« Une année difficile » de Toledano et Nakache n’épargne personne, pas même les militants écolos

Pio Marmaï, Noémie Merlant et Jonathan Cohen, ici dans « Une année difficile » d’Éric Toledano et Olivier Nakache.
Copyright Carole Bethuel - 2022 Quad Films – Ten Cinéma – Gaumont – TF1 Films Production Pio Marmaï, Noémie Merlant et Jonathan Cohen, ici dans « Une année difficile » d’Éric Toledano et Olivier Nakache.

CINÉMA - Braqueuse novice dans L’Innocent, peintresse romantique dans Portrait de la jeune fille en feu, ou encore un homme trans enceint dans A Good Man… À la longue liste des personnages qu’elle a incarnés à l’écran, Noémie Merlant peut désormais ajouter celui de cheffe de file d’un groupe de militants écolos, avec la sortie au cinéma, ce mercredi 18 octobre, du nouveau film d’Éric Toledano et Olivier Nakache, Une année difficile. A l’affiche, on retrouve Pio Marmaï, Jonathan Cohen et donc, Noémie Merlant.

Dans Une année difficile, on la surnomme Cactus. De son vrai nom Valentine, elle a tout plaqué après ses études dans une grande école de commerce pour s’engager contre la surconsommation. Elle vit toujours dans un incroyable appartement parisien, mais aujourd’hui vidé de ses meubles. « J’essaye d’être cohérente », lance-t-elle - très sérieusement - à l’un de ses camarades, lors d’une réunion du collectif chez elle.

Comme elle, les autres militants de l’asso souffrent d’éco-anxiété, se donnent des surnoms trop mignons (Antilope, Quinoa, Poussin, pour ne citer qu’eux) et se font des câlins pour se remonter le moral. Quand ils ne sont pas en train d’échanger des banalités sur l’environnement (ou de manger des crudités), ils multiplient les actions coup de poing. Actions qu’ils ont souvent bien du mal à expliquer aux caméras.

Jonathan Cohen et Pio Marmaï surendettés

Qu’on se le dise, les militants écolos en prennent pour leur grade. Un peu trop ? « Non, non, estime Éric Toledano, que nous avons rencontré. Ils ne prennent pas plus cher que les autres, certainement pas plus que les personnes en situation de surendettement qui font absolument n’importe quoi. »

Une année difficile raconte l’histoire de deux hommes surendettés au bord du gouffre, joués par Jonathan Cohen et Pio Marmaï, qui, un beau jour, décident de manière tout à fait opportuniste de rejoindre le groupe d’activistes pour le climat présidé par Noémie Merlant. Dans cette comédie où personne n’est parfait, rien ne se passe évidemment comme prévu.

Découvrez ci-dessous la bande-annonce :

« Je pense qu’en se moquant de soi-même on arrive à aborder un sujet complexe et à approcher leur réalité, continue Éric Toledano en rapport aux militants écolos. On ne rit pas à leurs dépens, on rit avec eux. Et on rit avec les gens qui sont dans la merde, parce qu’on est de manière générale dans la merde en ce moment. »

Extinction Rebellion sur le tournage

Le cinéaste français et son acolyte Olivier Nakache, à qui l’on doit Intouchables et Nos jours heureux, ont travaillé main dans la main avec des activistes d’Extinction Rebellion pour découvrir « leurs idées, leurs débats et leurs actions ». Ces mêmes activistes ont, pour certains, été consultés sur le tournage, en plus d’avoir fait de la figuration.

Rien n’a été inventé, assurent les deux hommes. Pas même les surnoms, même s’ils les ont, eux, présentés avec humour. « Ce n’est pas uniquement pour rigoler, nous renseignent-ils. Chez Extinction Rebellion, c’est pour ne pas avoir de rapport social ou identitaire avant de connaître la personne. »

Entre les violentes manifestations à Sainte-Soline contre les mégabassines, la tentative de dissolution par l’État des Soulèvements de la Terre, les moqueries en plateau ou les tensions avec les actionnaires de Total, les militants pour l’environnement n’ont pas le vent en poupe. Et même si les tourner en ridicule interroge, Éric Toledano et Olivier Nakache disent avoir, eux, « relayé leur volonté de sensibiliser, surtout sur notre façon d’exister et de consommer ».

Un sujet « brûlant » pour Toledano et Nakache

L’un d’eux précise : « Sous couvert de comédie, j’espère qu’on arrive à approcher des sujets de manière moins culpabilisatrice et moins plombante que ce à quoi les jeunes sont habitués. » Parmi lesquels, notre consommation, comme dans une scène délirante un jour de Black Friday.

Les deux cinéastes revendiquent s’être inspirés de la comédie italienne et plus particulièrement de la comedia dell’art, genre théâtral né en Italie au XVIe siècle dans lequel des acteurs masqués improvisent sous couvert d’une fausse naïveté une satire de la société. Un genre qu’ils disent avoir déjà approché, notamment avec Le sens de la fête.

« Forcément ça dérange, ça déborde, ça bouscule », continue Éric Toledano, avant de rappeler : « Si on s’est engagé dans ce sujet, brûlant pour nous et encore plus pour la génération qui arrive, c’est aussi parce qu’on y trouve une pertinence et une envie de percuter. Le but, derrière, ça reste de soulever le débat. Or, une des vertus du cinéma, c’est parfois de formuler les bonnes questions. »

À voir également sur Le HuffPost :

Avant France-Afrique du Sud, des militants écolos dénoncent le sponsoring de TotalEnergies

Les militants écolos consternés par la planification écologique d’Emmanuel Macron