Accusé d’“immoralité”, le festival Nyege Nyege aura bien lieu en Ouganda

Un îlot d’enceintes est installé au pied des chutes d’Itanda, dans le sud de l’Ouganda. Du 15 au 18 septembre, entre dix et quinze mille personnes viendront danser sur les bords du Nil Blanc, à l’ouest de la capitale, Kampala.

Pourtant, le festival Nyege Nyege a bien failli tomber à l’eau. À neuf jours de cet événement phare de la musique électronique, où se mélangent artistes locaux, africains, européens et américains, le Parlement ougandais a annoncé son interdiction. La ministre de l’Éthique et de l’Intégrité, Rose Lilly Akello, lui reprochait de “promouvoir l’immoralité”, ainsi que l’a rapporté le quotidien ougandais Daily Monitor.

“Ne venez pas nus”

Les organisateurs ont cherché à faire valoir la manne économique et touristique de leur manifestation. Mercredi 7 septembre, la Première ministre, Robinah Nabbanja, l’a finalement autorisée. Les comportements “vulgaires” sont toutefois bannis. “Ne venez pas nus”, a alors conseillé, dans un trait d’humour, le compte Twitter de Nyege Nyege, cité par le magazine en ligne britannique Resident Advisor.

Le Daily Monitor a réagi avec la même espièglerie. “Le Parlement mérite un prix international pour son opération marketing en faveur du Nyege Nyege”, a raillé le journal de Kampala. Car au lieu de gêner le festival, ceux qui cherchaient à l’interdire lui ont fait une belle publicité à l’étranger.

Un vent d’homophobie

La chaîne américaine CNN s’est par exemple intéressée aux arguments des deux camps. Contrairement au ministre du Tourisme, Martin Mugarra, qui se réjouissait de voir débarquer au moins 8 000 étrangers, certains parlementaires les encourageaient à rester chez eux.

L’événement “va attirer toutes sortes de gens venus du monde entier, ce qui va amener toutes sortes de comportements qui ne sont ni africains ni ougandais chez nous”, a plaidé Sarah Opendi. Cette députée, historiquement opposée au festival, l’accuse de “recruter” ses participants parmi la communauté LGBTQI.

Nyege Nyege a été fondé en 2015 par deux amis vivant à Kampala, Derek Debru et Arlen Dilsizian. “Ils voulaient monter une fête qui pourrait prendre une dimension internationale”, décrit le quotidien ougandais Daily Monitor. Leur projet inclut aujourd’hui un label et un studio, qui servent de tremplin aux musiciens ougandais et, plus largement, africains.

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