Anne-Sophie Jahn sur “Les derniers jours de Johnny” : “Ce rendez-vous manqué entre Johnny et David, c'est à la fois très émouvant et très triste"

La journaliste Anne-Sophie Jahn a récemment sorti un ouvrage intitulé "Les derniers jours de Johnny" (ed. Grasset) dans lequel elle raconte les derniers instants de la vie du chanteur. Pour Yahoo, elle est revenue sur ses dix années d’enquête et a livré quelques confidences sur le combat du taulier contre le cancer et sur sa relation avec ses proches.

C’était il y a plus de sept ans. Dans la nuit du 5 au 6 décembre 2017, les proches de Johnny Hallyday ont annoncé sa mort. Une nouvelle que personne n’a osé croire et qui pourtant, était bien vraie. Très malade, le chanteur, que tout le monde pensait invincible et immortel, s’en est allé à l'âge de 74 ans à son domicile de Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine) des suites d'un cancer du poumon.

Mais comment a-t-il vécu ses derniers jours de vie ? Comment a-t-il appréhendé sa maladie ? Des questions sur lesquelles s’est attardée la journaliste Anne-Sophie Jahn qui a récemment publié un ouvrage sur le sujet. Comme elle l’explique, le chanteur, de son vrai nom Jean-Philippe Smet, se sait condamné lorsqu’il apprend sa maladie. “Vous n’avez plus que quelques semaines, quelques mois à vivre. Il n’y a plus d’espoir, plus rien à faire”, lui ont confié ses médecins. Mais malgré le choc, Johnny n’en a que faire. Il est persuadé de triompher de ce nouveau coup dur. Il ne veut donc pas se résigner et être vu comme un mourant. Il décide donc de retourner en studio et de partir en tournée des Zénith en province avec les Vieilles Canailles, ses vieux copains Jacques Dutronc et Eddy Mitchell.

“Pour un musicien mourant, c’est complètement de la folie. Personne ne fait ça. Il va décider de continuer de vivre exactement comme il le faisait avant mais avec une sorte d’urgence vitale très forte. Ces moments lui redonnent quelques heures, quelques jours, quelques mois de vie qu'il aurait peut-être perdus s’il n’avait pas fait tout ça”, explique-t-elle à Yahoo tout en rappelant la difficulté pour lui de se montrer au meilleure de sa forme à cette période-là. “Il y a des jours où il était d’une extrême faiblesse. Il avait le teint livide et était dans un état de douleur extrême”.

Un état de santé qui se détériore au fil des semaines. Et comme dans toute famille où le patriarche s’apprête à mourir, “tous les gens de son royaume bougent et essaient de l’approcher”. Des tensions se créent alors car lors de ces dernières semaines, Johnny Hallyday ne veut voir ni David ni Laura Smet à la clinique. Il refuse également de les recevoir dans son foyer à Marne-la-Coquette. Et ce n’est pas tout. Ils apprendront un peu plus tard qu’ils ont été déshérités en totalité. Depuis, ils accusent Laeticia Hallyday d’être l’unique responsable de cette décision. “C’est très très dur. Déshériter intégralement ses aînés, c’est quelque chose d’extrêmement violent, quand même”, ajoute-t-elle tout en rappelant que sa succession a donné lieu à une interminable bataille judiciaire et familiale.

Johnny Hallyday a toujours eu une relation compliquée avec ses enfants, et notamment avec son fils. “Quand David naît, Johnny, c’est un gamin. Il est terrifié à l’idée d’être père parce que lui-même est un enfant abandonné”. Le chanteur a donc du mal à accepter ce rôle de père. Pour autant, il aime profondément son garçon et en est fier. “David va réussir là où son père a échoué, dans la musique aux États-Unis. Johnny va s'intéresser à lui jusqu’à lui demander de lui composer un album, Sang pour sang, qui sera un de ses plus grands succès commerciaux. Il l’admire sans réserve”.

Tous les deux essaient de nouer une relation mais “c’est complexe”. “C’est plus une relation de copains. On a l’impression d’un rendez-vous manqué entre ces deux hommes qui se ressemblent aussi tellement. C’est en même temps très émouvant et en même temps très triste que Johnny n’ait pas pu faire le travail nécessaire sur lui pour avoir une relation plus sereine et plus forte avec son fils”. Depuis, Johnny a laissé un grand vide dans le cœur du fils de Sophie Vartan et de tous ses proches. “Johnny est un personnage fascinant qui mérite évidemment un livre, notamment sur ces derniers jours. J’avais envie de donner l’impression aux lecteurs d’y être”, a conclu la journaliste Anne-Sophie Jahn.