Boeing : 5 choses à savoir sur le rival d’Airbus dans la tourmente après la mort d'un ex-salarié

1 - Un ex-salarié lanceur d’alerte retrouvé mort

Dire que Boeing connaît un premier trimestre 2024 cauchemar est un euphémisme. Déjà empêtré dans une série d’incidents concernant ses avions, le géant américain se retrouve une nouvelle fois dans la tourmente. Lundi soir, la BBC nous apprend le décès d’un ex-salarié de Boeing John Barnett. L’homme de 62 ans, retrouvé mort samedi 9 mars en Caroline du Sud, avait travaillé durant 32 ans pour le numéro 2 mondial de l’aéronautique jusqu’à sa retraite, en 2017. Il se trouvait dans cet État dans le cadre d'une action en justice intentée contre Boeing après son départ en retraite forcé pour raisons de santé. "Quelques jours avant sa mort, il avait témoigné dans le cadre d'un procès de dénonciation contre l’entreprise", raconte la BBC. Le sexagénaire était connu pour avoir exprimé à plusieurs reprises ses inquiétudes quant aux normes de production de l’avionneur américain. La thèse du suicide est celle privilégiée par les enquêteurs à l’heure d’écrire ces lignes.

En 2019, il avait déjà alerté les autorités sur le fait que des employés de Boeing soumis à des cadences infernales avaient "délibérément installé des pièces de qualité inférieure sur les avions sur la chaîne de production". Il avait aussi mis le doigt sur de graves problèmes avec les systèmes d’oxygène dans les avions. D’après lui, un masque respiratoire sur quatre ne fonctionnerait pas en cas d’urgence. Boeing a toujours démenti ses affirmations même si un "examen réalisé en 2017 par le régulateur américain, la Federal Aviation Administration (FAA), a confirmé certaines des préoccupations de John Barnett", souligne la BBC. Après avoir pris sa retraite, l’homme s’était mis en tête de prouver ses thèses devant la justice. À l’annonce de son décès, Boeing s’est dit "attristé" et présenté ses condoléances à la famille et aux amis du défunt.

2 - Janvier 2024 : un cauchemar pour Boeing

Boeing traverse une zone de turbulences sévère en ce début 2024 avec une série assez incroyable d’incidents impliquant ses avions. En grande difficulté, l’avionneur américain s’est même refusé à l’exercice des prévisions financières pour l’année en cours, le temps de corriger ses problèmes. Il faut dire que chaque incident d’un appareil Boeing marque les esprits et fait rapidement le tour du monde. Le 5 janvier dernier, lors d’un vol de la compagnie Alaska Airlines, l’une des portes d’un Boeing 737 MAX se détache du fuselage à près de 5 000 mètres d’altitude peu après le décollage. L'incident n'a fait que quelques blessés légers.

Une semaine plus tard, un vol de la compagnie aérienne japonaise All Nippon Airways doit faire demi-tour après qu’une fissure a été trouvée au niveau du cockpit d’un Boeing 737-800. Rebelote le 19 janvier lorsqu’un avion de type Boeing 747-8 affrété par la compagnie Atlas Air prend feu dans le ciel de Miami à cause d’un problème sur l’un de ses moteurs.

Boeing a dû faire face à un quatrième incident entachant sérieusement sa réputation le 23 janvier dernier. Le numéro 2 mondial de l’aéronautique a vu l’un de ses Boeing 757 perdre sa roue quelques secondes avant le décollage. L'avion de la compagnie américaine Delta Airlines devait relier Atlanta à Bogota. Quand ça ne veut pas…

3 - Boeing a participé aux deux guerres mondiales

Tout le monde connaît son nom, moins son prénom. Né à Détroit en 1881, William Boeing, qui a d’abord fait fortune dans le commerce du bois, voit son destin basculer en 1914 lorsqu’un ami lui propose de passer son baptême de l'air dans son avion. Un privilège réservé à une poignée d’élus à l’époque. Pour le trentenaire, le coup de foudre avec l’avion est immédiat. Le 15 juillet 1916 acte le décollage de la compagnie que l’on connaît aujourd’hui. Dès 1917, la Navy lui commande 50 hydravions à l’occasion de l’entrée en guerre des États-Unis. Lors de la Seconde Guerre mondiale, le constructeur participe encore à l’effort de guerre avec ses bombardiers. "Grâce au génie de son fondateur, l'entreprise a été pionnière avec des gammes d'avions célèbres (707, 747, 737 et 787 Dreamliner) et dans l'espace (sonde lunaire, missions Apollo, GPS)", rappelle Le Figaro. Car, en plus de devenir incontournable à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’avionneur participe au programme Apollo qui envoie le premier homme sur la Lune, en 1969. À cette époque où Airbus n’existe pas encore (le géant européen a vu le jour en 1970), Boeing règne dans les airs.

