Après le Qatar, le rôle du Maroc dans le scandale de corruption au Parlement européen interroge

A general view of the European Parliament building, in Strasbourg, eastern France, on May 9, 2022. (Photo by Ludovic MARIN / various sources / AFP)
LUDOVIC MARIN / AFP A general view of the European Parliament building, in Strasbourg, eastern France, on May 9, 2022. (Photo by Ludovic MARIN / various sources / AFP)

CORRUPTION - Faut-il désormais parler de MoroccoGate ou MarocGate au Parlement européen ? Alors que l’institution est éclaboussée par un scandale de corruption impliquant le Qatar, les enquêteurs belges se penchent également sur des pots-de-vin versés par le Maroc à des eurodéputés.

C’est à partir des déclarations du compagnon d’Eva Kaili, vice-présidente déchue du Parlement européen, Francesco Giorgi, que les enquêteurs ont planché sur ce nouveau pan du dossier. D’après les médias Le Soir et La Repubblica, il aurait non seulement reconnu les faits de corruption en lien avec le Qatar, mais également avec le Maroc.

Car Francesco Giorgi n’est pas que le compagnon d’Eva Kaili. Il a également été pendant plusieurs années l’assistant parlementaire du très influent Pier-Antonio Panzeri, un ex-eurodéputé socialiste italien actuellement incarcéré pour son implication dans le QatarGate et qui semble être au cœur de ce réseau de corruption.

Panzeri au centre d’un réseau de corruption ?

Selon les aveux de Francesco Giorgi, Pier-Antonio Panzeri alors eurodéputé aurait tenté d’influencer les politiques européennes concernant le Sahara occidental, un territoire au sud du Maroc revendiqué par Rabat et par le Front polisario soutenu par l’Algérie, et sur les flux de migrants.

Ses propos sont corroborés par une note datée de 2011 et obtenue par BFMTV. Dans celle-ci, l’ambassadeur du Maroc évoquait le cas du Sahara occidental, au cœur des préoccupations du Parlement à l’époque. « Le meilleur moyen de gérer cette pression est de la canaliser par le biais d’Antonio Panzeri. Sur cette question, Antonio Panzeri a entamé un travail méthodique depuis son élection à la tête de la délégation du Maghreb », écrivait alors l’ambassadeur.

Depuis son échec aux élections et son départ du Parlement en 2019, c’est par le biais de l’ONG Fight Impunity (« Combattre l’impunité ») qu’il a cofondée que Pier-Antonio Panzeri a continué son travail de lobbying et aurait reçu de l’argent du Maroc, détaille Le Monde, qui a eu accès à des éléments de l’enquête menée en Belgique.

Le rôle du diplomate Abderrahim Atmoun en question

L’argent aurait transité par un intermédiaire, Abderrahim Atmoun, actuel ambassadeur du Maroc en Pologne. Ce dernier était également co-président, avec Pier-Antonio Panzeri, de la commission mixte Maroc-UE entre 2011 et 2019. C’est aussi grâce à lui que l’eurodéputé aurait noué « un pacte secret » avec la DGED, les services secrets marocains, en 2019, ajoute Le Monde.

À ces révélations accablantes s’ajoute la demande d’extradition de l’épouse et de la fille de Panzeri. Le document consulté par Politico, qui résulte d’écoutes, affirme que les deux femmes étaient « tout à fait au courant des activités » et « participaient même aux transports des cadeaux » faits par le diplomate.

Pier-Antonio Panzeri ne serait pas le seul à avoir reçu de l’argent du Maroc et du Qatar. Toujours d’après les révélations de Francesco Giorgi, l’Italien Andrea Cozzolino (membre de la délégation parlementaire pour les relations avec les pays du Maghreb) et le Belge Marc Tarabella (membre de la délégation pour les relations avec la Péninsule arabique) auraient des liens douteux avec Rabat et Doha. L’enquête sur la corruption au Parlement européen ne fait que commencer.

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