Airbus : 5 choses à savoir sur le leader mondial de l’aéronautique

Chaque semaine, Yahoo vous invite à mieux connaître une entreprise. Petits secrets, anecdotes, histoires insolites, ne manquez pas l’occasion d’épater vos amis. Pour ce 116e épisode, focus sur un géant des airs qui fête ses 55 ans en 2024 : Airbus.

Un Airbus A350 - 900 (Crédit : Getty Images)

1 - Dans l’ombre du Concorde à ses débuts

À 55 ans, Airbus ne s’est jamais aussi bien porté en pulvérisant son précédent record avec 2 094 appareils commandés en 2023. Pourtant, les débuts ont été laborieux pour l’avionneur désormais numéro un mondial devant son concurrent de toujours Boeing. Dès les années 1960, les pays d’Europe comprennent la nécessité d’unir leurs forces pour exister face au mastodonte américain Boeing qui produit la quasi-totalité des avions avec ses compatriotes Mc Donnell Douglas et Lockheed. Problème : aucun État européen n’est en capacité d’avancer seul. "Les Anglais parce qu'ils manquent de fonds propres, les Français parce que les pouvoirs publics sont réticents à financer à la fois le Concorde et un gros-porteur et les Allemands parce que leur industrie est encore trop fragmentée", résument Les Échos. Les trois grandes puissances du continent décident alors de s’allier.

En 1967, les ministres des Transports des trois pays annoncent leur collaboration "afin de renforcer la coopération européenne dans le domaine de la technologie aérospatiale". Mais quand on parle de collaboration européenne, compter sur le soutien des Anglais peut s’avérer périlleux. Français et Allemands l’ont appris à leurs dépens. En 1969, les Britanniques se retirent du projet à cause d'un différend sur le moteur qui aurait dû être Rolls-Royce (ils mettront plus de dix ans à revenir dans l’alliance). Ce premier "Brexit" aérien avant l’heure oblige la France et l’Allemagne à s’entendre moins de vingt-cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les Allemands mettront sur la table l’argent que les Anglais ne voulaient plus mettre.

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L’aventure Airbus commence officiellement à l’occasion du salon international du Bourget, en 1969. Ce jour-là, la foule ne se presse pas pour apercevoir l’A300B, le premier Airbus de l’histoire, mais pour admirer le spectaculaire Concorde au centre de toutes les conversations. Malgré des débuts dans l’ombre du Concorde, Airbus prend définitivement son envol le 28 octobre 1972 à l’occasion de son tout premier vol grâce à des pièces venues de France, d'Allemagne, des Pays-Bas, d'Espagne et même d'Angleterre.

De l’autre côté de l’Atlantique, on regarde Airbus avec dédain plutôt qu’avec peur. La suite ne donnera pas raison aux Américains puisqu’aujourd’hui l'avionneur issu du Vieux Continent a dépassé Boeing et produit plus de la moitié des avions dans le monde.

2 - Airbus a décollé grâce à une compagnie… américaine

Airbus mettra quasiment dix ans à trouver son rythme de croisière et remplir son carnet de commandes. Au début des années 70, Air France et Lufthansa sont ses seuls et uniques clients. L'avionneur basé à Toulouse, qui souhaite à tout prix pénétrer le marché américain pour grandir, a alors une idée lumineuse. En 1977, il prête gratuitement quatre avions à la compagnie américaine Eastern Air Lines pour qu’elle teste ses appareils sur son réseau domestique. Pari gagnant.

Convaincu par ces avions européens moins coûteux à faire voler, Franck Borman, le patron d’Eastern Air Lines, commande à Airbus 23 appareils en 1978 contre l’avis de l’administration US vent debout contre cette décision qui nuit aux intérêts de Boeing et donc des États-Unis. Pour Airbus, ce contrat est un moment charnière de son histoire puisqu’il valide la qualité de ses avions et lui confère une réelle crédibilité pour accélérer son développement.

Désormais lancé, Airbus dévoile en 1987 son best-seller : l’A320, le premier avion commercial équipé de commandes électriques. Cette prouesse technologique permet aux compagnies aériennes de réduire les coûts d'entretien et facilite le travail des pilotes. Encore aujourd’hui, il s’agit de l’avion le plus vendu dans le monde (plus de 10 000 exemplaires livrés) devant le mythique Boeing 737. Dopé par ce succès et après avoir conquis le court et le moyen-courrier, plus adapté au marché européen, Airbus veut marcher sur les plate-bandes de Boeing en s’attaquant au long-courrier avec l’incontournable A380.

