Accident de manège: quelles règles entourent les contrôles de sécurité?

Un adolescent a trouvé la mort et une jeune fille de 19 ans a été gravement blessée, dans un parc d'attraction du Cap d'Agde (Hérault) dans la nuit de samedi à dimanche. Ils étaient à bord de l'Adrénaline, une balançoire géante de 60 mètres de hauteur, l'attraction phare de ce Luna Park.

Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de ce drame: défaillance de l'attraction ou accident lié aux rafales de vent? Pour le savoir, les experts vont notamment se pencher sur le dossier technique constitué par l'exploitant. Dans ce dossier, il s'agit des caractéristiques du manège ainsi que les dernières opérations de contrôle, de réparation et d'entretien.

Car la sécurité des attractions est encadrée en France, sur la base d'une loi promulguée en 2008.

"Tous les manèges sont contrôlés régulièrement", affirme Nicolas Lemay, président de la Fédération des forains de France à BFMTV.

Des manèges à sensations fortes contrôlés tous les ans

Ils sont inspectés avant leur ouverture au public, afin d'obtenir un agrément renouvelé tous les cinq ans, nécessaire pour pouvoir exploiter la structure. Puis de manière périodique en fonction de la catégorie des manèges. Soit tous les ans pour les manèges à sensations fortes telles que la balançoire géante en question ou tous les trois ans pour les manèges à sensations limitées (auto-tamponneuses, trains fantômes...) ou les attractions pour enfants.

Ces contrôles sont effectués par un des dix organismes agréés par l'État. Stabilité et calage de l'installation, mécanismes, fixation, soudure, garde-corps ou barrières, circuits hydrauliques ou pneumatiques, nacelles, organes de commande, systèmes de freinage, installations électriques... Tout est contrôlé de fond en comble. Des essais en charges ou des démontages partiels peuvent être demandés lors de ces inspections en fonction du type de structure.

Le maire a aussi le pouvoir d'exiger des documents de nature à vérifier le bon fonctionnement des manèges et d'interdire leur exploitation s'ils jugent que la sécurité du public est mise en péril.

"La sécurité est aussi assurée par les propriétaires des manèges car il y a des vérifications journalières qui sont faites", confirme René Hayoun, président de l'Union intersyndicale des entreprises foraines de France.

"L’environnement du manège doit également faire l’objet d’une inspection chaque jour, plusieurs fois par jour" note le guide de préconisations pour la sécurité des manèges, machines et installations pour fêtes foraines et parcs d'attractions du 18 avril 2016. "Pendant le cycle de fonctionnement, au minimum un opérateur surveille le bon déroulement du cycle et veille à la sécurité des passagers."

Il est aussi indiqué que "des instructions claires doivent être données aux passagers sur la conduite à tenir pendant le tour du manège". Selon un rapport de la Commission des Normes Techniques et de la Sécurité (CNTS) au Canada, daté de 2003, 70 % des accidents sont dûs à un comportement inadapté des usagers.

En cas de réparation, de toute modification effectuée sur un manège, un nouveau contrôle est réalisé par un organisme. De même en cas d'accident. L'attraction Adrénaline de ce Luna Park avait déjà été fermée en 2019 à la suite d'un dysfonctionnement dans une sangle qui avait abouti à une légère blessure à la tête d'un passager. La réouverture de ce manège laisse à penser que les contrôles effectués a posteriori ont permis sa réouverture.

Quelles règles en cas de vents violents?

Un fort mistral, atteignant jusqu'à 80 km/h, soufflait le soir de l'accident au Cap d'Agde. Ces vents violents sont une des pistes envisagées pour expliquer le drame.

"Selon le type d'attractions, les normes constructeurs préconisent l'arrêt des manèges selon une certaine vitesse du vent, souligne Nicolas Lemay. Après, il y a les alertes météo qui sont lancées par la préfecture et qui coordonnent la fermeture des fêtes foraines en cas de grand vent".

En l'occurence, aucun arrêté, ni préfectoral, ni municipal, n'a été pris ce samedi soir.

"Il est vrai qu'il semble avoir eu un problème d'anticipation du vent, déclare René Hayoun. À l'heure actuelle, nous avons des manèges modernes qui sont équipés de système, et qui se ferment automatiquement en cas de grands vents. Mais malheureusement, celui-ci est un manège plus mécanique qui reste à l'appropriation du propriétaire et de celui qui manipule."

Depuis la mort de ce jeune adolescent de 17 ans, une réflexion a été entamée pour réviser les normes en vigueur assure le président de l'Union intersyndicale des entreprises foraines de France. "Il y a une réflexion faite depuis trois ans sur la loi Hérisson (la loi de 2008, ndlr) qui régit la vérification de notre matériel. [...] Aujourd'hui, nous relançons ces réunions de réflexion en commission ministérielle. J'ai eu le sénateur Hérisson au téléphone pour réaménager et réajuster les textes de loi en vigueur."

Article original publié sur BFMTV.com