Pour Angleterre-Iran, le brassard « One Love » et un soutien aux femmes iraniennes en toile de fond

Le port du brassard « One Love » agite l’avant-match Angleterre-Iran, tout comme l’appel à la solidarité lancé par un acteur pour afficher son soutien aux femmes iraniennes.
AFP/ Capture écran Twitter (Montage Le HuffPost) Le port du brassard « One Love » agite l’avant-match Angleterre-Iran, tout comme l’appel à la solidarité lancé par un acteur pour afficher son soutien aux femmes iraniennes.

COUPE DU MONDE 2022 - La compétition débute à peine, mais les premières revendications politiques s’invitent déjà dans le match entre l’Iran et l’Angleterre. Opposés ce lundi 21 novembre, pour la première rencontre du groupe B, les Three Lions et la Team melli n’auront pas d’autre choix que de jongler entre enjeux sportif et politique.

D’un côté, un brassard symbolique que devaient initialement porter plusieurs sélections européennes durant cette Coupe du monde au Qatar, sème la discorde. De l’autre, les répercussions directes des mouvements de contestations en Iran, lancées en septembre dernier.

Le brassard de la discorde

Sujet électrique dans le petit État du Golfe persique, la question des droits LGBTQ+ trouve un premier écho après le coup d’envoi de la Coupe du monde, ce dimanche. Après plusieurs mois de communication, de négociation et de débat autour du brassard « One Love », ce dernier ne s’invitera finalement pas pendant le tournoi, a-t-on appris ce lundi.

Ce brassard, que plusieurs nations (les Pays-Bas, la Belgique, la Suisse, le Pays de Galles, l’Allemagne, l’Angleterre, et le Danemark) souhaitaient porter pendant le tournoi de football au Qatar devait prôner l’inclusion et la lutte contre les discriminations, notamment celles contre la communauté LGBTQ+. Un sujet qui fâche dans le pays hôte du Mondial, où la reconnaissance des droits LGBTQ+ est purement inexistante.

Le petit bandeau symbolique aurait couté, a minima, un carton jaune au capitaine anglais Harry Kane s’il le portait en match. « La FIFA a été très claire, elle imposera des sanctions sportives si nos capitaines portent les brassards sur le terrain », ont écrit les sept fédérations qui devaient mener l’opération et qui ont finalement renoncé.

Pour Harry Kane, qui défendait ardemment le maintien de l’action pendant le Mondial-2022, la pression de la FIFA aura été trop forte, malgré une courte période de négociation avec la Fédération anglaise. « En tant que fédérations nationales, nous ne pouvons pas demander à nos joueurs de risquer des sanctions sportives, y compris des cartons jaunes », précise encore ce communiqué commun.

Le 21 septembre, le défenseur allemand Thilo Kehrer et le milieu de terrain Jonas Hofmann présentaient le brassard de capitaine « One Love » que de nombreuses équipes devaient porter à la Coupe du monde 2022 au Qatar.
ANDRE PAIN / AFP Le 21 septembre, le défenseur allemand Thilo Kehrer et le milieu de terrain Jonas Hofmann présentaient le brassard de capitaine « One Love » que de nombreuses équipes devaient porter à la Coupe du monde 2022 au Qatar.

Selon la FIFA, porter le brassard « One Love » pendant la compétition enfreint son règlement. Une justification étrange puisque la FIFA avait elle-même prévu ses propres brassard eux-aussi « engagés » et porteurs de messages plutôt édulcorés.

Mahsa Amini dans tous les esprits

La FIFA n’aura donc pas cette histoire de brassard à gérer pendant le match Angleterre-Iran. Mais les joueurs anglais seront toutefois scrutés de très près sur leur manière de célébrer les éventuels buts qu’ils pourraient inscrire contre l’équipe de Sardar Azmoun.

Samedi, sur ses réseaux sociaux, l’acteur britannique d’origine iranienne Omid Djalili a lancé un appel à la sélection anglaise afin qu’ils utilisent le Mondial de football pour manifester leur soutien aux femmes d’Iran, qui mènent une révolte populaire depuis septembre dans leur pays.

« C’est bien plus qu’un simple match de football », explique l’acteur dans une vidéo postée sur ses réseaux sociaux. Après être revenu sur le soutien problématique du régime iranien à la Russie dans le contexte de la guerre en Ukraine, il relate la « révolution sociétale » en cours, principalement menées par les femmes iraniennes depuis la mort de Mahsa Amini en septembre. Sans oublier d’évoquer la répression très violente menée par le pouvoir islamique en place et les « 15 000 » Iraniens emprisonnés pour avoir osé protester ces dernières semaines.

En réaction, il incite donc les joueurs anglais (mais aussi ceux du Pays de Galles et des États-Unis, dans ce même groupe B) à afficher clairement leur solidarité aux femmes iraniennes avec un geste qui pourrait faire le tour du monde, à l’instar du joueur de beach soccer iranien Saïd Piramoun : « Si pendant quelques instants, vous pouviez faire ce symbole : faites semblant d’avoir une queue-de-cheval et coupez-la. Cela enverra un puissant message aux femmes et filles d’Iran », propose l’acteur aperçu dans de nombreux films hollywoodiens tels que Pirates des Caraïbes 3, Modigliani, Gladiator ou encore La Momie.

Il ajoute que « si les joueurs iraniens le faisaient, ils feraient face à des sanctions très sévères à leur retour, mais si les joueurs anglais le font, ce serait énorme ». En effet, les joueurs iraniens n’ont que peu de chance de s’exprimer politiquement durant cette rencontre, du fait de la pression du régime sur eux et leurs familles. D’autant plus après la controversée réunion de la sélection d’Iran avec le président Ebrahim Raisi, en pleine révolte populaire contre son régime.

Avec ce match, l’acteur souhaite se servir du sport pour donner une visibilité internationale à ce geste vu de nombreuses fois ces dernières semaines en Iran et ailleurs dans le monde, en témoignage de solidarité. Les buteurs anglais sont désormais prévenus.

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