Affaire Depardieu : les stars signataires de la tribune de soutien naviguent entre malaise et rétropédalage

Les ignataires de la tribune de soutien à Gerard Depardieu sont nombreux à exprimer des remords.
THIERRY ROGE / AFP Les ignataires de la tribune de soutien à Gerard Depardieu sont nombreux à exprimer des remords.

CINEMA - Ou l’art de faire marche arrière en essayant de garder la tête haute. Depuis quelques jours, de plus en plus de célébrités ayant signé la tribune de soutien à Gérard Depardieu publiée le 25 décembre dans le Figaro, prennent la parole. Certains tentent d’expliquer leur geste, expriment quelques regrets, voire se rétractent clairement. Aucun ne pensait sans doute que cette « pétition » sur laquelle ils avaient apposé leur nom susciterait une telle levée de boucliers, et un mouvement de contre-tribunes si virulent. Et pourtant.

Affaire Depardieu : une semaine après la déclaration de Macron, le cinéma français se déchire

Le 20 décembre au soir sur le plateau de C à vous, Emmanuel Macron dénonçait la « chasse à l’homme » dont serait victime Gérard Depardieu « acteur au talent immense qui rend la France fière. » Il n’en fallait pas plus pour que les soutiens de Gérard Depardieu se sentent légitimés dans leur prise de parole.

56 personnalités signaient alors un texte, publié le 25 décembre dans Le Figaro, dénonçant le supposé « lynchage » visant l’acteur depuis la diffusion d’un numéro de Complément d’enquête dédié. Parmi elles, Carole Bouquet, Yvan Attal, Nathalie Baye, Patrice Leconte, Fanny Ardant, Charlotte Rampling, Gérard Darmon, Carla Bruni, Jacques Dutronc, Pierre Richard ou encore Jacques Weber.

Depuis, ils sont beaucoup à s’en mordre les doigts - alors qu’on a appris, après publication, que le texte initial émanait de Yannis Ezziadi, proche de figures d’extrême droite, et éditorialiste au magazine conservateur Causeur.

Les personnalités qui retirent leur signature

Ce mardi 2 janvier au soir, l’acteur Jean-Claude Dreyfus a posté un message très laconique sur son compte Facebook expliquant simplement « Comme beaucoup, je me RETIRE de la tribune à propos de Gérard Depardieu » sans plus argumenter cette décision.

Il n’est pas le premier. Quelques heures plus tôt, sur le plateau de LCI, le réalisateur Patrice Leconte lui aussi, expliquait retirer sa signature : « J’ai appris après de qui elle émanait. J’ai été un âne vraiment, et je suis très lucide. Comme disait Brassens, quand on est plus de deux on est une bande de cons », explique-t-il.

Avant eux, le comédien Jacques Weber avait expliqué plus longuement pourquoi il ne souhaitait plus être associé à cette tribune. « J’ai par réflexe d’amitié signé à la hâte, sans me renseigner, oui j’ai signé en oubliant les victimes et le sort de milliers de femmes dans le monde qui souffrent d’un état de fait trop longtemps admis. Ma signature était un autre viol. »

Ce faisant, Jacques Weber répondait aux arguments avancés dans les différentes contre-tribunes publiées dans Mediapart, le Monde et Libération. Des textes ayant réuni jusqu’à 8 000 signataires qui mettent tous en avant l’absence de considération pour les femmes qui accusent Gérard Depardieu de viol et d’agression sexuelle et les victimes de violence sexuelle en général.

Nadine Trintignant elle aussi, s’était désolidarisée de cette tribune après avoir appris qui l’avait écrite. « Je demande aux personnes que j’ai choqué de ne pas m’en vouloir de ma grave erreur » disait-elle dans un entretien exclusif pour Le Point.

Les stars qui se distancient de la pétition en faveur de Gérard Depardieu

Sans se rétracter entièrement, beaucoup ont cependant émis, quelques jours après leur signature, des remords.

Deux éléments principaux ont motivé leur bond en arrière. Pour certains, c’est l’origine même de cette tribune. Carole Bouquet, l’ancienne compagne de Gérard Depardieu a ainsi écrit dans une publication depuis supprimée sur Instagram, être « profondément mal à l’aise d’avoir donné de la visibilité par l’entremise de Gérard à un journaliste dont je ne soutiens pas les idées et valeurs. »

José Dayan, elle aussi a regretté, non pas d’avoir signé, mais « d’être associée à l’initiateur de cette tribune dont j’ignorais l’engagement politique et qui s’est présenté comme un acteur voulant défendre Gérard, me donnant simplement son prénom ».

Pour d’autres, c’est non seulement l’auteur controversé de cette tribune mais également la prise de conscience que leur parole pouvait porter préjudice aux victimes de violences sexuelles.

Charles Berling, Pierre Richard, Robert Alagna se sont tous les trois exprimés sur les réseaux sociaux par le biais de communiqués pour remettre en avant leur soutien aux victimes de violences sexuelles et leur ignorance de l’identité de l’auteur de la pétition.

Une inconfortable prise de position

D’autres de ces personnalités ont tenu à faire une mise au point et à justifier leur signature, sans la renier. Yvan Attal était le premier d’entre eux. Il a tenté dès le 26 décembre sur le plateau de BFMTV de s’expliquer. « J’ai un malaise parce que j’ai signé cette pétition qui ne me va pas totalement, mais je l’ai signée parce qu’il y avait quelque chose de plus fort que ce qui me dérangeait dans cette pétition. »

L’acteur Gérard Darmon a lui avancé en guise de justification sur RTL« Je n’ai pas signé contre les femmes....J’ai une sainte horreur, au-delà de Depardieu, des hordes de chiens, ceux qui frappent un homme à terre, le bashing, l’acharnement ».

Difficile d’établir une liste de ceux qui se sont officiellement rétractés et de ceux qui regrettent tout ou juste partie de leur démarche. Mais la multiplication de ces prises de parole sur les plateaux télé, dans les journaux, ou sur les réseaux sociaux démontre combien les lignes sont floues.

Alexandra Lamy, Lucie Lucas, Muriel Robin, Laure Calamy et toutes les autres personnalités qui se sont engagées dans les contre-tribunes, n’ont elles en revanche, pas signé à moitié.

À voir également sur Le HuffPost :

Macron défend Depardieu, son ex-ministre Isabelle Rome préfère « ne pas faire de commentaire »

Légion d’honneur de Gérard Depardieu : une procédure disciplinaire a bien été ouverte contre l’acteur