Accident de car à Puisseguin : quatre mises en examen 8 ans après le drame qui avait fait 43 morts

Les restes du car brûlé impliqué dans l’accident de Puisseguin en 2015, qui avait fait 43 morts.
MEHDI FEDOUACH / AFP Les restes du car brûlé impliqué dans l’accident de Puisseguin en 2015, qui avait fait 43 morts.

JUSTICE - Huit ans après, c’est un nouvel espoir pour les victimes et leurs familles. Quatre mises en examen ont été prononcées les 9 et 10 novembre dans l’enquête sur l’accident de car de Puisseguin (Gironde) qui avait fait 43 morts en 2015, indique l’AFP, ce mardi 12 décembre. Il s’agit là des premières mises en examen dans cette affaire, dont l’instruction a été rouverte en mars dernier.

Deux personnes morales sont concernées : d’une part, la société de transport qui avait affrété le camion impliqué dans l’accident avec l’autocar, et d’autre part, l’entreprise à l’origine de la modification du poids lourd avec la pose d’un réservoir de carburant additionnel.

Deux personnes physiques, les représentants de ces deux sociétés, sont également visées dans cette enquête pour homicide involontaire « par manquement à une obligation de prudence ou de sécurité ».

Un accident très meurtrier

Ces quatre mises en examen interviennent à la faveur de la réouverture de l’instruction sur cet accident de la route, le plus meurtrier en France depuis celui de Beaune en 1982 (53 morts), après que la cour d’appel a infirmé un non-lieu rendu en 2021.

Le drame s’était produit au matin du 23 octobre 2015, quand un semi-remorque s’était déporté sur la gauche au sortir du village de Puisseguin, à l’est de Bordeaux, avant de percuter un car de retraités en excursion venant en sens inverse.

Pris au piège dans les flammes et des fumées toxiques, 41 personnes à bord étaient mortes brûlées vives ou asphyxiées. Huit en avaient réchappé. Le chauffeur du camion et son fils âgé de trois ans étaient eux aussi décédés dans l’accident.

Si des fautes avaient été commises, elles n’avaient pas de lien de causalité direct avec l’accident, estimait en 2021 un juge d’instruction de Libourne dans son ordonnance de non-lieu. L’origine de ce drame était selon lui l’excès de vitesse du conducteur du camion. Aucune mise en examen n’était intervenue durant la procédure.

Des victimes « exaspérées »

Mais la chambre de l’instruction, le 2 mars dernier, a ordonné un supplément d’information. Une commission rogatoire a notamment été diligentée en Allemagne pour de nouvelles investigations sur la conception de l’autocar par le constructeur Mercedes et sa filiale EvoBus.

« Le côté positif, c’est que l’enquête est relancée », a relevé auprès de l’AFP Danièle Gauvin, présidente du collectif des victimes à l’issue d’une réunion avec les avocats des parties civiles mardi soir.

Elle a néanmoins déploré les longs délais de l’instruction, évoquant des victimes « exaspérées » pour ces lenteurs : « On nous avait dit au départ que (ce supplément d’information) risquaient de prendre deux ans. Sur les deux ans, on a déjà mangé un tiers » depuis le mois de mars, a-t-elle déploré.

« Notre persévérance fait qu’on a ces quatre mises en examen mais le bilan (de l’instruction) est un peu maigre au bout de huit ans », a réagi Marie Mescam, l’une des avocates du collectif de victimes de Puisseguin, en faisant part elle aussi de leur « impatience » : « On a besoin d’aller plus vite. »

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