Ce 49.3 était-il bien raisonnable ?

Ce 49.3 était-il bien raisonnable ?

Au lendemain de l’annonce faite par Élisabeth Borne face à l’hémicycle en ébullition, nous n’avons pas vu beaucoup de mains se lever dans la presse internationale pour répondre par l’affirmative. Il n’est pas impossible, aussi, que les montagnes d’ordures accumulées sur les trottoirs arpentés par les correspondants dans la capitale française aient quelque peu accentué leurs propos.

Mais vendredi, l’écho de l’étranger à la semaine politique en France ne laissait pas beaucoup de doute. La suite du mandat s’annonce difficile. Ce qui est une bien mauvaise nouvelle pour les Français, à l’Élysée comme dehors. Et on s’inquiète aussi en Europe, où on s’est brusquement rendu compte qu’il s’agirait, en cas de paralysie en France, quand même de quatre années à attendre de meilleurs jours.

Techniquement, les réactions ont couvert un spectre assez large : du plus indigné (le Tagesspiegel allemand, qui a appelé à la suppression du 49.3 et à une réforme constitutionnelle) au plus proréforme (le Washington Post américain, qui a soutenu que, malgré les protestations, des réformes à la Macron sont nécessaires, et pas seulement en France). Mais la grande majorité pointait les risques de la politique en cours.

L’article qui a particulièrement marqué la semaine vient de la presse allemande, encore. Il s’agit d’un commentaire paru sur Spiegel Online écrit par son correspondant en France, Leo Klimm. Publié une bonne semaine avant le jour J à l’Assemblée nationale, le journaliste spécialiste de l’économie y annonçait déjà l’échec du réformateur Emmanuel Macron. Sur assez peu de signes, tout – ou presque – y est : l’ambition de 2017, la réalité de 2023, et l’écart entre les deux révélé par la réforme des retraites.

“Il fut un temps où le président promettait de si bien réformer la France – y compris sa culture politique, son système social et son économie – que la fracture sociale et la montée de l’extrême droite de Marine Le Pen ne devaient plus être que de lointains souvenirs”, écrit-il. Au lieu de cela, aujourd’hui, l’obstination présidentielle gâche l’énergie politique du pays, qui ne s’attaque pas aux urgences : l’hôpital, le chômage des seniors, les institutions démocratiques. “Impardonnable”, estime le journaliste. “À quoi joue Macron ?”

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