Cet amendement anti-L214 déclenche la colère des écolos et des défenseurs des animaux

Au nom de la lutte contre « l’agribashing », les députés LR veulent supprimer dans certains cas le crédit d’impôt dont bénéficient les donateurs d’associations pour le bien-être animal.

POLITIQUE - « Scandaleux », s’indigne ce mercredi 5 octobre, la députée EELV Marie-Charlotte Garin. À l’origine de sa colère, un amendement Les Républicains adopté en Commission des finances qui vise à supprimer les avantages fiscaux de particuliers faisant des dons à des associations engagées contre la maltraitance animale.

Le texte, déposé par vingt-cinq députés Les Républicains dans le cadre du projet de loi de finances, s’attaque au crédit d’impôt auquel a droit toute personne faisant un don à une association et cible précisément les « mouvements activistes antispécistes ». Dénonçant l’« agribashing » de ces associations en particulier envers les « professionnels de la viande », les élus LR proposent la suppression du crédit d’impôt pour les associations dont « les adhérents sont reconnus coupables d’actes d’intrusion et/ou de violence vis-à-vis des professionnels. » Ils proposent aussi « d’interdire à ces mêmes associations de délivrer des reçus fiscaux, nécessaires pour permettre aux contribuables de bénéficier de la réduction d’impôt. »

Aucune structure n’est explicitement nommée par les députés. Mais l’ONG animaliste L214, connue pour pénétrer - sans autorisation - dans des abattoirs ou des élevages intensifs dont elle dénonce les pratiques, apparaît comme la cible principale. Elle et toutes les associations ayant recours aux mêmes méthodes.

« Vous voulez entraver le travail des lanceurs d’alerte »

« C’est un amendement bâillon qui cherche à intimider ou à priver de financements des associations qui jouent aujourd’hui un rôle extrêmement important de lanceurs d’alerte et grâce à qui on a découvert nombre de scandales », a dénoncé avant le vote la députée écologiste Éva Sas. Le texte a cependant été adopté, provoquant la colère des élus verts et de L214.

La co-fondatrice de l’ONG a, elle, sur Twitter dénoncé un texte « absolument scandaleux » et « piloté par l’industrie de la viande. » « Ce ne sont pas les prétendues intrusions qui sont un problème, ce sont bien les images diffusées au public qui montrent la détresse des animaux, des conditions ignobles d’élevage qui vous posent problème », a réagi Brigitte Gothière, avant d’accuser les députés de « vouloir entraver le travail des lanceurs d’alerte ».

Sur Twitter, la députée du Rhône Marie-Charlotte Garin a énuméré les groupes ayant voté en faveur du texte: « LR, RN, une partie du MODEM et LREM. » « Sachez-le, quand vous laissez des parlementaires LREM, LR ou RN se faire élire, vous votez pour la souffrance animale », enfonce David Cormand, eurodéputé écologiste.

« Encore une fois la droite sous toutes ses formes est du côté des lobbies. Aucune compréhension du mal-être animal, mais très belle soumission à la logique capitalistique. La honte sur vous », tance Benjamin Baddouard, responsable politique lyonnais. Thomas Dossus, sénateur écologiste, y voit de son côté une « une attaque grave supplémentaire contre la liberté des associations. »

Voté en Commission, le texte doit désormais passer par le vote des députés au Palais Bourbon. Les discussions sur le PLF s’annoncent très tendues pour le gouvernement, les oppositions ayant déjà fait savoir qu’elles ne le soutiendraient pas. Ce qui n’a pas empêché Marine Le Pen de saluer l’adoption de l’amendement. « Enfin ! (...) La pression politique des députés RN a fait céder la Macronie qui refusait depuis des années cette proposition de bon sens », se réjouit la cheffe des députés RN sur Twitter.

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