Affaire de la Josacine: la troisième requête de révision de procès rejetée

30 ans après les faits, Jean-Marc Deperrois continue à clamer son innocence. Cet homme, aujourd'hui âgé de 71 ans, a été condamné en 1997 pour la mort, trois ans plus tôt, d'une fillette qu'il a empoisonné par erreur, selon l'hypothèse retenue par la justice, en introduisant du cyanure dans son médicament, la Josacine, donnant son nom à cette affaire médiatique retentissante.

Pour la troisième fois, Jean-Marc Deperrois avait déposé une requête en révision de son procès au terme duquel il avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Pour la troisième fois, sa requête a été rejetée par la commission d’instruction de la Cour de révision. La décision a été rendue le 18 juin dernier, a-t-on appris de source judiciaire confirmant les informations de Paris Normandie.

Du cyanure dans la Josacine

Pour comprendre cette requête, il faut revenir en 1994 à Gruchet-le-Valasse (Seine-Maritime). Le 11 juin, Emilie Tanay, une fillette, est confiée aux Tocqueville dont le fils Jérôme est scolarisé dans la même clase que la fillette. L'enfant souffre d'une rhino-pharyngite et doit prendre du sirop pédiatrique, la Josacine, et de l'Exomuc, une poudre à diluer dans de l'eau. Elle boit le sirop, se plaint de son goût et se rince la bouche en avalant un verre d'eau. Quelques minutes plus tard, l'enfant s'effondre. Transportée à l'hôpital, elle décède deux heures et demi plus tard.

Se pose la question de l'origine de ce décès brutal. Les Tocqueville évoque les médicaments pris par l'enfant, le flacon de Josacine est ramené à l'hôpital. Le soir de la mort d'Emilie Tanay rien ne semble suspect, mais quelques heures plus tard, une infirmière va être intriguée par l'aspect du sirop. Elle débouche le flacon d'où s'échappe une odeur qui va jusqu'à brûler l'oesophage de la soignante. Analysé, le sirop a été mélangé à du cyanure. Dans l'opinion publique, c'est la panique: les familles ramènent massivement les flacons de Josacine en pharmacie.

Peu à peu va s'imposer la thèse de l'empoisonnement accidentel. Sylvie Tocqueville, la mère du camarade de classe de la victime, avait une relation extra-conjugale avec Jean-Marc Deperrois, ancien adjoint au maire à Gruchet-le-Valasse. De par sa nouvelle activité professionnelle, il a accès à du cyanure et en a acheté les jours précédents la mort de la fillette.

Les enquêteurs le soupçonnent d'avoir introduit du cyanure dans le flacon de Josacine, pensant qu'il s'agissait d'un médicament pris par le mari de Sylvie Tocqueville. C'est cette thèse qui sera retenue par la cour d'assises de Seine-Maritime qui le condamne à 20 ans de réclusion criminelle.

Pas d'éléments nouveaux

A l'époque, il n'est pas possible de faire appel d'une décision prononcée par une cour d'assises. Jean-Marc Deperrois et sa défense vont alors porter leur combat devant la Cour de cassation. Son pourvoi est rejeté en 1998, rendant sa condamnation définitive. En 2001, en 2005 et donc en 2023, l'ancien entrepreneur, libéré sous conditionnelle en 2006, dépose une requête en révision de son procès et crie à l'erreur judiciaire. A chaque fois, il motive sa demande sur la base de nouveaux éléments.

Pour cette dernière requête, la défense de Jean-Marc Deperrois a notamment plaidé la grande différence entre le taux de cyanure retrouvé dans le flacon de Josacine et celui retrouvé dans le sang de la fillette. Selon des nouvelles analyses, la concentration de cyanure dans le sirop aurait dû provoquer un décès quasi immédiat. Des résultats qui peuvent alors laisser penser que le cyanure a été introduit dans le flacon de Josacine après le décès de l'enfant.

La commission d’instruction de la Cour de révision n'a pas été convaincue par ces éléments, ne les jugeant pas nouveaux, condition pour ouvrir la voie à un procès en révision. Contactée, l'avocate de Jean-Marc Deperrois n'a pas donné suite.

Article original publié sur BFMTV.com