En Allemagne, le très ténu “cordon sanitaire” entre la droite et l’extrême droite

“En Thuringe, un représentant de l’extrême droite a été élu à l’assemblée régionale, dans le cadre d’un scrutin démocratique. En Saxe-Anhalt, un maire qui appartient au parti AfD (Alternative für Deutschland) a été élu, là aussi c’est le jeu de la démocratie. Et bien sûr il faut trouver comment administrer ensemble la ville, la région et le district.”

Friedrich Merz

Président de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) allemande

Les conservateurs allemands de la CDU-CSU ont actionné le mode “gestion de crise”, depuis que leur chef, Friedrich Merz, a laissé entendre lundi 24 juillet sur la chaîne ZDF que des alliances ponctuelles avec l’extrême droite pourraient être envisagées au niveau local.

“La CDU est catégorique : pas de collaboration avec l’AfD, à aucun niveau, a vite rétorqué le nouveau secrétaire général du parti, Carsten Linnemann. Une position que partage Friedrich Merz, même s’il souligne à juste titre que cette décision sera difficile à mettre en œuvre.”

En assurant que sa formation devrait “chercher comment administrer ensemble” des territoires où l’AfD a une influence, le conservateur a provoqué “une tempête d’indignation”, relève la ZDF. “Une vague d’indignation dirigée contre le chef même du parti.” Et ce, même si comme le souligne le journal conservateur Cicero, “le fond de sa pensée reste relativement nébuleux”.

Des ténors de la droite, comme le ministre président de Bavière, Markus Söder, ou le maire de Berlin, Kai Wegner, se sont tout de suite insurgés contre ses propos. Tandis qu’à l’extrême droite, “d’autres se réjouissaient”, note la Berliner Zeitung. Le chef de l’AfD Tino Chrupalla a notamment célébré ce qu’il voit comme la chute de la “première brique dans le mur formé par la coalition des Verts et des conservateurs [contre son parti]”.

Face au tollé, Merz a dû rétropédaler ce lundi 24 juillet. “Pour que les choses soient claires, je répète ce que j’ai déjà dit : la décision de la CDU est la suivante, a-t-il assuré sur Twitter. Il n’y aura pas de collaboration de la CDU avec l’AfD, même au niveau local.”

Mais le mal était déjà fait. Plusieurs journaux, dont le Tagesspiegel, se sont fendus d’éditoriaux critiquant fortement la fin d’un tabou politique autour d’éventuelles alliances avec l’extrême droite – jusqu’ici catégoriquement exclues par la CDU. Sur ce point, explique le titre de gauche, “soit Frierich Merz ne connaissait pas la position de son propre parti, soit il a décidé de passer outre. On ne sait pas ce qui est le plus grave”.

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