Après l’attaque du Hamas sur Israël, comment se protéger de l’impact des images violentes publiées

Des bombardements sur la bande de Gaza menés par l’armée israélienne, le 7 octobre.
SOPA Images / SOPA Images/LightRocket via Gett Des bombardements sur la bande de Gaza menés par l’armée israélienne, le 7 octobre.

PSYCHOLOGIE - Civils qui fuient les combats, cadavres sur les routes, bombardements… Impossible de passer à côté de l’offensive éclair du Hamas contre Israël, survenue le samedi 7 octobre 2023, et de la riposte de l’armée israélienne, surtout si on a suivi les événements en direct sur les réseaux sociaux et dans les médias. Des images très violentes des multiples attaques, où sont mortes plus de 700 personnes, ont été diffusées, et parfois reprises sans filtres sur Twitter ou Instagram - surtout dans un contexte où le Hamas a publié des vidéos des otages et des victimes, à des fins de propagande, comme le relate France 2.

Pour les spectateurs et spectatrices de ces actualités, qui se sont attardés sur ces vidéos ou photos des faits, un sentiment de malaise, voire de stress, a pu être ressenti. Ce qui est tout à fait normal. Car l’exposition à ces images violentes peut avoir un impact sur notre santé mentale, selon Jean-Paul Santoro, psychologue clinicien spécialisé dans le numérique que nous avons contacté.

« On peut ressentir une angoisse, une peur, du dégoût, du malaise… Notre ressenti peut aller jusqu’à provoquer un débordement émotionnel, voire une vraie crise d’angoisse », alerte-t-il. En cas de visionnage répété, certaines personnes peuvent développer un sentiment d’anxiété et d’insécurité sur le long terme. D’où l’importance de se protéger de ces images avec certaines techniques.

Comment ne pas être affecté

Le psychologue rappelle : « C’est un choix de ne pas s’y confronter [aux images violentes, ndlr]. On peut choisir de privilégier l’information textuelle, la radio et les sites plus officiels que les chaînes d’information en continu, les pages Twitter ou les réseaux sociaux. »

Mais Jean-Paul Santoro reconnaît qu’il arrive de « ressentir une sorte de fascination en même temps qu’un sentiment d’horreur. » Certaines personnes ont donc parfois du mal à se couper de ces images. D’autres n’ont pas le choix d’en regarder - dans le cadre du travail, par exemple, ou peuvent les visionner par inadvertance, dans un lieu public par exemple. Dans ces cas-là, si l’on est touché par ce qu’on a vu, le psychologue conseille de verbaliser son émotion avec un proche, afin de dépasser le choc.

Il préconise de porter une analyse critique sur ce qu’on vient de voir afin de recontextualiser les faits, en ne laissant pas ces seules scènes violentes exister : « On peut écouter une émission avec des spécialistes qui donneront un sens aux images. » Il est rejoint par Agnès Florin, psychologue de l’enfant que nous avons contacté, qui conseille de « réfléchir à la situation en se demandant ce qui a provoqué ce massacre ».

Et si des enfants - qui font partie des personnes à risque avec les personnes fragiles psychiquement - ont été exposés à ces images, elle recommande aux adultes de « les impliquer dans leurs réflexions et leur expliquer », car ils risquent de poser des questions.

Agnès Florin rappelle l’importance de « ne pas s’enfermer dans des pensées négatives ». Pour cela, elle incite les personnes qui auraient été touchées émotionnellement par des images violentes à se consacrer à d’autres activités, comme le sport, le cinéma, les loisirs… « Ça permet d’oublier la cruauté du monde », rappelle-t-elle. Et si ces images vous affectent vraiment trop, vous pouvez toujours consulter un psychologue.

Notre empathie nous joue des tours

Si nous pouvons être affectés par certaines images, c’est en fait à cause de notre sentiment d’empathie. Jean-Paul Santoro nous explique qu’une scène réelle sera beaucoup plus insupportable qu’une vidéo fictive de violence, comme dans un film. « Je peux ressentir une souffrance pour la personne concernée. Je me projette et c’est profondément douloureux, car je n’aimerais pas être à sa place », explique-t-il.

Pour Agnès Florin, une scène de tirs sera potentiellement moins choquante que des images montrant « des personnes qui souffrent, pleurent ou portent un enfant mourant dans leurs bras ». « Car on est dans le partage d’émotion », rappelle-t-elle.

Le visionnage d’images violentes, surtout s’il est répété, peut aussi provoquer un sentiment « d’habituation à la violence », selon Jean-Paul Santoro. « La violence peut devenir acceptable si on y est trop souvent exposé. Nos capacités d’altruisme et d’empathie peuvent diminuer » explique le psychologue, qui donne comme exemple : « On peut mettre du temps à réagir, ou tout simplement ne pas réagir du tout, lorsqu’une personne est agressée sous nos yeux. » Mais il s’agit bien là d’un cas extrême, précise-t-il.

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