Après le baiser forcé de Luis Rubiales, des membres du staff de l’équipe féminine démissionnent

Le sélectionneur Jorge Vilda (à gauche) avec le président de la fédération de football Luis Rubiales le 20 août 2023.
Le sélectionneur Jorge Vilda (à gauche) avec le président de la fédération de football Luis Rubiales le 20 août 2023.

ESPAGNE - L’hémorragie continue. Des membres de l’encadrement de la sélection féminine espagnole de football ont annoncé ce samedi 26 août avoir présenté leur démission, après le baiser forcé du président de la fédération espagnole Luis Rubiales sur la joueuse Jenni Hermoso, laissant le sélectionneur Jorge Vilda sans adjoints.

Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, les signataires, dont l’adjointe de Vilda Montse Tomé, affirment « avoir pris la décision de présenter leur démission » à la RFEF et expriment « leur condamnation ferme et catégorique du comportement de Luis Rubiales à l’égard de Jennifer Hermoso ».

Parmi les signataires du communiqué figurent aussi des membres du staff des sections jeunes (U16, U17, U19, U20). Leur décision fait suite à celle des 23 joueuses de l’équipe nationale, qui ont annoncé vendredi qu’elles refusaient de rejouer en sélection sous la direction actuelle de la fédération.

Jorge Vilda a réagi ce samedi soir pour la première fois sur cette polémique, condamnant « comportement inapproprié » de Luis Rubiales. « C’est inacceptable et ne reflète pas les principes et les valeurs que je défends dans ma vie, dans le sport en général et dans le football en particulier », a-t-il ajouté dans un communiqué.

L’internationale espagnole de 33 ans avait assuré vendredi soir s’être sentie « vulnérable et victime d’une agression » lorsqu’elle a été embrassée par Luis Rubiales, 46 ans, dimanche lors de la cérémonie de remise des médailles du Mondial, après avoir affirmé que ce baiser « n’était pas consenti ».

« L’image d’une Espagne machiste »

Ce baiser avait déjà été très commenté dès le lendemain de la finale. Luis Rubiales avait vite démenti, assurant que le baiser était consenti. Malgré la polémique, il a refusé de démissionner et attaqué « le faux féminisme ». Dans la nuit de vendredi à samedi, la Fédération espagnole de football (RFEF) a aussi qualifié de « mensonges » les accusations portées contre lui. L’instance a annoncé engager des actions en justice pour défendre son dirigeant.

Cette affaire, déjà surnommée le « #MeToo du football espagnol », a suscité une avalanche de critiques et de pressions envers Luis Rubiales dans le monde sportif et politique, en Espagne et au-delà, et fait la une de médias du monde entier. Rubiales a d’ailleurs été suspendu provisoirement par la Fifa.

Dans une interview à El Pais, le ministre espagnol des Sports, Miquel Iceta, déplore « un épisode qui nous a amené l’image d’une Espagne machiste », alors que le pays est souvent présenté comme en pointe en matière de luttes contre les violences faites aux femmes.

Il s’en remet au Tribunal administratif du sport (TAD), à-même de juger si les faits reprochés à Luis Rubiales violent les lois du sport. « Si le TAD accepte la plainte du gouvernement, nous procéderons immédiatement à la suspension des fonctions de président de la fédération », a-t-il averti, avant la décision de la Fifa.

La RFEF, « une organisation sexiste et patriarcale »

Juste après la sentence de la Fifa, le sélectionneur de l’équipe espagnole masculine Luis de la Fuente a lui aussi pris ses distances avec Luis Rubiales en dénonçant un comportement « inapproprié ». Une partie de l’équipe technique de la sélection féminine a de son côté exprimé dans un communiqué sa « condamnation » du geste de Rubiales et a dit remettre leur avenir « entre les mains de la fédération ».

De nombreux sportifs ibériques ont également pris fait et cause pour Hermoso comme les footballeuses Alexia Putellas et Aitana Bonmati, la légende du basket Pau Gasol ou l’ancien gardien du Real Madrid Iker Casillas, qui ont dénoncé un comportement et des propos « inacceptables » de la part de Luis Rubiales.

Samedi, plusieurs joueuses de l’équipe de France féminine, dont la gardienne Pauline Peyraud-Magnin, leur ont emboîté le pas sur les réseaux sociaux. Certaines joueuses de l’équipe nationale d’Angleterre, finalistes contre l’Espagne, ont même publié un communiqué fustigeant « les actions inacceptables permises par une organisation sexiste et patriarcale ».

Plusieurs clubs, joueurs et entraîneurs de la Liga masculine, dont l’entraîneur du FC Barcelone Xavi Hernandez, ont aussi condamné le comportement du patron du foot espagnol et apporté leur soutien à Jenni Hermoso.

Quatre plaintes pour agression sexuelle

Sur le plan pénal, le patron du foot espagnol fait l’objet de quatre plaintes pour agression sexuelle reçues vendredi par le parquet espagnol, mais aucune ne provient de la joueuse pour l’instant.

Dans la nuit de vendredi à samedi, la Fédération espagnole de football avait qualifié de « mensonges » les accusations portées contre lui. L’instance avait annoncé engager des actions en justice pour défendre son dirigeant.

La RFEF a accompagné sa publication de quatre photos pour montrer que, selon elle, « les pieds du président sont ostensiblement soulevés du sol par l’action de la joueuse » qui précède le baiser. Ce qui prouverait, selon l’instance, la bonne foi de M. Rubiales, et les « mensonges » d’Hermoso.

Après l’annonce de la suspension de Luis Rubiales par la FIFA, la RFEF a publié ce samedi un nouveau communiqué dans lequel elle maintient que Jenni Hermoso « ment dans toutes ses déclarations contre le président » et indiquant que Pedro Rocha Junco, vice-président, assurerait l’intérim à la tête de la Fédération durant la suspension de son patron.

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