Le cockpit d'un A320 (Crédit : Getty Images)
Le cockpit d'un A320 (Crédit : Getty Images)

3 - L’A380, fleuron industriel mais flop commercial

On dit souvent que les clients ont toujours raison. Pas toujours à en croire l’échec commercial de l’A380. Adoré des passagers pour son gigantisme et son confort, ce véritable "paquebot des airs" n’a pas rencontré le même succès auprès des compagnies aériennes. Ces dernières lui préfèrent des appareils plus faciles à remplir et moins gourmands en carburant. Envoyé dans les airs en 2007 pour concurrencer le légendaire 747 de Boeing, l’avion - capable de faire voyager jusqu'à 850 passagers ! - s’est avéré être l’un des plus gros échecs commerciaux du consortium européen.

Cet avion géant repousse les limites du luxe avec ses cabines privatives de première classe, dont certaines peuvent se transformer en lit double. Un confort jamais vu dans un avion de ligne. Trop grand, trop énergivore en carburant, trop clinquant, trop cher : l’avion n’a pas convaincu les compagnies aériennes. Airbus pensait aussi à tort que ses clients finiraient pas préférer des avions plus grands. "L'une des raisons d'être de l'A380 est en effet la prévision selon laquelle la saturation des grands aéroports internationaux obligerait les compagnies à utiliser des appareils plus gros, faute de créneaux horaires disponibles", relèvent Les Échos.

Quatorze ans après le lancement du premier modèle, le 251e et dernier Airbus A380 a été livré à Emirates, en décembre 2021. Vous verrez malgré tout ces gros porteurs dans le ciel "plus d'une vingtaine d'années encore" puisque ces appareils continuent à être exploités par les compagnies aériennes, Emirates principalement.

4 - Relaxé sur le crash du Rio-Paris

Il y a près de quinze ans, le 1er juin 2009, l'Airbus A330-200 du vol AF 447 opérant la liaison entre Rio et Paris s’est abîmé dans l’océan Atlantique, entraînant la mort de 216 passagers et 12 membres d’équipage. C’est à ce jour l’accident le plus meurtrier qu’ait connu une compagnie aérienne française, en l’occurrence Air France. Sur le banc des accusés avec Air France et jugé pour homicides involontaires, l’avionneur européen a finalement été relaxé par le tribunal correctionnel de Paris le 17 avril 2023, soit près de quatorze ans après les faits. Malgré tout, le tribunal a reconnu des imprudences et négligences de la part de l'avionneur. Airbus n’a par exemple pas imposé de remplacer toutes les sondes Pitot alors que les incidents s'étaient multipliés avant le drame. Lors de ce funeste vol, le 1er juin 2009, les trois sondes de l'appareil avaient gelé. Néanmoins, "aucun lien de causalité certain n'a pu être démontré avec l’accident", entraînant la relaxe d’Airbus et d’Air France.

Une décision qui a provoqué la colère des familles des victimes, malgré une condamnation des deux entreprises sur le plan civil : "Je suis KO. Mon combat, ce n'était pas l'argent. Je ne me suis jamais battu pour ça. Des euros, ça ne me fera pas revenir ma fille. Ma souffrance sera là toute ma vie. Je regrette qu'ils ne soient pas condamnés. On ne peut pas passer outre comme ça. Cet avion est tombé, il n'est pas tombé pour rien donc il y a eu des fautes", avait notamment déploré Michel Mommayou, qui a perdu sa fille dans le crash, au micro de RMC.

5 - Le Maire comparé à Trump à cause d’Airbus

Un ministre en exercice ne devrait pas dire ça. Lors d’une conférence sur l’Europe tenue en mars dernier à Berlin, Bruno Le Maire a ironisé sur les déboires de Boeing qui traverse une (très) longue zone de turbulences. "Au XXe siècle, l’Europe fabriquait les meilleures machines-outils, les meilleurs avions, les meilleures voitures et les meilleurs produits chimiques", a énuméré le ministre de l'Économie français. "Et je préfère désormais voler en Airbus que de voler en Boeing, ma famille aussi, elle tient à moi", a-t-il ensuite plaisanté provoquant des rires dans l’assistance.

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Outre-Atlantique et dans le secteur de l’aéronautique, cette pique n’est pas passée inaperçue. Michael O’Leary, le patron de Ryanair, dont la quasi totalité de la flotte est composée d’avions Boeing, s’est payé Bruno Le Maire dans une interview accordée à Politico en jugeant ses propos "stupides et malavisés" et en le comparant à… Donald Trump. "Nous vivons dans un monde où nous encourageons la liberté d'expression et où Donald Trump dit des bêtises. Bruno Le Maire aussi", a commenté le dirigeant irlandais de la compagnie low-cost qui ne porte pas la France dans son coeur. Il a en outre rappelé les problèmes rencontrés par Airbus avec ses A320neo désormais cloués au sol à cause d’un défaut de fabrication dans les moteurs. Un partout balle au centre.

Michael O'Leary, le patron de Ryanair (Crédit : REUTERS/Nadja Wohlleben
Michael O'Leary, le patron de Ryanair (Crédit : REUTERS/Nadja Wohlleben