Antisémitisme sur des campus américains: la présidente d'Harvard maintenue en poste

Sous pression depuis une audition houleuse au Congrès américain sur le thème de l'antisémitisme, la présidente d'Harvard Claudine Gay reste en poste. Ce mardi 12 décembre, le conseil d'administration de l'université a déclaré qu'il lui "réaffirmait son soutien".

"Nos délibérations approfondies nous confortent dans l'idée que la présidente Gay est la personne la mieux placée pour aider notre communauté à guérir et pour s'attaquer aux très graves problèmes de société auxquels nous sommes confrontés", a déclaré dans un communiqué la Harvard Corporation, la plus haute instance dirigeante de l'université.

"En cette période tumultueuse et difficile, nous soutenons unanimement la présidente Gay", affirment les dirigeants de l'université.

Soutien des professeurs

Dans un texte, près de 700 professeurs s'étaient opposés lundi aux appels à la démission de la présidente de la prestigieuse université, accusée d'avoir mal géré des problèmes d'antisémitisme sur le campus, appelant la plus haute instance de l'institution qui se réunit lundi à résister "aux pressions politiques".

"Nous vous demandons instamment de défendre l'indépendance de l'université et de résister aux pressions politiques, y compris les appels à la destitution de la présidente Claudine Gay, qui sont contraires à l'engagement d'Harvard en faveur de la liberté académique", ont écrit les professeurs à l'attention de la Corporation d'Harvard.

"La protection cruciale d'une culture de la libre pensée dans notre communauté diverse est impossible si nous la laissons dicter par des forces extérieures", ajoutaient-ils.

Démission de la présidente d'UPenn

Plus de 70 membres du Congrès américain, en grande majorité des républicains, avaient réclamé la démission de Claudine Gay, après une audition parlementaire mardi dernier où ses réponses sur la condamnation de l'antisémitisme ont été sévèrement critiquées comme trop ambiguës.

Également auditionnée et tout autant critiquée, Elizabeth Magill, la présidente d'UPenn (Philadelphie), l'une des autres universités privées de l'Ivy League, a quant à elle remis sa démission samedi.
Depuis les attaques sanglantes du Hamas en Israël le 7 octobre, suivies de représailles meurtrières de l'armée israélienne dans la bande de Gaza, le conflit déchaîne les passions dans des universités renommées aux Etats-Unis, comme Harvard, UPenn (Philadelphie), ou Columbia (New York), où deux groupes d'étudiants pro-palestiniens ont été suspendus. De nombreuses voix dans le camp républicain, mais aussi démocrate, ont dénoncé une flambée d'incidents antisémites sur les campus et critiqué une réponse trop faible des présidents d'universités, sur fond de critiques récurrentes des conservateurs contre les campus américains qu'ils jugent trop à gauche.

Après l'audition des dirigeantes du MIT, d'Harvard et de UPenn mardi dernier, la Chambre des représentantes - aux mains des républicains - a annoncé l'ouverture d'une enquête sur l'"antisémitisme endémique" dans les campus.

Du côté de l'administration Biden, le Département de l'Éducation a lancé plusieurs enquêtes sur des faits de discriminations dans des écoles. Fin octobre, la Maison-Blanche s'était émue d'une "hausse alarmante des incidents antisémites dans les écoles et sur les campus universitaires".

Article original publié sur BFMTV.com