Alerte à la bombe : que risque-t-on à faire de faux signalements ?

Alors que la France est placée en urgence attentat, plusieurs lieux publics et établissements scolaires ont dû être évacués après de fausses alertes à la bombe.

Des visiteurs font la queue pour entrer dans le château de Versailles après avoir été évacués en raison d'une alerte à la bombe à Versailles, France, le 17 octobre 2023. (Photo par Mustafa Yalcin/Anadolu via Getty Images)
Des visiteurs font la queue pour entrer dans le château de Versailles après avoir été évacués en raison d'une alerte à la bombe à Versailles, le 17 octobre 2023. (Photo par Mustafa Yalcin/Anadolu via Getty Images)

Les messages d’alerte à la bombe se multiplient ces derniers jours en France. Ce jeudi matin, les aéroports de Montpellier, Nantes-Atlantique, Bordeaux-Atlantique et Lille-Lesquin, ont dû être évacués après la réception de messages malveillants. La veille, 15 aéroports étaient concernés et 130 vols ont dû être annulés. Le château de Versailles, également visé par des menaces, a été vidé de ses visiteurs quatre fois en moins d’une semaine. Le musée du Louvre a également dû faire sortir ses visiteurs samedi dernier. Les établissements scolaires ne sont pas épargnés avec 168 alertes à la bombe adressées aux établissements scolaires depuis la rentrée du 4 septembre, selon le ministre de l'Éducation Gabriel Attal.

“Une plainte a été déposée pour chaque menace”

“Quand il y a une alerte à la bombe, la situation est évaluée en lien avec les préfets, a rappelé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran à la sortie du Conseil des ministres mercredi. Et s’il y a lieu de procéder à des vérifications, il est normal de mettre à l’abri les personnes qui sont potentiellement exposées le temps de faire ces vérifications.” Ces alertes son prises très au sérieux depuis l’assassinat de Dominique Bernard, enseignant à Arras (Pas-de-Calais) vendredi 13 octobre. C’est à cette date que la France a été placée en “urgence attentat”, le plus haut niveau du plan vigipirate.

Toutes les alertes à la bombe se sont révélées être jusqu’ici de fausses alertes. “On n'a pas besoin d'agitateurs, on n'a pas besoin de ça par les temps qui courent”, a déclaré de son côté le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti. Il a prévenu que les auteurs des faux signalements "seront retrouvés" et "punis". Le ministre des Transports Clément Beaune a pour sa part assuré qu’”une plainte a été déposée pour chaque menace. Avec une saisine du procureur.”

Deux ans de prison et 30 000 euros d’amende

Lors de chaque alerte, aucun risque n’est pris. Les autorités doivent procéder à une levée de doute avant d’autoriser le public à revenir sur place. Lorsque celui-ci est levé, une enquête judiciaire est ouverte pour trouver l’auteur de la fausse alerte. Les enquêteurs s’appuient sur les éléments dont ils disposent et notamment sur le canal d’envoi de la menace : appel, SMS, mail, message sur les réseaux sociaux.

Concernant la peine, l’article 322-14 du Code pénal précise que “le fait de communiquer ou de divulguer une fausse information dans le but de faire croire qu'une destruction, une dégradation ou une détérioration dangereuse pour les personnes va être ou a été commise est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende”. La peine encourue est la même lorsqu’elle est “de nature à provoquer l'intervention inutile des secours”.

L’auteur de l’alerte à la bombe risque aussi de se voir demander d’importantes indemnisations. “Un atterrissage d’évitement - en particulier sur un vol long-courrier - peut en général facilement engendrer des coûts pouvant atteindre un montant à six chiffres”, a par exemple expliqué un porte-parole de Lufthansa au média allemand Bild. En octobre 2022, un long courrier transportant 266 personnes entre New York (Etats-Unis) et Munich (Allemagne) a dû atterrir en urgence à Paris à cause d’une fausse alerte à la bombe publiée anonymement sur le réseau social TikTok.

VIDÉO - Aéroports, écoles, monuments... Le fléau des alertes à la bombe