Un agent de la DGSI condamné pour avoir détourné l'argent destiné à ses indicateurs

INFO BFMTV-Mediapart. Un agent de la Direction générale de la Sécurité intérieure, la très prestigieuse DGSI, a été condamné à trois ans de prison en 2022 pour détournement de fonds publics. Il aurait accumulé près de 100.000 euros entre 2009 et 2016.

Une affaire au parfum de scandale qui éclabousse le renseignement intérieur français. Un agent de la Direction générale de la Sécurité intérieure, la DGSI, a été condamné à trois ans de prison dont six mois ferme en novembre 2022 pour des faits de "détournement de fonds publics", "faux" et "usage de faux", selon les informations obtenues par BFMTV et Mediapart.

Selon nos informations, ce brigadier de 52 ans a reconnu avoir détourné des sommes en argent liquide destinées "aux sources" de son service: des pirates informatiques recrutés pour infiltrer notamment des sites de propagande jihadiste.

Les investigations menées par les agents de la sécurité intérieure en charge de l'affaire ont établi que le brigadier avait empoché plus de 92.000 euros au préjudice de son service et de nombreuses sources. Des faits commis entre 2009 et 2016.

"Je l'ai rencontré à plusieurs reprises", confie un des hackers contactés par BFMTV et Mediapart. "Il était mon agent traitant. Je touchais de petites sommes allant jusqu’à 2.000 euros"

"Mais j'ai compris ensuite lors de mon audition par l'inspection générale de la sécurité intérieure (IGSI), la police des polices de la DGSI, qu'il avait gardé une bonne partie de l'argent qui m'était destinée", raconte ce hacker.

Un spécialiste de la cryptomonnaie

Selon nos informations, le brigadier s'est servi de faux papiers d'identité afin d'ouvrir un compte bancaire et y verser les fonds volés aux hackers. L'agent incriminé avait accès à ces faux papiers: ils étaient légalement mis à disposition de sa section pour mener des opérations sous couverture.

Le brigadier de 52 ans est décrit comme un spécialiste de la cryptomonnaie. Il est suspecté d’avoir acquis du matériel informatique dernier cri pour miner (créer) des bitcoins. Et faire fructifier le fruit de son larcin: il aurait ainsi accumulé "un magot" de plus d’un million d’euros en monnaie virtuelle.

Ces détournements de fonds ont aussi eu de graves conséquences pour une demi-douzaine d’agents ayant travaillé à ses côtés: certains de ses collègues ont été placés en garde à vue mais n’ont pas été poursuivis dans cette affaire.

Pour autant, ils se sont vu retirer leur habilitation "secret-défense" puis se sont fait pousser vers la sortie manu-militari…

Une enquête ouverte "à l'initiative" de la DGSI

Contacté par BFMTV et Mediapart, le brigadier condamné en 2022 a indiqué "ne pas vouloir revenir sur une affaire qui a été définitivement jugée et qui par conséquent est close".

"Par ailleurs, je ne peux ni infirmer ni confirmer vos informations relatives à mes fonctions passées en raison de leurs natures classifiées qui m'interdisent de les évoquer", a-t-il encore précisé.

Sollicitée, la DGSI a souligné que cette enquête ayant mis au jour les agissements délictueux de son agent avait été ouverte, "à son initiative et au terme de procédures de contrôle interne qu'elle mène de manière régulière en son sein".

En poste pendant près de 20 ans dans ce service d’élite, le brigadier a vu sa condamnation assortie d’une interdiction définitive d’exercer la fonction de policier, d’une amende de 1.000 euros et d'une confiscation d'une berline de marque BMW. Mis en examen à l’été 2020, cet agent a ensuite été placé en détention provisoire pendant six mois, avant d’être remis en liberté.

Article original publié sur BFMTV.com

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