe de l’appel à la rébellion lancé par le fondateur de la milice, Evguéni Prigojine. Ce dernier a promis d’aller « jusqu’au bout » et de détruire « tout ce qui sera mis sur (leur) route » vers Moscou, avant de se raviser en fin de journée, appelant au retrait de ses troupes pour éviter un bain de sang.
Un revirement inattendu qui aurait notamment été rendu possible grâce aux négociations menées par le président bélarus, Alexandre Loukachenko, avec le chef de la milice Wagner.
La colère du patron de Wagner, longtemps allié de Vladimir Poutine, avait été déclenchée par une attaque de l’armée russe qui aurait tué « grand nombre » de ses soldats dans des frappes à l’arrière du front ukrainien. De graves accusations niées en bloc par Moscou, qui parle d’une « mutinerie armée » et promet des représailles.
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