67% des Français estiment qu'une personnalité condamnée pour une agression sexuelle ne doit plus "exercer son métier"

Un sondage OpinionWay montre que les Français condamnent de plus en plus les violences sexistes et sexuelles dans le milieu du cinéma.

Les Français condamnent de plus en plus les violences sexistes et sexuelles dans le milieu du cinéma. C'est la conclusion d'un récent sondage OpinionWay mené auprès d'un échantillon représentatif de la population de plus de 18 ans et dévoilé ce dimanche 18 février dans les colonnes de La Tribune Dimanche.

Selon cette enquête, 60% des personnes interrogées approuvent que des "gestes déplacés" puissent donner lieu à des accusations ou à des plaintes tandis que 50% des sondés estiment qu'il n'est pas acceptable de financer ou de récompenser un film dont l'un de ses acteurs ou son réalisateur a été accusé de viol.

50% des sondés estiment qu'un acteur ou réalisateur accusé de viol ou d'agression sexuelle doit être interdit de travailler avant d'être jugé et condamné. Et 67% des sondés estiment enfin qu'une personnalité publique condamnée pour une agression sexuelle ne doit plus "exercer son métier une fois sa peine purgée ou accomplie".

"Sévérité d'une grande partie des sondés"

En revanche, seulement 45% des sondés considèrent qu'il ne faut plus diffuser à la télévision un film lorsque l'un de ses acteurs ou son réalisateur a été accusé, et non condamné par la justice, pour viol. Et 42% des sondés pensent qu'il ne faut pas sortir un film dont l'un de ses acteurs ou son réalisateur a été accusé de viol.

Ce sondage conçu dans la lignée des accusations de Judith Godrèche à l'encontre des réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon révèle, selon la politologue Chloé Morin à l'origine du sondage, la "sévérité d'une grande partie des sondés envers les hommes accusés" et met "à mal la présomption d’innocence."

Interrogée sur les bouleversements que connaît le cinéma français, reflétés par ce sondage, Danièle Thompson a estimé dans La Tribune Dimanche qu'il était "absolument indispensable que les personnes qui ont été violées, agressées, abusées, menacées" puissent "parler et (d'être) entendues".

"Contextualiser les choses"

La doyenne des réalisatrices françaises dit cependant s'opposer à la cancel culture, qu'elle juge "problématique": "Je suis révoltée à l'idée que l'on puisse toucher à la littérature, empêcher la diffusion des films. Il faut plutôt réfléchir à une façon de contextualiser les choses, d’éduquer, de discuter."

Et de conclure: "Concernant les nouvelles règles des Césars, je pense qu'interdire à un mis en examen d'être récompensé peut être problématique. C'est une atteinte à la présomption d'innocence. L'Académie des Césars ne doit pas se substituer à un tribunal."

Dans la foulée des mises en cause de Gérard Depardieu fin 2023, le cinéma d'auteur français est contraint à l'introspection après les accusations d'emprise et de violences sexuelles lancées par des actrices contre des réalisateurs respectés qui ont selon elles bénéficié de la complaisance d'un système dans les années 1980-1990.

Article original publié sur BFMTV.com

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