Alertes à la bombe à Versailles, dans les aéroports : que risquent les auteurs de fausses alertes ?

Un policier devant la cité scolaire Gambetta-Carnot, à Arras, lors de son évacuation après une alerte à la bombe, le 16 octobre 2023.
DENIS CHARLET / AFP Un policier devant la cité scolaire Gambetta-Carnot, à Arras, lors de son évacuation après une alerte à la bombe, le 16 octobre 2023.

FRANCE - « On retrouve tout le monde », a averti sans détour le ministre de l’Intérieur ce jeudi 19 octobre, alors que les alertes à la bombe se multiplient ces derniers jours en France depuis que le niveau Vigipirate a été relevé après l’assassinat vendredi d’un enseignant dans un lycée d’Arras.

Le château de Versailles a de nouveau été la cible d’une alerte à la bombe ce jeudi – la quatrième en six jours – et était en cours d’évacuation vers 14h, comme l’a annoncé le site sur X (anciennement Twitter).

Par ailleurs, plusieurs aéroports ont à nouveau fait l’objet d’évacuations, ce jeudi 19 octobre, après des « menaces d’attentats ». La veille, au moins 17 aéroports régionaux ont vu leur trafic perturbé et leurs aérogares évacués pour inspection par les services de déminage, de Lille à Lyon (Bron) en passant par Nantes, Nice, Toulouse, Beauvais, Strasbourg, Bordeaux, Biarritz, Lourdes ou Carcassonne.

Un sujet longuement évoqué par Gérald Darmanin ce jeudi sur BFMTV. Le ministre de l’Intérieur en a profité pour annoncer que « 18 interpellations, essentiellement des mineurs » avaient eu lieu ces dernières 48 heures après de fausses alertes en France, malgré l’absence de « menace caractérisée » sur le territoire.

Plus tard, le ministre de l’Éducation Gabriel Attal a avancé de nouveaux chiffres concernant les établissements scolaires. Depuis la rentrée scolaire, le ministère a comptabilisé 299 fausses alertes, dont 75 rien que ce jeudi.

Face à cette recrudescence de (fausses) alertes à la bombe, leurs auteurs, s’ils sont retrouvés, s’exposent à un procès au cours duquel ils risquent une peine importante.

Deux ans de prison

Selon l’article 322-14 du Code pénal, « le fait de communiquer ou de divulguer une fausse information dans le but de faire croire qu’une destruction, une dégradation ou une détérioration dangereuse pour les personnes va être ou a été commise est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. » C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ce mercredi 18 octobre, après la « levée de doute effectuée par les démineurs » sur l’aéroport d’affaires de Bron.

Les prévenus peuvent aussi être condamnés à verser des dommages et intérêts aux victimes (personnes physiques ou morales) qui se seraient constituées parties civiles. Ces dommages et intérêts peuvent servir à rembourser les frais engagés pour avoir fait déplacer la police ou les secours, sécuriser un établissement scolaire, entreprendre des fouilles…

« Ce n’est pas un phénomène nouveau, mais ça intervient dans un contexte particulier. Et avec ce qu’on vient de vivre, nous ne sommes pas à l’abri d’un effet de mimétisme », analyse Denis Jacob, secrétaire général d’Alternative police CFDT, auprès de BFMTV.

La majeure partie de ces alertes à la bombe concernent des établissements scolaires. Rien que depuis la rentrée de septembre, les écoles, collèges et lycées de France ont été la cible de 168 alertes à la bombe, a dénoncé en début de semaine le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal, trois jours après l’assassinat du professeur Dominique Bernard au collège-lycée Gambetta à Arras. L’établissement a d’ailleurs été ciblé par une alerte à la bombe lundi, jour de l’hommage national à ce professeur de français, poignardé à mort vendredi par un jeune assaillant.

Les policiers interviennent systématiquement

Mercredi, le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a averti que « les petits guignols » auteurs de fausses alertes à la bombe ou à l’attentat seraient « retrouvés (et) punis et leurs parents seront tenus de rembourser les dommages et intérêts qu’ils ont causés » s’ils sont mineurs. Le garde des Sceaux a fustigé des « plaisanteries qui font naître la psychose », alors qu’il effectuait une visite d’inauguration d’un centre de détention rénové à Fleury-Mérogis, en Essonne.

Quatre mineurs âgés de 13 ans et 14 ans ont ainsi été placés en garde à vue lundi pour de fausses alertes visant un collège de Champigny-sur-Marne. Trois autres, âgés de 15 à 16 ans, viennent eux d’être renvoyés devant la justice des mineurs du Val-de-Marne pour des faits similaires mais distincts.

« Toutes les alertes, sans exception, sont prises au sérieux », assure auprès de BFMTV le syndicaliste d’Alternative police CFDT Denis Jacob. Dans tous les cas, et même si la menace semble farfelue, les forces de l’ordre interviennent systématiquement, ce qui a entraîné ce nombre important d’évacuations récentes, notamment de hauts lieux touristiques.

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