En Algérie, la mort de Khaled Nezzar ôte l’espoir d’un procès autour de la “décennie noire”

Rarement la mort d’un homme public a suscité autant de polémiques que le décès de Khaled Nezzar. L’ancien chef d’état-major de l’armée algérienne, disparu vendredi 29 décembre à l’âge de 86 ans à Alger, ministre de la Défense de 1990 à 1993, est le principal artisan de l’arrêt du processus électoral de décembre 1991-janvier 1992 [qui a laissé le champ libre à la prise de pouvoir des islamistes et à une décennie de violences].

Cette année-là, il est à la tête d’un groupe de militaires qui ont poussé le président d’alors, Chadli Bendjedid, à remettre sa démission, ouvrant la voie à l’annulation du deuxième tour des élections législatives, gagnées par le Front islamique du salut (FIS, parti islamiste radical aujourd’hui dissout).

“Personne, parmi les politiques, ne voulait assumer ses responsabilités. Je l’ai fait”, expliquera-t-il plus tard. Parce qu’avant d’intervenir par la force, l’armée avait d’abord senti la situation échapper à tout contrôle depuis que des militants islamistes occupaient les places publiques et s’adonnaient à des démonstrations de force dans les rues.

Le déclencheur de la “décennie noire”

Des actes de violence avaient commencé bien avant les élections. Mais l’historiographie officielle considère que l’arrêt du processus électoral a été l’élément déclencheur des violences de la décennie 1990, qui ont coûté la vie à plus de 200 000 personnes selon les chiffres officiels.

Une fois la “décennie noire” terminée, en 2002, le débat sur la responsabilité des meurtres collectifs et des assassinats attribués aux islamistes est revenu sur le devant de la scène. Des activistes islamistes et des transfuges de l’armée désignent alors, directement, Khaled Nezzar comme le responsable de tout.

Il est le seul à être poursuivi en justice, d’abord en France, où celle-ci n’a pas voulu trancher, estimant qu’elle ne pouvait se prononcer sur des événements qui s’étaient produits en Algérie, puis en Suisse, pour des faits de crimes de guerre et actes de torture.

Symbole d’une justice difficile à obtenir

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