Affaire Lola : TPMP dans le viseur de l’Arcom après des signalements

French television host Cyril Hanouna waits prior to attend the National homage to Charles Aznavour, on October 5, 2018 at the Hotel des Invalides in Paris - Aznavour, 94, was found dead on October 1, 2018 at his home in the southeast, sparking nationwide mourning for an entertainer who sold 180 million records during his eight-decade-long career. (Photo by Christophe Ena / POOL / AFP)

TÉLÉVISION - « Présomption de culpabilité », « procès immédiat », « perpétuité directe »... Après des propos chocs de l’animateur de C8 Cyril Hanouna concernant la mort de Lola, l’Arcom a ouvert une instruction, a indiqué l’institution de régulation des médias (ex-CSA) au Huffpost ce jeudi 27 octobre, confirmant une information du Parisien.

L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique précise avoir été alertée par des téléspectateurs concernant des séquences de TPMP sur l’affaire Lola. Sans pouvoir ni préciser la nature des alertes ni leur nombre, elle indique qu’elle va instruire : « Quand nous sommes saisis, quel que soit le nombre, l’Arcom instruit la séquence. Elle est visionnée afin qu’on détermine d'éventuels manquements au sens du droit. » S’en suivent ensuite des réunions avant qu’enfin le collège de l’Arcom délibère sur le cas.

La mort de la collégienne de 12 ans a touché le pays entier et a été largement récupérée par la classe politique. La droite a particulièrement insisté sur le fait que la principale suspecte, Algérienne et dont le profil psychologique interroge, était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

Cyril Hanouna est un « barbare populiste », juge Sophia Aram

Dans ce contexte tendu, Cyril Hanouna a prôné plusieurs fois l’avènement d’une forme de justice expéditive. Des déclarations « inacceptables » pour le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, interrogé sur C à Vous. « C’est ça la conception que l’on a de l’État de droit dans notre pays ? Monsieur Hanouna dit, ’’ça, c’est l’époque dans laquelle nous vivons, il faut s’adapter à l’époque’’. Mais si c’est le cas, on est tombé bien bas », a ainsi déploré le ministre, « indigné ».

Même colère chez l’humoriste Sophia Aram. Pour elle, Cyril Hanouna « n’est qu’un barbare. Un barbare populiste, joyeux, souvent couillon, mais un barbare au service d’un multimilliardaire dédiant ses antennes aux thèses d’extrême droite », a-t-elle déclaré au micro de France Inter, épinglant au passage Vincent Bolloré, propriétaire de C8.

Face aux critiques, l’animateur star de la chaîne a répliqué et rempilé, fustigeant tous ses détracteurs : « Les bien-pensants, les donneurs de leçons se sont servis de ça pour détourner l’affaire, pour dire que c’était inadmissible de dire ça aujourd’hui. Écoutez, moi je le redis. Pour moi, c’est procès très rapide et perpétuité pour la personne qui a fait ça. » Et de souligner que ses propos sont ceux d’un père de famille ému par le sort de Lola.

Il n’y a que 89 articles dans la Constitution française

Sophia Aram a particulièrement été visée, puisque Cyril Hanouna a assuré qu’il allait signaler sa chronique à l’Arcom. Cette dernière a indiqué au Parisien n’avoir reçu aucune plainte à ce sujet. L’animateur a ensuite invité l’ex-magistrat Claude Butin dans TPMP, qui s’est empressé de prendre la défense de « Baba » : « La liberté d’expression est garantie dans notre Constitution, article 100. C’est écrit dans la loi, à partir du moment vous n’avez pas été injurieux, vous n’avez pas outragé (...). » Le hic : la Constitution ne comprend que... 89 articles.

« Moi je dis bravo le veau », a de nouveau commenté l’humoriste, tout comme de nombreux internautes sur Twitter. Ces derniers ont cependant relevé que l’article 100 de la Constitution lettone faisait bien référence la liberté d’expression. En France, celle-ci est protégée par l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789.

Usine à buzz pour certains, Cyril Hanouna garde néanmoins le soutien des dirigeants de la chaîne. « Cyril est aussi aimé du public pour ses points de vue, parfois tranchés », défend Vincent Pujol, directeur des programmes de C8, interrogé par le Parisien. Une recette gagnante pour les audiences : mardi 19 octobre l’émission a dépassé son record absolu, avec 2 millions de téléspectateurs. Un record réitéré le lendemain.

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