Affaire Epstein : la justice a fini de publier les documents inédits et voici ce qu’ils disent

La justice a dévoilé cette semaine des documents inédits dans l’affaire Epstein. Le HuffPost fait le point sur ce qu’il faut en retenir.

Des centaines de documents, des milliers de pages, et une affaire tentaculaire. Ces derniers jours, la justice américaine a dévoilé des documents inédits autour de l’affaire Jeffrey Epstein, du nom du financier américain accusé de crimes sexuels mais qui s’est suicidé en prison en 2019 avant d’être jugé. Cette décision a été prise par la juge new-yorkaise Loretta Preska, dans le cadre de la plainte de Virginia Giuffre contre Jeffrey Epstein et Ghislaine Maxwell.

Dans ces pages d’entretiens et d’interrogatoires, qui font écho aux dizaines de femmes qui disent avoir été abusées par Epstein, de très nombreux noms apparaissent. Mais, cela n’implique pas forcément le moindre comportement illégal ou répréhensible des personnes citées. La dernière salve de documents, la cinquième, a été publiée ce mardi 9 janvier.

Ghislaine Maxwell et Jeffrey Epstein étaient en couple au début des années 1990 avant de devenir collaborateurs professionnels. L’ex-mondaine a été reconnue coupable en 2021 de trafic sexuel de mineures pour le compte d’Epstein. L’homme, aux puissants relais économiques et politiques, lui-même accusé d’avoir agressé sexuellement et violé des jeunes filles, a invoqué plus de 500 fois lors de son interrogatoire le cinquième amendement lui permettant de garder le silence.

Des informations sur le système Epstein

Dans les documents dévoilés se trouvent notamment des rapports de la police de Palm Beach qui a enquêté sur Epstein pendant des années. Dans sa déposition, le détective Joseph Recarey expose le « processus » utilisé par Epstein et Maxwell pour recruter des filles et leur imposer des relations sexuelles sous prétexte de massages. Le policier assure avoir parlé à près d’une trentaine de jeunes femmes dont une grande majorité âgée de moins de 18 ans lors de leur « recrutement ». Il leur était demandé, ensuite, à leur tour de ramener des « amies ».

Dans sa déposition de 2016, Tony Figueroa, qui a travaillé comme chauffeur pour Epstein détaillait : « Jeffrey nous donnait 200 dollars chacun pour chaque personne que nous apportions (...) J’avais des amies avec qui j’allais à l’école, je les emmenais là-bas et je les présentais, puis je partais ».

Selon Sarah Ransome, une victime présumée, les jeunes femmes qui se rendaient sur l’île de Jeffrey Epstein recevaient des bikinis et des nuisettes en arrivant. Selon elle, le couple profitait de jeunes femmes fragiles : « Ils emmenaient des filles issues de familles très défavorisées. Ils leur donnaient un logement, de la nourriture, de l’argent pour le transport, vous savez, des avions privés ». Toujours dans sa déposition, elle assure que Ghislaine Maxwell agissait en vrai « maman ours » et que tout passait par elle. Maxwell lui aurait également donné des « conseils » pour « satisfaire » Jeffrey Epstein.

Un employé de la demeure d’Epstein, Juan Alessi a lui expliqué dans une audition vidéo que le tarif était de 100 dollars de l’heure pour les filles. Virginia Giuffre témoigne, elle, d’avoir été payée 15 000 dollars pour avoir des relations sexuelles avec le prince Andrew. Lequel a toujours nié.

Clinton, Trump… Des noms à prendre avec précaution

L’entregent de Jeffrey Epstein lui a permis de rencontrer de nombreuses personnalités de la politique ou du showbiz. Des noms, nouveaux ou pas, parmi lesquels figurent notamment celui des deux ex-présidents Donald Trump et Bill Clinton. Dans aucun des interrogatoires dévoilés, ils ne sont accusés par les victimes présumées d’avoir commis des actes répréhensibles.

Dans une déposition, Virginia Giuffre estime néanmoins que Clinton savait forcément ce qu’il se passait sur l’île. Dans des e-mails avec une journaliste, elle assure par ailleurs que l’ex-président a fait pression sur Vanity Fair pour éviter la publication d’un article sur Epstein, ce qu’a fermement démenti dans un communiqué un ancien cadre du magazine.

Un porte-parole de Clinton a de nouveau assuré que l’ancien président avait bien pris l’avion privé d’Epstein, mais qu’il ne savait rien des crimes du financier et qu’il n’avait jamais visité l’île Saint-James, ni les résidences au Nouveau-Mexique ou en Floride.

Parmi les personnalités qui sont citées comme ayant participé à des dîners chez Epstein, sans qu’elles ne soient là encore accusées de quoi que ce soit : David Copperfield, Heidi Klum, Michael Jackson, Al Gore, ou encore des chefs d’entreprise. Harvey Weinstein est également mentionné en raison d’un appel téléphonique avec Epstein.

Les cas du prince Andrew

Les documents provenant de la plainte de Giuffre contre Maxwell, il n’est pas étonnant d’y voir revenir plusieurs fois celui du prince Andrew. Ce dernier a conclu en février 2022 un accord à l’amiable avec Virginia Giuffre, 40 ans, qui l’accusait de l’avoir agressée sexuellement en 2001 quand elle avait 17 ans et qu’elle se trouvait, selon elle, sous l’emprise du financier américain. Une autre femme assure que le frère du roi Charles lui a touché la poitrine lors d’une photo.

Au cours d’un interrogatoire, Juan Alessi a identifié le prince Andrew comme quelqu’un qui passait « des semaines » dans la propriété d’Epstein et qui recevait des « massages quotidiennement ». Dans une déposition, Viriginie Giuffre raconte avoir été envoyée dans le sud de la France par Epstein et Maxwell vers un individu présenté comme un « prince ».

Cette dernière assure par ailleurs avoir été forcée d’avoir des relations sexuelles avec le patron de Victoria’s Secret Les Wexner, l’investisseur milliardaire de fonds spéculatifs Glenn Dubin, et l’ancien envoyé américain pour la paix George Mitchell. Tous ont précédemment nié ces affirmations. Giuffre pointait également l’agent de mannequin français Jean-Luc Brunel, lequel s’est suicidé en février 2022 alors qu’il était mis en examen pour « viols sur mineur de plus de 15 ans » et « harcèlement sexuel ». Ses avocats réclament désormais une enquête administrative sur les « dysfonctionnements majeurs » de la justice, responsables d’après eux de son suicide.

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