Alain Bentolila : « L’orthographe devient un marqueur idéologique »

Pour le linguiste Alain Bentolila, « s'il y a un jour une révision de la langue française, cela doit se faire très à la marge ».  - Credit:Nicolas TAVERNIER/REA
Pour le linguiste Alain Bentolila, « s'il y a un jour une révision de la langue française, cela doit se faire très à la marge ». - Credit:Nicolas TAVERNIER/REA

« C'est une sorte de délire national. » C'est en ces termes incisifs que la linguiste Julie Neveux a décrit vendredi 9 juin, sur le plateau télé de Quotidien (TMC), le rapport que la France entretiendrait avec… la dictée. Quelques jours plus tôt, le plus grand exercice du genre réunissait environ 5 000 personnes sur les Champs-Élysées à Paris.

La membre du collectif Les linguistes atterrées a ajouté sur Twitter que cette méthode d'apprentissage était « peu efficace ». Elle considère par ailleurs que l'orthographe française est un « objet de discrimination social » et que sa complexité provoquerait une « insécurité linguistique ».

Ps de rectif/précision, hors tempo de la télé : -seule la France, parmi tous les pays à alphabet latin, organise des concours de dictée… pour adultes! (en anglais, concours d’épellation)
- comme méthode d’apprentissage, la dictée est peu (pas?) efficace..
(Lisez-nous:) https://t.co/LimBVFAh1a

— Neveux Julie (@neveux_julie) June 10, 2023

Le Point s'est entretenu avec le linguiste Alain Bentolila. Le professeur à l'université Paris-Descartes, auteur d'une vingtaine d'essais, reconnaît les limites de l'exercice, mais déplore l'idéologisation de l'orthographe.

Le Point : La dictée est-elle un « délire » français, comme l'affirme Julie Neveux ?

Alain Bentolila : Non, la dictée n'est pas un délire national. Elle est un outil pour maîtriser l'orthographe, et elle n'est pas le seul. À titre personnel, je ne crois pas en la vertu pédagogi [...] Lire la suite