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En 1996, face au succès du constructeur européen Airbus, Boeing fusionne avec McDonnell Douglas et crée un géant mondial civil et militaire. Il s’agit de la plus grande alliance de l’histoire de l’aéronautique et même de la "fusion du siècle" selon certains observateurs. Progressivement rattrapée et doublée par Airbus, la firme américaine a perdu sa place de numéro un au profit de son plus grand rival. Boeing a aussi été mis en difficulté par son avion vedette, le 737 MAX qui a causé la mort de 346 personnes en octobre 2018 et mars 2019 lors des crashs en Indonésie et en Éthiopie. Cloué au sol pendant 22 mois suite à ces deux accidents mortels, l’avion maudit de Boeing a été autorisé à voler de nouveau dans le ciel européen seulement en janvier 2021. Depuis impliqué dans d'autres incidents mineurs, comme celui de la porte arrachée en plein vol début janvier, l'avion fait aussi peur aux passagers. Au point que certains passagers refusent de monter dans cet engin de malheur comme l'a constaté CNN.

Conséquence : le constructeur aéronautique a perdu de l’argent pour la cinquième année de rang en 2023 avec des pertes à 2,2 milliards de dollars. Et au vu des incidents constatés en janvier, l’année 2024 ne devrait pas inverser la tendance.

4 - Un contentieux de 17 ans avec Airbus

Au moment d’évoquer les plus grosses rivalités entre les entreprises, celle entre Boeing et Airbus arrive sans problème sur le podium. À eux deux, ils détiennent environ 90% du marché mondial des avions commerciaux. Cette situation de duopole favorise les rapports houleux et conflictuels. La tension entre l’Américain Boeing et l’Européen Airbus atteint son paroxysme en 2004 lorsque les États-Unis décident de porter plainte devant l’OMC pour dénoncer les subventions illégales versées, selon les Américains, par les gouvernements européens. Bruxelles réplique en portant plainte contre les "subventions massives" touchées par Boeing. Il faudra attendre 17 ans pour voir les deux entreprises déterrer la hache de guerre et mettre fin au différent commercial.

En 2021, les deux parties s’entendent sur une trêve de cinq ans. Cet accord a profondément soulagé les producteurs de vins et spiritueux français frappés d’un droit de douane supplémentaire de 25% sur les exportations vers les États-Unis. Au total, l’organisation mondiale du commerce a autorisé l’administration Trump à infliger 7,5 milliards de dollars de droits de douanes supplémentaires à une liste de produits européens. De son côté, l’UE a surtaxé de 4 milliards de dollars les importations américaines. Mais attention, le conflit n’est pas encore entériné puisque l’accord ne tient que jusqu’en 2026.

5 - Le 747, le premier avion avec deux couloirs

À chaque entreprise son produit emblématique. Apple a l’iPhone, McDonald’s le Big Mac, Ikea l’étagère Billy et Boeing son mythique avion 747. Dans les années 1960, voyager en avion gagne en popularité, Boeing construit alors un appareil capable de transporter bien plus de passagers : le 747 devient le premier avion avec deux couloirs. "Le 747 restera le plus gros avion de transport de passagers sur le marché jusqu'à l'arrivée dans les années 2000 de l'Airbus A380", indiquent Les Échos.

Cet avion, aussi surnommé le "jumbo jet", a volé pour la première fois en 1969 et a permis de démocratiser le transport aérien. Débutée en 1967, la construction du premier 747 a mis à contribution 50 000 salariés de Boeing. Le tout dernier exemplaire du "roi du ciel" est sorti des hangars en 2023, Boeing ayant décidé de stopper sa production. Que les fans de ces avions très gourmands en carburant se rassurent : le 747 volera encore au moins vingt ans puisque Boeing continuera à en assurer la maintenance.