Un an de guerre en Ukraine : il faut assumer d’armer plus vite et mieux les Ukrainiens

Ursula von der Leyen et Volodymyr Zelensky à Kiev, le 2 février 2023.
STR / AFP Ursula von der Leyen et Volodymyr Zelensky à Kiev, le 2 février 2023.

GUERRE EN UKRAINE - Il y a un an, la guerre en Ukraine débutait. Au mépris du droit international et de la souveraineté de la nation ukrainienne, les troupes russes déclenchaient leur « opération spéciale ». Chacun d’entre nous se souvient où il était cette journée du 24 février où, à l’aube, nous apprîmes la nouvelle en peinant à la réaliser : le tragique faisait son retour en Europe.

La Russie, intoxiquée par son hubris, pensait que l’Ukraine tomberait rapidement. Grâce à la résistance héroïque du peuple ukrainien emmené par le président Zelensky, il n’en fut rien. Repoussant les assauts russes, les Ukrainiens ont défendu pied à pied leur territoire mettant en échec une armée russe désorganisée. Mus par un infaillible sentiment patriotique, les Ukrainiens ont su mener une contre-attaque décisive après l’hiver, reprenant des territoires et des villes, comme Kherson, que des référendums factices avaient déclaré russes. Comment ne pas être saisi par le contraste entre le vaillant enthousiasme des Ukrainiens à défendre leur nation et le flop d’une mobilisation générale russe révélant la fuite en avant d’un régime aux abois ?

Les responsables devant un tribunal spécial international

Partout en Ukraine, les soudards de Poutine, les barbares milices de Wagner et les islamistes tchétchènes de Kadyrov se rendent coupables d’exactions contre les civils ukrainiens. Viols, tortures, rapts d’enfants, bombardements d’hôpitaux comme à Marioupol : des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité sont commis par la Russie. Les désormais sinistres noms de Boutcha, Izioum ou Irpin sont, hélas parmi tant d’autres, des preuves accablantes de l’horreur russe en Ukraine. Il ne saurait y avoir d’impunité : les responsables doivent en répondre devant un tribunal spécial international comme ce fut le cas juger les crimes commis en ex-Yougoslavie.

L’heure n’est plus aux tergiversations et aux atermoiements : il faut assumer d’armer au mieux les Ukrainiens.

L’Histoire révèle les héros : s’affirmant comme le chef de guerre de l’Ukraine, le président Zelensky mobilise la communauté internationale pour un soutien financier, humanitaire mais surtout militaire. Les livraisons d’armes françaises, européennes, américaines et d’ailleurs sont cruciales pour donner aux Ukrainiens les moyens de se défendre et de repousser l’invasion impérialiste russe. L’heure n’est plus aux tergiversations et aux atermoiements : il faut assumer d’armer au mieux les Ukrainiens.

Cela demande de transformer nos économies pour en faire de vraies économies de guerre capables de fournir armements et munitions. Au sujet de ces dernières, pourquoi ne pas constituer une centrale d’achat commune à tous les pays européens volontaires ? Cela donnerait de la prévisibilité à nos industriels pour leur permettre de faire les investissements nécessaires. Lors de la crise Covid, nous l’avons fait, avec succès, pour fournir des vaccins aux Européens. Les mécanismes existent, la volonté politique doit être au rendez-vous.

Depuis le début de la guerre, en Européens nous sanctionnons la Russie avec déjà dix trains de sanctions qui ont prouvé leur efficacité comme le prouvent les cris d’orfraies des thuriféraires de Vladimir Poutine. Les sanctions européennes sont efficaces parce qu’elles sont massives et unitaires. Notre unité est précieuse et doit grandement au leadership du président de la République lorsque la France exerçait la présidence de l’Union européenne.

Le temps n’est hélas pas aujourd’hui à la négociation, il est celui des armes

L’Ukraine peut compter sur notre soutien dans la durée jusqu’à la paix dans les termes qu’elle aura choisis. Le temps n’est hélas pas aujourd’hui à la négociation, il est celui des armes pour permettre le retrait des soldats russes du territoire ukrainien. Disons les choses clairement : la Russie ne peut et ne doit pas gagner, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour hâter la victoire de l’Ukraine.

La puissance souveraine de l’Europe

L’Ukraine, déjà membre de cœur de la famille européenne est candidate pour adhérer à l’Union européenne. En défendant les valeurs européennes de liberté, de souveraineté et de démocratie, en défendant sa patrie, le courageux peuple Ukrainien défend une certaine idée de l’Europe. La guerre est un accélérateur d’histoire : notre responsabilité est d’accompagner son chemin européen. L’accession à l’Union européenne commande de respecter des procédures : nous ne transigerons pas avec. Dans le même temps, nous devons être conscients du vide géopolitique que créerait l’Union en laissant l’Ukraine à l’extérieur de son espace. Toute faiblesse de notre part serait exploitée dans la seconde par nos adversaires. Assumons-nous, en Européens, comme une puissance géopolitique.

La guerre en Ukraine sonne le réveil des empires et de leurs ambitions hégémoniques. Vladimir Poutine pensait que les Européens se diviseraient, il s’est lourdement trompé. Ce qui semblait impossible hier a été accompli en moins d’un an : qui aurait cru que nous arrivions aussi vite à sortir de notre dépendance au gaz russe ? Qui aurait parié sur une unité aussi forte des Européens ? Si la guerre en Ukraine remet en cause nos certitudes, elle nous convainc que plus rien ne sera jamais comme avant. La guerre en Ukraine appelle une réponse : l’Europe doit bâtir sa puissance souveraine.

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