Amérique latine: les États-Unis sanctionneront ceux qui facilitent "la migration illégale"

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé à sanctionner ceux qui facilitent "la migration illégale", lors d'une conférence régionale mardi au Guatemala sur les migrations, un sujet au centre de la campagne présidentielle aux Etats-Unis.

La "nouvelle politique de restriction des visas vise les personnes qui fournissent sciemment un moyen de transport à ceux qui cherchent à émigrer illégalement aux États-Unis", a déclaré M. Blinken devant les ministres des Affaires étrangères et hauts fonctionnaires d'une vingtaine de pays signataires de la Déclaration sur la migration et la protection, à Los Angeles lors du sommet des Amériques de 2022.

"Cette déclaration reconnaît que les migrations irrégulières affectent chacun de nos pays et que chacun d'entre nous a la responsabilité de contribuer à y remédier", a ajouté M. Blinken, évoquant "un défi véritablement historique" pour le continent américain.

Le secrétaire d'État américain a notamment pointé "les vols charters arrivant au Nicaragua" avec des candidats asiatiques et africains à l'exil aux États-Unis. Il a en outre souligné que Washington avait annoncé lundi "des restrictions en matière de visas pour les dirigeants d'entreprises colombiennes maritimes qui facilitent l'immigration clandestine".

Soulignant les "mesures significatives pour élargir les voies de migration légale comme alternative à la migration irrégulière", il a dit soutenir "les efforts locaux visant à aider les personnes à rester en sécurité dans leur propre pays en s'attaquant aux causes profondes qui poussent les gens à se déplacer".

Quelque 2,8 millions de migrants illégaux entrent aux États-Unis chaque année. En pleine année électorale, l'immigration s'est imposée comme l'un des sujets-phares de la campagne qui oppose le président démocrate Joe Biden à son prédécesseur républicain Donald Trump, selon qui M. Biden ne fait pas assez pour lutter contre l'immigration illégale.

- "Trouver des solutions communes" -

Le président du Guatemala, Bernardo Arévalo a appelé à "faciliter une migration sûre, ordonnée, humaine et réglementée afin que nous puissions travailler à la recherche de solutions".

"Nous sommes convaincus que la migration est un défi multilatéral et c'est à partir de là que nous devons trouver des solutions communes", a déclaré à l'AFP la vice-ministre chilienne des Affaires étrangères, Gloria de la Fuente.

Des représentants de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), entre autres, participent à la conférence.

Les candidats à l'exil aux États-Unis en quête d'une vie meilleure transitent majoritairement par la jungle inhospitalière du Darién, à la frontière entre la Colombie et le Panama, puis traversent l'Amérique centrale jusqu'au Mexique pour se rendre à la frontière américaine.

En 2023, plus d'un demi-million de personnes (essentiellement des Vénézuéliens) ont traversé cette jungle, sans défense face aux bandes criminelles qui y opèrent.

Des milliers de Centraméricains quittent également leur pays pour échapper à la pauvreté et au manque d'opportunités.

Entre octobre et février, près de 130.000 Guatémaltèques ont franchi illégalement la frontière entre les États-Unis et le Mexique, selon l'autorité frontalière américaine. Durant cette même période, quelque 1,15 million de migrants ont été interceptés par Washington, selon le département d’État.

Les migrants n'effectuent pas tous leur long périple par voie terrestre, certains empruntent des voies maritimes et aériennes. Le Nicaragua, pointé par M. Blinken, opère comme un pont aérien par lequel des migrants asiatiques et africains cherchent à éviter le Darién, selon des responsables américains et des analystes d'Amérique centrale.

Le gouvernement autoritaire de Daniel Ortega, contre lequel Washington impose des sanctions, octroie de nombreux visas, assure-t-on de mêmes sources.

Le Nicaragua ne participe pas à cette conférence et n'a pas signé la déclaration de Los Angeles en 2002 où il n'a pas été invité.

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