Abdou Diouf et Abdoulaye Wade à la rescousse de Macky Sall, “un soutien qu’on n’a pas vu venir”

Face à la grave crise politico-institutionnelle que le report de l’élection présidentielle du 25 février prochain a provoquée au Sénégal, les anciens présidents Abdoulaye Wade [2000-2012] et Abdou Diouf [1981-2000] rompent le silence.

Dans un communiqué conjoint qu’ils ont rendu public ce 12 février, et disant s’être entretenus avec le président Macky Sall, ils relaient la promesse de ce dernier de ne pas aller au-delà de la nouvelle date qui a été fixée pour la tenue des élections. Ce qui en soi suppose que les deux prennent fait et cause pour le report du scrutin.

Plutôt surprenant qu’ils entérinent ainsi une forfaiture contre laquelle tous les Sénégalais et une frange non négligeable de la communauté internationale sont mobilisés.

Coup d’État institutionnel

Plus surprenant encore de la part d’Abdou Diouf, dont l’acceptation de la défaite en 2000, face au candidat de l’opposition qu’était Abdoulaye Wade, est décrite comme une étape symbolique dans le cheminement de la jeune démocratie sénégalaise. Se serait-il laissé embarquer par Abdoulaye Wade, dont on sait qu’il est un de ceux qui, tapis derrière les rideaux, tirent les ficelles de cette crise ?

C’est un soutien qu’on n’a pas vu venir. Celui, surtout, de l’ancien président Abdou Diouf au coup d’État institutionnel de Macky Sall. Alors que – fait rarissime – la Cedeao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest], les États-Unis et l’Union européenne appellent tous, dans des termes sans équivoque, au rétablissement du calendrier électoral, ce n’est pas de cet ancien président, acteur de la première alternance politique dans le pays, qu’on aurait attendu une telle attitude.

D’ailleurs, comment expliquer une telle prise de risque, alors même que, au Sénégal, la société civile, la classe politique, les étudiants, les universitaires sont tous remontés et exigent du président Macky Sall qu’il s’en aille du palais au plus tard le 2 avril prochain [date prévue de l’expiration de son mandat] ?

Bien sûr, on ne s’attendait pas à ce qu’un ancien président s’en prenne ouvertement et publiquement à son successeur. En pareille circonstance, tout au plus deux options s’offrent à un ancien occupant du fauteuil présidentiel : discrètement suggérer à Macky Sall d’écouter la voix de la raison ou se tenir dans son coin, à l’abri du débat et des joutes verbales. Mais surtout pas encourager voire avaliser la violation de la loi et la remise en question de tant d’acquis.

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