Agressions et guet-apens homophobes sur le site coco.gg: un juge d'instruction saisi

La procureure de Paris, Laure Beccuau, le 14 mai 2024 à Paris (Dimitar DILKOFF)
La procureure de Paris, Laure Beccuau, le 14 mai 2024 à Paris (Dimitar DILKOFF)

Une information judiciaire a été ouverte sur le site de discussions coco.gg, suspecté d'avoir facilité des agressions et des guet-apens homophobes et fermé mardi par les autorités, a annoncé vendredi la procureure de Paris Laure Beccuau dans un communiqué.

Ouverte par les sections financière et cyber de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (JUNALCO) du parquet de Paris, cette information judiciaire porte "notamment sur l'infraction de fourniture d'une plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée", qui fait encourir 10 ans d'emprisonnement et 500.000 euros d'amende, mais aussi "sur le blanchiment des sommes qui en ont été retirées", précise la procureure.

"Le site coco.gg, dont deux serveurs étaient en Allemagne, a été fermé mardi et le nom de domaine a été saisi", rappelle la magistrate.

"La Direction nationale des enquêtes fiscales (DNEF) a procédé à des perquisitions fiscales, et l'Office national antifraudes aux investigations financières. Des comptes bancaires ont été gelés en Hongrie, Lituanie, Allemagne, Pays-Bas. Plus de 5 millions d'euros ont été saisis", a encore annoncé la procureure.

"Un homme de nationalité italienne, né en janvier 1980, soupçonné d'être l'administrateur du site, a été entendu par les magistrats en Bulgarie, avec l'appui des services d'enquête bulgares" et la présence d'un magistrat et d'enquêteurs français, a précisé Mme Beccuau.

"Trois de ses proches, soupçonnés d'avoir exercé un rôle actif dans l'administration de la plateforme ou tiré profit des infractions, ont été entendus en France par les enquêteurs de l'Unité nationale cyber de la gendarmerie (UNCyber), et laissés libres à l'issue de leur audition", annonce aussi le communiqué.

D'après une source proche du dossier, ces interpellations ont eu lieu dans le Gard.

L'enquête préliminaire avait débuté en décembre avec la "centralisation des procédures de 71 parquets, au préjudice de plus de 480 victimes. Au total plus de 23.000 faits ont été dénoncés", précise Mme Beccuau.

Coco.gg était mis en cause dans des guet-apens homophobes, mais aussi pour "faciliter (...) des actes de pédocriminalité, de proxénétisme, de prostitution, de viols, de vente de stupéfiants, de guet-apens, voire d'homicides", avait dit Mme Beccuau dans une précédente communication.

Pour entrer sur coco.gg, qui se présentait comme un "site de chat sans inscription", il suffisait de renseigner son genre, son âge, son code postal et de se créer un pseudo, sans aucun contrôle.

Depuis plusieurs mois, des associations avaient alerté sur le danger qu'il pouvait représenter et ont salué mardi la fermeture du site.

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