Après la mort de Nahel à Nanterre, ces paroles de SCH et Ninho sur les émeutes de Clichy-sous-Bois 2005 sont partout

Photo d’illustration. Comme de nombreux autres rappeurs, SCH a fait part de sa colère après la mort de Nahel, 17 ans, abattu par la police mardi 27 juin après un refus d’obtempérer.
Photo d’illustration. Comme de nombreux autres rappeurs, SCH a fait part de sa colère après la mort de Nahel, 17 ans, abattu par la police mardi 27 juin après un refus d’obtempérer.

FAITS DIVERS - « Ils veulent pas que ça brûle comme en 2005, pourtant ils refont les mêmes erreurs. » Ces paroles de Ninho, rappées sur le titre Prêt à partir de SCH paru en 2019, paraissent plus que jamais d’actualité ce mercredi 28 juin, au lendemain de la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un tir de police lors d’un contrôle routier à Nanterre (Hauts-de-Seine).

Alors que plusieurs quartiers de Nanterre se sont embrasés dans la nuit de mardi à mercredi, donnant parfois lieux à des affrontements directs avec la police, de nombreux internautes ont partagé, comme vous pouvez le voir dans les tweets ci-dessous, ces paroles sur les réseaux sociaux.

Une référence claire aux violences urbaines qui avaient suivi la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, deux jeunes électrocutés en octobre 2005 à Clichy-sous-Bois alors qu’ils tentaient de se soustraire à un contrôle de police, devenus malgré eux le symbole des violences policières dans l’Hexagone.

L’exécutif prône l’apaisement

Agacée par certaines réactions politiques justifiant le comportement de la police − et notamment son recours à la force −, Clémentine Autain, députée LFI de Seine-Saint-Denis (93), a elle aussi fait le parallèle entre les deux affaires.

« 18 ans après la mort de Zyed & Bouna, ce même discours. La “violence légitime” détenue par les policiers n’autorise aucunement à tuer, a-t-elle estimé. La légitime défense est le cas d’exception. L’État de droit n’est pas le droit de mourir pour refus d’obtempérer. La justice en est la condition. »

Malgré quelques voix dissonantes à droite et à l’extrême droite, l’exécutif prône aujourd’hui l’apaisement, et n’hésite pas à reconnaître un comportement inadapté des policiers lors du contrôle de Nahel.

En 2005, le président Chirac avait mis dix jours à réagir à la mort de Zyed et Bouna. Cette fois-ci, le président Macron s’est exprimé moins de 24 heures après les faits, estimant que « rien ne justifie la mort d’un jeune ». La Première ministre Élisabeth Borne a pour sa part déclaré que l’intervention policière n’était « manifestement pas conforme aux règles », tandis que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a dénoncé des « images choquantes ».

Le monde du rap au chevet de la famille de Nahel

Les fans de rap et les politiques n’étaient pas les seuls à partager leur indignation ce mercredi. Apportant « tout (s)on soutien » aux proches de Nahel, ainsi qu’à « nos quartiers », SCH a lui-même fait part de sa colère sur les réseaux sociaux. « Je vois des tweets hallucinants, c’est à se demander s’il reste encore un peu d’humanité chez certains. Vous pourrez trouver toutes les excuses de la terre pour justifier l’acte, ça ne ramènera pas ce pauvre gosse de 17 ans à ses parents », a-t-il écrit.

De nombreux autres rappeurs hexagonaux se sont joint aux hommages. « Une pensée pour Naël #Nanterre », a réagi sur Instagram Jul, l’autre star du rap Marseillais et plus gros vendeur du rap tricolore, accolant à son message un poing levé et une colombe.

« Un défaut d’permis ou un refus d’optempérer (sic) ne doit pas permettre à un policier hors de danger de commettre un meurtre sur la voie publique. Ça aurait été Pierre Palmade ou le fils de Nadine (Morano) au volant, défoncé à la coke et je n’sais quoi d’autres, je doute fort qu’ils se seraient fait exécuter de la sorte », a écrit Rohff, tenant du rap à l’ancienne.

« Les tweets d’indignation, ça va deux minutes », a pour sa part réagi le rappeur Sadek, promettant de reverser le cachet de son prochain concert, d’une valeur de 9 000 euros, à la famille de Nahel. « C’est pas grand chose mais chacun doit agir à son échelle », a-t-il estimé, se disant disponible pour « toute action concrète ».

D’autres personnalités issues de cette scène, dont Hamza ou SDM, ont également réagi sur les réseaux sociaux. « Malheureusement j’ai l’impression que c’est toujours la même histoire ! Y en a marre de voir nos petits frères et sœurs partir pour rien », a déploré le premier. « On attend qu’une justice digne de ce nom honore la mémoire de notre petit frère », a souligné le second.

« Justice pour Nahel », a sobrement écrit sur Twitter Médine. Très engagé sur les sujets de société et les violences policières, le rappeur havrais avait d’ailleurs lui aussi écrit sur la mort de Zyed et Bouna en 2005, dans le titre Grand Paris : « Dès que le cœur d’un grand homme s’arrête, Paris donne son nom à une artère. Moi j’suis pour que le Boulevard de la Villette soit rebaptisé Bouna et Zyed. »

« J’ai mal à ma France », dit Mbappé

Le capitaine de l’équipe de France de foot Kylian Mbappé a également exprimé sa colère ce mercredi matin, qualifiant l’incident d’« inacceptable ». « J’ai mal à ma France », a-t-il encore écrit.

« Mes pensées et prières vont à la famille et aux proches de Naël (sic), mort à 17 ans ce matin, tué par un policier à Nanterre. Qu’une justice digne de ce nom honore la mémoire de cet enfant », a également réagi l’interprète de la série « Lupin », Omar Sy.

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