Après l’attaque du Hamas sur Israël, l’extrême droite sur une ligne de crête

Après l’attaque menée par le Hamas palestinien contre Israël, l’extrême droite française, incarnée par Marine Le Pen et Eric Zemmour, se retrouve sur une ligne de crête.
HuffPost Après l’attaque menée par le Hamas palestinien contre Israël, l’extrême droite française, incarnée par Marine Le Pen et Eric Zemmour, se retrouve sur une ligne de crête.

POLITIQUE - Attention, sujet (très) glissant. Après l’attaque terroriste d’ampleur menée par le Hamas contre Israël ce weekend, une marche est organisée par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), à laquelle participeront plusieurs associations comme la Licra et SOS Racisme. Plusieurs responsables politiques sont aussi attendus, à l’image des ministres Olivier Véran et Prisca Thevenot, de cadres du parti Renaissance et de plusieurs élus du Parti socialiste.

Mais d’autres personnalités et élus préfèrent s’en tenir à distance. C’est notamment le choix fait par Marine Le Pen, selon des informations du Parisien confirmées au HuffPost. Présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, la députée du Pas-de-Calais a confié la mission aux élus RN membres du groupe d’amitié parlementaire France-Israël à l’Assemblée nationale, où siègent 19 élus lepénistes, d’y représenter le parti à la flamme tricolore. Parmi eux, on trouve notamment Sébastien Chenu, Jean-Philippe Tanguy, Julien Odoul ou Thomas Ménagé.

Ni Marine Le Pen, ni Jordan Bardella

La cheffe de file du parti, elle, a décidé d’en rester éloignée pour ne pas « politiser » l’événement. Quid du président du RN Jordan Bardella ? « Il est au Parlement européen », élude son entourage. Il faut dire que Marine Le Pen n’est pas très bien perçue du côté du Crif, qui a toujours refusé de l’inviter à son dîner annuel. Une ostracisation qui résiste encore à la normalisation recherchée par la fille de Jean-Marie Le Pen, laquelle paie l’histoire de sa formation politique.

Malgré cela, l’intéressée exprime souvent son soutien à Israël, notamment dans la lutte contre le terroriste islamiste, se disant même en « fraternité » avec l’État hébreu sur ce point. Reste qu’il y a des souvenirs difficiles à effacer pour Marine Le Pen. Comme certaines de ses anciennes fréquentations, de l’essayiste antisémite Alain Soral avec lequel elle a fait campagne, à ses anciens camarades du Gud, syndicat étudiant d’extrême droite notoirement anti-Israël.

En 2017, ses propos polémiques sur la rafle du Vel d’Hiv, selon lesquels « la France n’était pas responsable », n’ont pas vraiment arrangé son cas. À l’époque, le Crif avait dénoncé « une manière d’inscrire le FN dans cette campagne dans sa tradition vichyste et collaborationniste ». Ce qui peut expliquer la prudence de Marine Le Pen ce lundi 9 octobre, consciente que sa présence sur place pourrait, a minima, provoquer un malaise, voire déboucher sur une séquence qui torpillerait son objectif de normalisation.

Éric Zemmour sur CNews

Une ligne de crête, entre soutien exprimé et discrétion embarrassée, également empruntée par Éric Zemmour. Le fondateur de Reconquête ! ne participera pas non plus au rassemblement, au motif d’un passage télévisé sur CNews. « Des militants et des sympathisants y seront », affirme un membre du premier cercle, précisant que le parti zemmouriste « soutient l’initiative ». Mais de loin. Et sans personnalité d’envergure sur place.

Partisan d’une ligne identitaire, Éric Zemmour a pourtant tout de suite pris fait et cause pour Israël après l’attaque survenue samedi. Le polémiste a publié une vidéo dans laquelle il fait un parallèle entre la situation au Proche-Orient et les attentats qui ont frappé la France entre 2012 et 2016. Une récupération qui a tout de suite été dénoncée comme telle. « Toi qui as confondu l’assassin Merah avec ses victimes, tu viens faire de la retape ? Retourne plutôt fleurir la tombe de Pétain avec les tiens », a répliqué sans ambages l’avocat Patrick Klugman, ancien président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), en référence (entre autres) aux propos révisionnistes tenus par Éric Zemmour sur le régime de Vichy.

Des propos qui avaient fait bondir le Crif et pour lesquels le polémiste est renvoyé devant la justice. Éric Zemmour avait également provoqué l’émoi en affirmant « qu’on ne saura jamais » si le capitaine Dreyfus était effectivement innocent (en dépit des travaux étayés des historiens sur le sujet). « Pas une voix juive ne doit aller au candidat potentiel Zemmour », avait d’ailleurs lancé à l’automne 2021 Francis Kalifat, alors président du Crif. De quoi, effectivement, expliquer la préférence de l’intéressé pour l’accueil bienveillant d’un plateau de CNews à la place Victor Hugo d’où s’élancera la marche de ce lundi, qui se terminera au pied d’une tour Eiffel illuminée aux couleurs du drapeau d’Israël.

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