« About Kim Sohee » fait bouger les choses pour les stagiaires en Corée du Sud

« About Kim Sohee » est en salles, en France, depuis ce mercredi 5 avril.
« About Kim Sohee » est en salles, en France, depuis ce mercredi 5 avril.

CINÉMA - Un drame aux répercussions politiques. Sorti en Corée du Sud dans le courant du mois de février, About Kim Sohee, nouveau long-métrage de July Jung (A Girl at My Door) qu’elle a présenté lors du dernier Festival de Cannes, arrive sur nos écrans français, ce mercredi 5 avril.

Son histoire, inspirée d’un fait divers survenu en 2016, nous plonge dans l’enfer du monde de l’entreprise en Corée du Sud, pays à l’économie florissante. Elle est découpée en deux parties.

Dans la première, on suit Kim Sohee (Kim Si-eun), une lycéenne passionnée de danse et de K-pop qui vient de décrocher un stage de fin d’études - passage obligatoire dans le système éducatif sud-coréen - dans un centre d’appels d’une grande société de téléphonie. La pression est forte. L’ambiance et le management, très pesants. Kim Sohee, victime de harcèlement au travail, perd pied et se suicide, malgré ses alertes.

Arrive la seconde partie, celle de l’enquête policière. Elle est menée par une inspectrice du nom de Yoo-jin (Doona Bae), une femme exigeante et pointilleuse qui n’hésite pas à dénoncer les manquements de l’entreprise dans laquelle Kim Sohee était en stage.

Les suicides en Corée du Sud

Une manière, pour la réalisatrice de 43 ans, de pointer du doigt les mentalités en matière d’éducation et de travail dans son pays. « Je me suis demandé comment on avait pu en arriver là, a renseigné la cinéaste à 20 Minutes. J’avais besoin de comprendre les raisons de ce drame rendu d’autant plus révoltant que les responsables n’hésitaient pas à accabler la victime pour se dédouaner. »

Découvrez ci-dessous la bande-annonce :

Après le suicide en 2016 de la lycéenne dont July Jung s’est inspirée, l’entreprise a réfuté toute responsabilité. Le lycée, lui, a continué d’y envoyer des élèves en stage. Seules des révélations sur les conditions de travail dans les centres d’appels de cette société, nous dit La Croix, ont poussé l’entreprise à présenter des excuses. Suite à cela, précise la réalisatrice dans les notes de production, « la loi (concernant les conditions de travail des stagiaires, ndlr) a été modifiée ».

En Corée du Sud, où les taux de suicide sont deux fois supérieurs à la moyenne des autres pays de l’OCDE, d’après le South China Morning Post, la situation a empiré depuis l’épidémie de Covid-19 : 296 femmes âgées entre 20 et 30 ans se sont donné la mort en 2020, ce qui représente une hausse de 40 % par rapport à l’année précédente.

Un projet de loi

July Jung ajoute : « Pour le public coréen, ce n’est ni une parabole, ni une métaphore, rien d’autre que la réalité. » Son but : faire naître des discussions autour de la lâcheté et l’inconséquence des gens.

Et ça marche. D’un côté, les adultes « se sentent très coupables qu’on laisse la jeunesse subir de tels sorts, raconte la cinéaste au site Le Bleu du miroir. Ce sentiment de culpabilité a déclenché un besoin de responsabilité. » De l’autre, « les spectateurs plus jeunes avaient l’impression de se voir, de prendre pour la première fois du recul avec ce qu’ils vivaient eux-mêmes ».

L’impact de son film est tel qu’il a poussé les hommes politiques à s’emparer du sujet une fois de plus. « En fait, ma traductrice me dit de ne pas jouer les modestes, car un projet de loi qui s’appellerait ’Next Sohee’ (en référence au titre original du long-métrage, ndlr) est en train d’être discuté », continue la réalisatrice, toujours dans les colonnes de Bleu du miroir. Il viserait à protéger davantage les stagiaires. Le cinéma contribue à faire avancer les mentalités et About Kim Sohee le rappelle.

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