Après les émeutes, Booba évoque un « abcès qui avait besoin de péter » et déplore la faiblesse de l’État

Booba, ici en 2019, s’est exprimé sur les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel fin juin 2023.
Booba, ici en 2019, s’est exprimé sur les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel fin juin 2023.

MORT DE NAHEL - Booba donne son avis depuis Miami. Le rappeur, qui habite aux États-Unis, juge ce dimanche 6 août l’État français « beaucoup trop mou et faible » et regrette que les jeunes n’aient « pas peur de la police » dans un entretien où il est interrogé sur les émeutes survenues en France après la mort de Nahel.

Dans cette interview publiée par les journaux du groupe Ebra, le chanteur, âgé de 46 ans, qualifie de « triste bavure » la mort du jeune Nahel, tué fin juin par un policier à Nanterre. « Bien sûr que c’était choquant. Le policier n’était visiblement pas en danger de mort. C’est une triste bavure mais en réalité ça ne m’étonne pas, ce n’est pas la première fois que ça arrive », dit Booba.

« Quant aux émeutes, je trouve surtout que la police, le système judiciaro-carcéral, et plus globalement l’État, ne se font pas respecter », poursuit-il. « Les jeunes n’ont pas peur de la police, l’État est beaucoup trop mou et faible ».

Une comparaison bancale avec les États-Unis

Le natif des Hauts-de-Seine ajoute qu’à son avis « les peines de prison sont trop légères et surtout rarement appliquées, les policiers sont discrédités ». Le rappeur, qui vit à Miami, estime qu’aux États-Unis « c’est loin d’être parfait mais tu ne défies pas la police à la bagarre ».

Comme le souligne le journal Le Progrès, plus de 1 000 personnes ont été tuées par la police aux États-Unis en 2021. Malgré tout, il insiste : « C’est loin d’être parfait et toutes ces bavures le prouvent. Mais ce n’est pas une raison pour se satisfaire de ce qu’on a en France ! »

« Regardez, la prison ne fait pas peur non plus, c’est tellement léger à certains niveaux ! (...) C’est une question de crédibilité, c’est comme à l’école, si on sait que la prof de géographie est une “quiche” on va lui jeter des craies, si on sait que le prof de français est sévère au moindre ricanement, on va tous se tenir à carreaux. C’est aussi simple que ça », tranche-t-il.

« Histoire d’exister »

Booba, de son vrai nom Elie Yaffa, voit dans les émeutes un « abcès qui avait besoin de péter ». « Ce n’était pas forcément dû à la mort du petit Nahel, c’est l’expression d’un mal-être, d’un ras-le-bol, de l’ennui en banlieue, de la situation financière », observe-t-il. « Ils se sont défoulés », dit-il à propos des émeutiers. « C’est un cri de désespoir. Ils savent très bien que ça ne résoudra rien, c’est histoire d’exister ».

Considéré comme le plus fortuné des rappeurs français, Booba a lui-même eu maille à partir avec les autorités par le passé pour des violences, notamment en 2018 à la suite d’une bagarre à l’aéroport d’Orly avec un autre musicien, Kaaris.

À la suite de cet incident, les deux hommes avaient été condamnés à 18 mois de prison avec sursis et 50 000 euros d’amende ainsi qu’à payer plus de 45 000 euros au titre des dommages occasionnés.

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