Andréa Bescond raconte le féminicide d’Alham Sehili « à cause de la police » dans un texte fort

Andréa Bescond participe à l’ouvrage collectif « 125 et des milliers » de Sarah Barukh, hommage aux victimes de féminicides, en librairie le 8 mars 2023
Andréa Bescond participe à l’ouvrage collectif « 125 et des milliers » de Sarah Barukh, hommage aux victimes de féminicides, en librairie le 8 mars 2023

8 MARS - « On ne s’identifie pas aux chiffres, mais aux histoires ». Alors pour aller au-delà du triste décompte des féminicides qu’on tient chaque année, l’autrice Sarah Barukh s’est mis en tête de faire les portraits de femmes mortes de la violence des hommes, sous la plume de 125 personnalités du monde de la culture et de la politique. Son ouvrage, 125 et des milliers, est publié ce mercredi 8 mars, en cette journée internationale des droits des femmes.

C’est après avoir fui les violences psychologiques et physiques de son ex-compagnon que Sarah Barukh a démarré cette longue enquête de deux ans pour établir un contact avec les familles des centaines de femmes victimes de féminicides dont on ne connaît souvent que le prénom ou le « numéro ». Elle les a rencontrées pour qu’elles racontent leur histoire et a enregistré ces entretiens, avant de les confier à des rédactrices.

Parmi ces 125 (comme la « moyenne » des féminicides par an en France) portraits, qui prennent la forme de lettre pour Lilia Hassaine, de prière pour Delphine Horvilleur ou de journal intime pour Virginie Grimaldi, il y a celui d’Alham Sehili rédigé par Andréa Bescond. La jeune femme de 32 ans, maman d’un bébé de deux mois, a été tuée par son mari à Strasbourg le 16 avril 2010, un jour après qu’un policier a refusé d’enregistrer sa plainte pour violences conjugales. Un récit révoltant sur la défaillance de la police « à la hauteur de la colère » de l’autrice et réalisatrice engagée contre les violences faites aux femmes et aux enfants.

Le HuffPost publie ci-dessous le texte d’Andréa Bescond sur Alham Sehili, extrait de ce livre que Sarah Barukh qualifie de « nécessité », comme « un projet de transmission, de résonance et un travail collectif de mémoire ».

Le 17 mars 2021, le tribunal judiciaire de Strasbourg a condamné l’État pour dysfonctionnement du service public de la justice. Onze ans plus tôt, Alham Sehili avait tenté de déposer plainte pour violences et menaces au commissariat de la ville. Le 16 avril 2010, le lendemain du refus du policier d’enregistrer la plainte, la mère de 32 ans était assassinée par son mari. Sa sœur, Hager, a mené un combat de onze ans pour que la faute de l’État soit reconnue. Elle a depuis fondé une association pour accompagner les femmes victimes de violences.

Ce texte d’Andréa Bescond est extrait de 125 et des milliers, un ouvrage collectif pensé et conçu par Sarah Barukh, publié aux éditions Harper Collins ce mercredi 8 mars 2023. Il contient également une quinzaine de grands entretiens avec des policiers, psychiatres ou avocats. Les bénéfices seront reversés à l’Union nationale des familles de féminicide (UNFF).

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