Après son AVC, Audrey Cordon-Ragot se confie sur une pathologie mal connue des sportifs

Gold medalist Audrey Cordon-Ragot celebrates on the podium after winning the French Elite women road cycling championship in Grand Champ, western France on August 22, 2020. (Photo by Damien MEYER / AFP)
DAMIEN MEYER / AFP Gold medalist Audrey Cordon-Ragot celebrates on the podium after winning the French Elite women road cycling championship in Grand Champ, western France on August 22, 2020. (Photo by Damien MEYER / AFP)

SPORT - Un accident vasculaire cérébral (AVC) qui « aurait pu être dramatique ». Dans une interview à L’Équipe parue ce mardi 25 octobre, la cycliste Audrey Cordon-Ragot, multiple championne de France de cyclisme sur route et de contre-la-montre, se confie longuement sur son accident survenu le 11 septembre dernier. « Le terme ’AVC’ m’a vraiment fait très, très peur. Au début, je me mettais à pleurer dès que je le prononçais », raconte celle qui a « craint pour ma carrière. » Elle estime d’avoir eu beaucoup de chance en raison de sa profession : « Je suis sportive et des médecins ont pris mon cas au sérieux. »

« Les symptômes que j’avais – vomissements, fourmis dans les jambes, acouphènes et sensation d’ivresse – étaient vraiment atypiques et ne correspondaient pas aux symptômes habituels », raconte Audrey Cordon-Ragot. Aux urgences, elle avoue être dans un « flou total. » On lui dit qu’elle a du diabète, on lui prescrit des médicaments anti-vertigineux… C’est la Fédération française de cyclisme qui insiste pour qu’elle passe une IRM, car elle doit s’envoler pour les mondiaux en Australie.

« C’est là qu’on a découvert que j’avais fait un AVC. Ça a été un énorme choc. » Audrey Cordon-Ragot déclare évidemment forfait pour les mondiaux et vit très mal les premiers jours d’incertitude : « J’ai eu peur de ne jamais être en mesure de reprendre le vélo. C’est ça qui m’a le plus stressée. »

Elle reçoit par ailleurs des messages de haine l’accusant de ne pas aller au mondial par caprice ou par manque d’amour pour le maillot. Ce qui la pousse à parler publiquement de son accident. Un mal pour un bien, puisqu’elle reçoit alors énormément de messages de soutien : « J’ai reçu tellement de bouquets à la maison, j’ai cru que j’allais ouvrir un magasin de fleurs ! Mon entourage m’a donné la force de rester positive, de me convaincre que ce n’était pas un putain d’AVC, désolée du terme, qui allait me foutre par terre. »

La chance d’être une sportive

Aujourd’hui, la Bretonne de 33 ans est tirée d’affaire. Mais elle réalise la chance qu’elle a eue : sans la fédération qui a insisté pour qu’elle passe un IRM, son accident aurait pu être beaucoup plus grave : « Sans anticoagulant, j’aurais sans doute refait un AVC. (...) J’aurais pris l’avion pour participer à la course en ligne le dimanche suivant et j’en serais sortie handicapée, ou je n’en serais jamais sortie du tout. J’ai vraiment eu beaucoup de chance. »

« Je me suis rendu compte que des gens mouraient de cette cause-là parce qu’on ne la diagnostiquait pas assez rapidement. (...) Beaucoup de gens font de petites attaques comme la mienne, mettent ça sur le coup de tout et rien, rentrent chez eux sans être soignés, font des choses qu’ils ne devraient pas faire et en meurent », déplore la cycliste qui regrette que le monde du sport ne prenne pas suffisamment en compte ce risque.

« J’ai reçu un nombre incroyable de messages de gens, notamment de sportifs de haut niveau, qui ont vécu la même chose que moi », raconte-t-elle avant de dénoncer : « Les statistiques sur les décès liés aux AVC chez les moins de 40 ans sont effrayantes, et on n’a toujours pas de protocole comme en gynéco. C’est fou. »

Opérée jeudi 20 octobre dernier pour « boucher un petit trou dans son cœur », à l’origine de son AVC, Audrey Cordon-Ragot compte poursuivre sa carrière jusqu’aux Jeux Olympiques de Paris en 2024. Elle s’enthousiasme même à l’idée de reprendre la compétition : « La science est incroyable. Il n’y a plus qu’à récupérer de l’opération et repartir à l’entraînement. J’ai hâte. »

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